Je me rends compte que j'affectionne de plus en plus le format EP (ou plutôt MCD), même de groupes bien établis. Si auparavant je ne m'en souciais guère, j'y accorde désormais une plus grande attention. Bien sûr, les "full-length" resteront toujours plus pertinents pour juger la musique d'un groupe et plus importants dans une carrière. Toutefois, la durée courte permettant davantage d'écoutes quand le temps manque et la qualité plus souvent au rendez-vous que sur un album complet plus périlleux font que je ressens une attirance croissante pour l'exercice. Cela n'arrange pas mes affaires à une époque où l'on croule déjà sous les sorties d'albums ! Et voilà maintenant que je me sens obligé de revenir sur des EP sortis depuis un moment et dont je n'avais pas parlé. À croire que j'aime me rajouter des difficultés !
Retour donc en mai 2019 quand ce
Holy Rotten Blood paraît sur Dark Descent Records. Celui-ci faisait suite au très bon
Desolate Gods qui m'avait réconcilié avec Father Befouled dans lequel je ne croyais plus après deux albums de plus en plus décevants alors que
Obscurus Nex Cultus reste à ce jour un des tout meilleurs hommages à Incantation. De quoi confirmer ou non la renaissance des Américains. La belle pochette sobre et classe d'Alex Shadrin, qui avait fait du bon boulot pour
Desolate Gods, ainsi que le nom de Dan Lowndes (Cruciamentum) qui apparaît à nouveau au mixage et au mastering, nous mettent déjà dans de bonnes dispositions. Déception par contre, Wayne Sarantopoulos (Encoffination, Conjureth, Decrepitaph, ex-Eternal Suffering et Ghoulgotha ...), batteur de longue date du combo d'Atlanta, a laissé son kit à un certain Amos Rifkin. On reste cela dit en famille puisque son remplaçant fait aussi partie de Encoffination, autre groupe majeur du leader Justin Stubbs (Occulsed, Infestment, etc.). Il a même rejoint la même année les légendes Deceased. Ça devrait aller !
Effectivement, pas de problème pour le nouveau venu pour se fondre dans le collectif toujours complété par Derrik Goulding (Apocryphetic) à la deuxième guitare et Rhys Spencer (Altar of Profanation) à la basse. Un collectif qui n'a sans surprise aucune pas changé sa formule (allez, juste un riff à la Cannibal Corpse sur "Subservient Nescience"), nous proposant son dark death metal old-school et musclé habituel qui doit toujours beaucoup au maître Incantation. Eh oui, encore eux ! À la décharge de Father Befouled, le combo s'adonnait à ce petit plaisir bien avant la plupart des autres suiveurs, sa formation remontant tout de même à 2006 et sa première démo à 2008. La seule véritable différence avec
Desolate Gods, c'est que le tempo s'avère ici plus modéré dans l'ensemble avec l'accent davantage mis sur l'atmosphère. Pas d'inquiétude pour les plus radicaux, cela bourre toujours bien et on croisera pas mal de blastouille tout au long de ces presque vingt-cinq minutes. Juste que s'il faut comparer et dissocier les deux œuvres, c'est sans doute à ce niveau que cela se joue. La présence de deux instrumentaux, "Putridarium (of...)" et "Descendant Misery" en deuxième et cinquième position et non en intro/outro comme souvent, entretient ce ressenti. Le principal de toute façon, c'est que la qualité s'avère toujours au rendez-vous. Alléluia, c'est bien le cas ! L'inspiration dans le riffing, ces tremolos sinistres ou ces chapes de plomb étouffantes, ainsi que dans les ambiances ténébreuses, qu'elles soient instaurées par des rythmiques rapides, des mid-tempos appuyés ou des gros ralentissements, n'a pas de nouveau quitté la formation. Le growl ultra caverneux à la Craig Pillard de Justin Stubbs se révèle toujours aussi terrifiant. On rigolera juste du seul solo du disque sur "Holy Rotten Blood", sans intérêt. Sinon, même si ma préférence reste à l'album de réconciliation précédent, le rendu se montre très satisfaisant et convaincra sans peine l'amateur de death metal sombre et evil.
Alors non, encore une fois, Father Befouled ne réinvente rien. Un peu comme Matt Harvey, Justin Stubbs fait dans la révérence plutôt que l'indépendance avec ses différents projets. Aucun problème pour moi qui cherche surtout la qualité. Et la qualité, le quatuor de Géorgie en a retrouvé depuis quelque temps.
Holy Rotten Blood, s'il m'a tout de même fait moins d'effet que l'inespéré
Desolate Gods, vient ainsi confirmer le regain de forme de l'entité après un long passage à vide. Son death metal couillu à l'atmosphère fuligineuse bien mise en valeur sur cet EP rappelle évidemment Incantation et suit la notice à la lettre. Tremolos macabres, leads hantées, harmoniques sifflées, accélérations brutales, ralentissements pesants, growl profond ... il coche toutes les cases. Mais difficile de ne pas y adhérer si des noms tels que Incantation, Grave Miasma, Cruciamentum et Ritual Necromancy vous inspirent. Depuis, Father Befouled a produit un live via Krucyator Productions pour célébrer sa première tournée européenne,
Anointed in Darkness - Live in Europe. Et pour coller à l'actualité, les Américains ont sorti il y a quelques semaines chez Rotted Life un mini-split avec Exaugurate, un des nouveaux espoirs de cette scène dark death. La formation vient également de rejoindre le très actif label italien Everlasting Spew Records qui enchaîne les signatures de ce type cette année. Bref, tout roule pour le Père Souillé!
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