Pathogen - Obscure Deathworship
Chronique
Pathogen Obscure Deathworship
On évoque que trop rarement le nom des Philippines lorsqu’il est question de metal en général, ou de death en particulier. Pourtant, c’est une grave erreur que d’ostraciser cette scène qui cache en son sein d’excellentes formations. Parmi celles-ci, Pathogen fait figure de vétéran, car fondé en 2001 quand même, ainsi que de modèle car parmi les premiers groupes de ce pays d’Asie du sud-est à faire résonner son patronyme hors de ses frontières.
Son secret réside en trois mots : talent, travail, abnégation. Ces trois qualités sont indispensables lorsqu’on a pour objectif d’élever son groupe au-delà des contingences habituelles, telle que devenir une gloire locale. Beaucoup de travail pour repartir de zéro, ou presque, lorsque votre section rythmique met les bouts. Et une sacrée putain de force d’abnégation pour faire fi de tous les tracas financiers ou personnels pour maintenir la tête hors de l’eau, notamment lorsqu’une pandémie réduit à néant vos espoirs de tourner, tout autant qu’elle met sur le carreau plusieurs de ses membres.
C’est sans doute cela qui donne sa couleur à la musique du groupe : ici, la colère est réelle, et la noirceur partie intégrante du panorama. Pourquoi se forcer à être vénère et dark quand votre propre existence se pare de ce triste genre d’atours ?
Auteur d’un nombre incalculable – ou presque – de sorties (vous pourrez en juger par vous-mêmes dans l'interview jointe), Pathogen met constamment en avant son amour des musiques extrêmes, death metal en tête, mais aussi l’amour du travail bien fait.
Aussi productif qu’un « Beatles » des Ténèbres, il conjugue à merveille science du sacro-saint riff et qualité d’écriture constante, ce qui n’est souvent que gageure dans ce type de musique ultra-balisé. Evidemment, on pourra pointer çà et là, quelques redondances : les parties lentes sont systématiquement couplées à des accélérations foudroyantes, ou les emprunts (certains diront clins d’œil) très appuyés du côté du Morbid Angel qui officiait de ’89 à ’95.
Cela étant, ces saines inspirations sont uniquement mises à profit pour la musique et non pour se faire mousser auprès de prétendus ainés. Et j’aime autant vous dire que les réussites sur cet album sont nombreuses, bien plus que ce que je pourrais en dire, sauf à vouloir rédiger des chroniques longues comme le zizi de Rocco. Parmi les morceaux figurant en tête citons en vrac : le morceau-titre se ramenant sur un mid-tempo venimeux à souhait, « Deliverance From Existence… », plus long titre au propre comme au figuré – ce riff à 2’22 mes aïeux ! j’en passe et des meilleurs.
Ainsi, même si l’ombre de l’Ange plane très souvent au-dessus de la tête de Willie et de ses sbires (le solo du morceau-titre, que n’aurait pas renié sire Azaghtoth, l’ambiance générale ou le chant de Willie Desamero justement), le groupe n’hésite pas non plus à ralentir le tempo et ouvrir une chanson sur une intro au clavier (« Ashen Reality »), ou faire rugir les twins guitars sur « Acrimony » tel un Maiden de l’enfer (et accessoirement sur un des titres qui défouraille le plus d’entrée de jeu) ; l’attaque est hyper-speed et le blast singulièrement puissant.
Voici donc un album qui n’entend pas révolutionner le petit monde du death, mais qui écrit et joue sa musique comme si sa vie en dépendait, ce qui est quasiment le cas. Richesse des titres, qualité d’exécution, inspiration jamais prise au dépourvue…Pathogen est typiquement le genre de groupe qui mérite, qui DOIT, percer en France et en Europe, au pire de laisser passer sous votre nez un des meilleurs groupes que l’underground asiatique n’a jamais offert.
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