Beaucoup de groupes ont essayé de marcher dans les pas du grand Incantation mais peu y sont vraiment arrivés. Father Befouled fait partie de ces groupes qui ont su se montrer dignes du Maître en restituant à merveille cette ambiance blasphématoire et soufrée qui fait pénétrer Satan dans la moindre de vos cellules. Et ce dès son premier album
Obscurus Nex Cultus en 2008. Malgré ces débuts exemplaires toutefois, les sorties suivantes, bien que tout à fait acceptables, n'égaleront pas le full-length, marquant plutôt une baisse constante d'inspiration. J'espérais toutefois que la signature des Américains sur Relapse Records (ironique quand on pense que le label avait jarté Incantation comme des malpropres au début des années 2000 pour recruter plutôt des combos expérimentaux, le death metal ne faisant plus recette; maintenant c'est la mode alors on suit le courant, lamentable!) allait redonner un coup de boost à la bande de Ghoat. Surtout que le bonhomme a su s'entourer d'autres adorateurs du Malin puisque Father Befouled compte désormais quatre adeptes: le guitariste Ghoul, le bassiste J. Kohn et le batteur Elektrokutioner aux mille projets old-school (Decrepitaph, Beyond Hell, Encoffination, Tombstones, etc.) qui remplace le suicidé Antichristus. Malheureusement, ce n'est pas vraiment le cas...
Rien n'a changé et c'est un peu le problème. Father Befouled tourne ainsi dangereusement en rond. Je parlais de coup de boost, c'est plutôt un coup de pied au cul qu'il leur faudrait pour qu'ils innovent un peu au lieu de juste faire du Incantation worship. Parce que de boost, le quatuor n'en a clairement pas besoin.
Morbid Destitution Of Covenant ne manque en effet pas de parties rapides. Ça bourre très souvent et ça ne fait pas semblant. Pas tout à fait de blasts mais ça ne traîne pas la patte pour autant, avec des riffs evil à mort, notamment sur les intros de "Sacrilegious Defilement (Of Deranged Salvation)", "Sulfurous Majesty Above Man", "Testament Of Unholy Essence" et "Christless Mass". En fait, Father Befouled c'est soit ça bourre, soit ça écrase! Et heureusement d'ailleurs parce que ces séquences brutales sont à la limite de la banalité, sur-utilisées par des milliers de groupes depuis des années, sans grand génie pour les démarquer et du coup vite lassantes. Le groupe a clairement perdu de sa superbe et sonne désormais beaucoup plus communs parmi tous les clones de la horde de McEntee. L'ambiance blasphématoire est bien là mais c'est moins bien foutu qu'avant. Autre exemple qui tombe à plat, l'outro "Now Desecrated...", 7 minutes de chants d'Église sur des nappes discrètes d'orgue et un grondement sourd dans le fond. Beaucoup trop long et bien moins prenant que chez Dead Congregation!
Sur les parties doomy par contre, le combo US conserve le feu sacré et elles restent de loin les moments les plus intéressants de ce
Morbid Destitution Of Covenant qui sans elles n'aurait pas dépasser la moyenne. Ce sont elles qui apportent la meilleure ambiance par une lourdeur et une noirceure délectables. Écoutez moi ce "As Reverence Descends" qui sert d'introduction à "Paradise Of Desecrated Nothingness" ou l'instrumental "His Divine Pestilence", on croirait la bande-son de la fin du Monde! Father Befouled s'en sort également très bien sur quelques autres éclairs de génie comme le solo magnifique de "Testament Of Unholy Essence" à partir de 2'21, limite planant et qui apporte enfin de la variété, ou encore le début de "Vomiting Impurity" avec à nouveau un solo savoureux sur un riff énorme à la Grave Miasma. Là c'est du grand art et ça nous fait regretter que la formation d'outre-Atlantique n'utilise que trop rarement leads et solos qui pourraient pourtant tant apporter à ses compositions! On n'aurait ainsi bien troqué la sur-abondance d'harmoniques sifflées vite irritantes contre deux-trois solos de plus. Les qualités de Father Befouled ne s'arrêtent toutefois pas là et on appréciera comme toujours la voix de Ghoat, imitation quasi parfaite du growl caverneux et profond comme les Abysses de Craig Pillard. Jouissif!
Vous le voyez, le bilan s'avère mitigé avec d'un côté des passages excellents et une ambiance dark et evil ultra prenante, et de l'autre des séquences beaucoup plus convenues.
Morbid Destitution Of Covenant nous viendrait d'un tout jeune groupe, j'aurais applaudi en le qualifiant de prometteur mais pour Father Befouled, formé en 2007 mais auteur déjà de nombreuses sorties,le côté redondant et limite générique de l'opus me fait grincer des dents. Que voulez-vous, quand on met la barre si haut dès le début, il faut savoir garder le même niveau par la suite. Il s'agit donc bien d'une déception de la part d'un groupe que je considérais il n'y a pas si longtemps comme l'un des meilleurs clones d'Incantation...
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