Gohrgone - Fulgur Imperii
Chronique
Gohrgone Fulgur Imperii
Fêtant en ce moment ces dix ans d’existence le combo Parisien s’est progressivement fait un nom sur la scène hexagonale à la force du poignet et de disques impeccables, où son Death Metal tout en sobriété a pris pour habitude de balancer des parpaings dans la tronche, sans excès sonores ni surenchère technique. Continuant avec ce qui a fait sa réputation il revient avec son quatrième album (dans la droite ligne des très bons
« Finis Ixion » et
« In Oculis »), le premier sous la forme d’un quatuor vu qu’il a été décidé de ne pas remplacer dans l’immédiat Johan Bijaoui… ce qui va n’avoir finalement aucune influence sur l’habituelle qualité musicale de l’entité. En effet nulles surprises ne sont à attendre ici vu qu’on y retrouve les mêmes éléments typiques de la bande surtout durant la première partie de cet opus, qui va parfaitement faire le job et enchaîner accélérations redoutables épiques et passages écrasants qui annihilent toute volonté de résistance. Car le fait de se retrouver à un seul guitariste n’a eu absolument aucun impact sur la puissance du groupe, qui y gagne même en force de par l’apport substantiel de la basse qu’on ne cesse d’entendre dans le mixage et amène une profondeur supplémentaire et de la chaleur en bonus.
Ce point va s’entendre dès la fin de l’introduction orageuse avec l’arrivée du syncopé et groovesque « Father Of A Coming God » qui sert de parfait condensé de ce à quoi on a l’habitude avec les franciliens, vu qu’ils nous sortent toute leur palette technique où l’on a envie de secouer la tête au milieu de gros riffs bien massifs et de passages tribaux écrasants. Cela sera aussi le cas du court et redoutable « Ultimate Patricide » qui remue à mort, à l’instar du sombre et lumineux « Divine Incest » qui joue sur les deux tableaux et clôt un premier cycle parfaitement réussi au classicisme affirmé mais impeccable. Et puis une fois l’interlude (« March Of Zeus ») passé le rendu va prendre une tout autre ampleur, à la fois au niveau de la durée qui va se rallonger comme au sein de l’écriture qui va offrir une densité rarement entendue auparavant chez les gars, et ce dès les premières notes de « Poisoned Gift ». Offrant ici un éloge de la lourdeur bienvenu et pénétrant cette plage légèrement atmosphérique va pourtant voir défiler tous les tempos possibles, et ce bien que tout reste incroyablement écrasant de par le jeu des instruments accordés très bas et d’un frappeur qui sait se faire discret afin d’offrir un mur sonore très noir mais d’où la lumière semble vouloir émerger. Pourtant celle-ci ne va faire qu’une courte apparition au sein de cette ambiance générale, vu qu’elle disparait dès le titre suivant (« The Sacred Torchbearer ») qui mise sur le bridage en règle et quasiment intégral, et crée ainsi un rendu suffocant et impénétrable qui prend l’auditeur en étau sans jamais le lâcher jusqu’à l’ultime seconde. En effet si cette compo est probablement la plus massive de tout ce long-format la doublette qui va conclure les hostilités va garder cette force d’attraction et ce ressenti de vide intégral autour de soi… comme va le dévoiler l’excellentissime « Storm Of Defeat ». Remettant sur le devant de la scène la traditionnelle alternance entre accélérations et ralentissements, il va également laisser le temps aux longues plages instrumentales de se dévoiler entièrement et ainsi offrir un voyage tortueux et mystique auprès des Dieux de la Grèce antique.
Celui-ci va d’ailleurs s’achever avec la pièce-maîtresse de cette galette le bien-nommé « Return To Chaos » à l’attractivité incandescente et au feeling de tous les instants, où se mêlent des accents guerriers sur fond d’ambiances stellaires où la glace extrême côtoie un vivier plus chaud où la pression monte progressivement grâce notamment à un dynamisme de haute-volée (Christophe Lacombe derrière son kit se fait franchement plaisir en se lâchant totalement et offrant un rendu d’une grande densité à la fois classique) et qui sort légèrement des sentiers battus, même si ça reste balisé histoire de ne pas perdurer l’auditoire et surtout d’éviter la sortie de route dommageable. Heureusement cela n’arrive jamais et à l’instar de ses précédentes réalisations la formation offre une réalisation impeccable et sans faute de goût qui s’écoute facilement, et qui est sans doute la meilleure jamais réalisée à ce jour par ses soins. Continuant son petit bonhomme de chemin et son parcours à travers le Styx, le Royaume d’Hadès et les lieux emblématiques de Zeus, Poséidon et tant d’autres… le quartet signe une œuvre toujours aussi moderne dans l’esprit (et le son), cohérente et fluide qui passera facilement le cap des écoutes sans y perdre en attractivité. Cela est donc la preuve de sa redoutable efficacité confirmant aussi que GOHRGONE est bel et bien parmi les meilleurs rejetons de la scène extrême nationale, et qu’il mérite clairement une meilleure exposition et reconnaissance qu’il n’en a actuellement… chose qui ne devrait pas tarder à changer, du moins espérons-le !
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