Father Befouled - Obscurus Nex Cultus
Chronique
Father Befouled Obscurus Nex Cultus
Parmi les innombrables monstruosités engendrées par la reine-mère Incantation qui peuplent les tréfonds des Enfers, Father Befouled n'est pas sa progéniture la plus frêle. Au contraire, elle se range plutôt dans ce qui se fait de mieux en la matière (noire). Pourtant, le combo de Chicago ne blasphème que depuis trois ans mais son activité anti-chrétienne s'est faite débordante depuis sa création puisqu'une démo, un full-length, un EP et deux splits ont déjà décimé les rangs des culs-bénits. Et ce Obscurus Nex Cultus, sorti en 2008 via la chorale GasMask Productions est sans doute son exaction la plus redoutable.
Composé par le duo Ghoat (chant/guitare) et Wolxum (basse/batterie), l'opus a en fait été intégralement enregistré par son maître à penser, Ghoat. Et le bonhomme a fait un sacré boulot! La production crue mais puissante n'aurait pu mieux coller à la musique et l'ambiance soufrées que la pochette macabre annonce explicitement. Il n'y a qu'un souci, la batterie. Elle sonne trop mécanique et manque de feeling, à tel point que même si ce n'est pas vraiment indiqué dans le livret, il peut s'agir d'une boîte à rythme. Pour le reste, rien à redire, on est plongé dès les premières secondes dans un monde ténébreux et bouillonnant. Father Befouled semble n'avoir pour but qu'un hommage poussé au grand maître Incantation période Mortal Throne Of Nazarene. On repassera pour la personnalité ou l'originalité mais tout ce qui fait l'essence même de la branche evil du death metal est concentré sur ces trente-cinq minutes. Rarement ai-je entendu clone si doué.
L'analyse de la musique de Father Befouled n'en est que plus aisée. Le groupe n'a aucun intérêt pour quelconque démonstration technique, préférant mettre l'accent sur une atmosphère blasphématoire de tous les instants. Et quelle putain d'ambiance! La recette est connue: le groupe alterne passages (presque) blastés rapides et bourrins composés de riffs evil à mort à des séquences doomy lentes et écrasantes qu'une basse laissée libre alourdit davantage. Ca le fait méchamment! Deuxième problème après la batterie toutefois: Father Befouled a tendance à reproduire systématiquement ce même shéma, rendant le tout un peu trop prévisible. De plus, les changements de rythme sont parfois trop abrupts et mal amenés, créant un manque de fluidité. C'est en fait mon principal reproche devant la batterie mais les riffs, l'ambiance et le rendu général sont tellement jouissifs que je ne peux me permettre de mettre moins de 8.5/10. Non mais écoutez moi ces trucs de dingues tel ce riff à la fois bouillant comme le Styx et glacial comme la mort au début de “Idolatry Of Cursed Revelation”, les riffs d'intro plus-evil-tu-meurs sur “The Golden Rivers Of Heaven (Baptized In Piss)” et “For Eternity, The Path Of Pestilence” ou le début d'une noirceur abyssale de “Beneath The Spires Of Nocturnal Temples / Defiling Creation”, gros pavé final de dix minutes qui ne souffre que d'un côté un peu répétitif dû à une longueur excessive. C'est du même ordre que la gigantesque “Abolishment Of Immaculate Serenity” de la bande à McEntee! On perdrait presque la raison dans cette spirale tourmentée qui semble ne plus finir de s'enfoncer. Et que dire de la voix de Ghoat qui singe à merveille celle de Craig Pillard? Caverneux, profonds, inhumains, ses growls semblent tout droit sortis des profondeurs de la Géhenne et en rajoutent une couche en matière de blasphème. Tout comme ces harmoniques sifflées que la formation US utilise sans modération sur les passages lents, un peu trop d'ailleurs. Ou les samples (“Enthroning Desolation”, “Excrement Pastorous”, “Consecrate The Iconoclast”) que Father Befouled, à la manière de Dead Congregation et ses chants orthodoxes, prend un malin plaisir à profaner par des "blasts" (c'est rapide mais pas assez pour en être tout à fait) sans pitié et des riffs infernaux. C'est un vrai régal sur “Consecrate The Iconoclast” et sa belle chorale chantant “The Old Rugged Cross” distordue, stoppée par un there is no God implacable puis violée par des blasts et des riffs impitoyables. Effet garanti! Que du classique mais c'est tellement bandant, comment ne pas adorer? La seule touche "surprenante" d'Obscurus Nex Cultus se trouve sur le final acoustique de l'instrumental "Excrement Pastorous". Magnifique, limite mélancolique!
On a beau sentir les influences à trois kilomètres, Obscurus Nex Cultus est une perle de death metal sombre et blasphématoire. Ce, malgré les petits défauts qui l'empêchent de devenir un classique instantané (batterie, prévisibilité...). Pas aussi classe qu'un Dead Congregation fer de lance de cette nouvelle vague de disciples du Cornu mais plus crasseux, Father Befouled est bien plus qu'un énième clone d'Incantation. Indispensable pour tous les fans du genre!
| Keyser 4 Avril 2010 - 2248 lectures |
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