Il y a plusieurs façons de se planter et de passer à côté de ce groupe fantastique qu'est ANNIHILATOR. La première est de penser qu'avec un nom pareil, on ne peut avoir affaire qu'à un groupe de death bas du front tout juste bon à imiter le bruit d'un motoculteur.
La seconde consiste à tomber sur le mauvais album (on trouve de tout dans leur disco, du menu terroir au burger faisandé, mais surtout du caviar) au mauvais moment (si vous êtes en plein revival gore-grind, revenez plus tard !). Pour ne rien arranger, le combo canadien a multiplié les changements de line-up au cours de sa longue et prolifique carrière. Pas moins de six chanteurs se sont succédés derrière le micro tandis que maître Waters s'amusait à brouiller les pistes instrumentales en orientant son ANNIHILATOR sur des rives heavy rock ou indus peu affriolantes. Compte tenu de la discographie conséquente de ce vétéran de la scène thrash, mieux vaut prendre le groupe par le bon riff : les dernières sorties en date (All for you et Schizo deluxe, tous deux excellents) ou les cultissimes premiers albums, "Alice in hell en tête".
Sorti au crépuscule des années 80, "Alice in hell" a fait un carton avec plus de 250 000 exemplaires écoulés à travers le monde. Plus qu'un TESTAMENT qui tarde à confirmer les espoirs placés en lui, ANNIHILATOR est alors considéré comme l'outsider le plus sérieux de METALLICA. Alors que la bande à Hetfield n'en finit plus de marquer le monde de son empreinte, le groupe de Jeff Waters creuse le même sillon que "Ride the Lightning", le chef d'œuvre des Four Horsemen. Il faut dire que le combo canadien compte en ses rangs un guitariste extraordinaire, capable d'enterrer les meilleurs artificiers du genre. Alignant des compositions agressives (l'héritage du thrash, voire du death lorsqu'on écoute les premières démos du groupe) mais puissamment mélodiques, "Alice in hell" synthétise le meilleur du heavy thrash d'hier ; on y trouve des solos de dingues labellisés METALLICA/EXODUS, une rythmique sous influence de JUDAS PRIEST et SLAYER, ainsi qu'une forte propension à la surenchère de riffs comme chez Mustaine, pardon, MEGADETH !
Avec pareil contenu, on aurait pu s'attendre à un chant haut perché façon FORBIDDEN ou DEATH ANGEL mais il n'en est rien ; Jeff Waters fait appel au hargneux Randy « redneck » Rampage pour les vociférations thrash, son chant venimeux et rampant faisant ici merveille.
L'album débute par un instrumental somptueux, "Crystal Ann", une incitation au voyage et à la rêverie qui introduit de la meilleure manière le classique absolu du groupe. Dès les premières mesures de "Alison Hell", Waters et ses sbires tissent la trame d'un univers musical tour à tour féerique et démoniaque, une fantasmagorie sonore évoquant implicitement Lewis Carroll et son Alice in wonderland. De ce va et vient continuel entre le ciel et l'enfer émerge un parc d'attraction hybride, un Disneyland dégénéré ou Donald finirait en broche et Minnie débitée en fines lamelles (ouais, j'aime pas trop Minnie) pour servir de hors d'œuvre aux goules et autres créatures cauchemardesques.
Tout ANNIHILATOR ou presque est résumé en un seul titre d'enfer ; un intro à la guitare acoustique aussitôt suivi d'une rythmique en béton, des leads à la virtuosité effrayante, plus de breaks que dans un match Safin-Santoro et surtout cette science quasi chirurgicale du riff tueur, de ceux qui marquent votre allégeance au métal et vous hantent jusqu'à la dernière pinte.
Bien lancé par un mid-tempo ravageur, le space mountain canadien donne alors la pleine mesure de son potentiel sur les morceaux suivants, quatre titres speed qui mettent en valeur le jeu subtil du batteur Ray Hartmann, qu'on retrouvera sur
"Never, neverland" et plus tard
"Carnival diablos". Monstres de virtuosité technique, "Word salad" et "Schizos are never alone" finissent de convaincre qu'on est pas au pays des manchots mais bien celui des caribou enragés, ceux qui chassent le trappeur en chemise à carreaux toutes dents dehors.
Après 7 premières attractions à couper le souffle, la machine de guerre donne toutefois quelques signes d'essoufflement en fin de parcours. De bonne facture, "Ligeia" et "Human insecticide" n'atteignent pas le niveau de perfection d'un "Alison hell" ou d'un "Wicked mystic".
Un légère baisse de régime sans conséquence pour un classique instantané, un remarquable coup d'essai très vite transformé par le chef d'œuvre à venir, l'immense
"Never, neverland".
N.B. Pour ce qui est du son, "Alice" a goûté aux remasters de Roadrunner comme les premiers OBITUARY, ce qui rend son acquisition d'autant plus indispensable !
5 COMMENTAIRE(S)
07/02/2011 09:30
19/02/2007 07:13
18/02/2007 21:11
ps: sinon juste un détail, est-ce que tu pourrais mettre les titres d'album ou de chanson entre guillemets, c'est plus clair.
18/02/2007 18:34
Ca change de voir des albums des années 80
18/02/2007 16:06
Bonne kro en tout cas ! Je ne connais d'Annihilator qu'un titre sur un sampler mais cette review me donne envie d'en connaître d'avantage!
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