L’horreur de 2013. Et pourtant, qu’est-ce que cette année a contenu de belles occasions de se recroqueviller « en attendant que ça passe » et qu’est-ce que Fleshpress a pu décevoir sur ce terrain ! Les Finlandais ont toujours intrigué et rarement conquis au final avec leur fatras Griefien vide dans le mauvais sens du mot – excepté le temps de l’anomalie
Pillars où le néant devint épidémie et leur musique venin hallucinogène. Ça tombe bien,
Tearing Skyholes renoue avec les errances de Fleshpress dans le monde des sueurs froides.
Seulement, il n’est ni une copie, ni une suite à proprement parler.
Pillars enivrait de chimie entre sludge, black metal et ambiant, un poison distillant savamment sa contamination, tranquillement oppressant et tout-puissant.
Tearing Skyholes, avec sa pochette rappelant les terreurs psychiques de Jacob’s Ladder, se place comme un décalque mental de ce dernier, une version où la transmission ne se fait plus par un corps de plus en plus éteint, dévitalisé, mais dans les tortures de l’esprit, une paranoïa flottante où l’on tourneboule et mouille ses draps de sueur. Ainsi, les quelques passages massifs que contenaient encore les guitares de Fleshpress ont disparu, laissant place à une sorte de noise rock vaseux et élégant, entre rêverie délicieuse issue des derniers Earth – une autre manière de pratiquer le vice, comme on le verra – et délire de persécution école Dazzling Killmen, le tout comme guidé par la main d’un P.H.O.B.O.S. à son plus défaitiste.
En effet, la substance blanche avec laquelle aime jouer la troupe de Mikko Aspa propage le malaise différemment, par un jeu entre progressions psychédéliques et moments anxiogènes allant plus loin dans leurs contrastes : le chant ne sort que rarement et se fait moins inhumain qu’auparavant, plus douloureux, comme pris dans les folies que dessinent les autres instruments ; la basse tricote puis strangule ; les effets volent si bas qu’ils en deviennent terrassant malgré leurs allures gothiques et oniriques… Allons ! À la lecture des délicatesses que Fleshpress use pour hanter, y a-t-il besoin d’appuyer davantage qu’il va désormais falloir dire que les Finlandais ont tapé juste deux fois ?
Sans doute pas, mais il y a tout de même autre chose ici, plaçant
Tearing Skyholes un peu plus à-part et un peu plus « dans le mille » à la fois. Ceux qui sauteront le pas et iront
télécharger librement le dit-album sur Bandcamp se rendront compte qu’il n’y a pas que de quoi espérer caner dans ces cinquante minutes au psychédélisme coloré comme l’encre, mais aussi – ce qui les rapproche d’
une autre abomination de cette année – un lien primaire dessiné, là, coincé entre les luttes contre l’insomnie et les bouffées délirantes. En fait, au risque de me contredire, il n’est pas question de simple noirceur, ni même de simple peur mais de quelque chose de plus trouble, enfoui, et qui devient net le temps de l’écoute. A défaut de trouver mieux, je dirais que si
Pillars était une nuit à assister à sa transformation en terne carnivore,
Tearing Skyholes laisse plus affolé encore – car il est le matin suivant la veille, celui qui ne réchauffe pas, n’enlumine pas mais demande à faire survivre la raison un peu plus longtemps, au risque de plonger encore plus bas…
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