Funeralium - Deceived Idealism
Chronique
Funeralium Deceived Idealism
Commencer une chronique de doom par la confession d’une erreur, c’est raccord non ? Alors, Monsieur d’Ostra Records, désolé d’avoir fait l’enquiquineuse en refusant dans un premier temps de traiter la sortie du nouvel album de Funeralium. Il faut dire que je ne gardais pas un souvenir particulièrement particulier de leur premier longue-durée : comme pas mal de monde à l’époque, je regrettais la longueur d’un disque dont une meilleure version pouvait se trouver chez les frères d’Ataraxie (les deux projets ayant en commun deux membres en les personnes de Marquis et Berserk). Comprenez-moi, voir les Français remettre alors le couvert avec une double-ration faisant quatre-vingt huit minutes au total - Pitié !
Et merci pour l’insistance à propos puisque c’est la même à assommer que déploie Funeralium sur Deceived Idealism, celle-ci lui donnant la force de remuer sans sensation de rip-off moins porté sur les accélérations. Les comparaisons avec Ataraxie cesseront donc vite, Funeralium assumant désormais pleinement ses différences malgré des similitudes de line-up et influences. Si Bethlehem est rappelé durant les six compositions constituant l’ensemble, point de bipolarité mais une intransigeance dans l’écrasement donnant à l’hystérie du Marquis une dimension autre, exténuante par application plutôt que sautes d’humeur grâce à des tempi et une voix s’étalant avec acharnement. On ne compatit ici : on presse, represse puis compresse sans romantisme et avec la science du riff doom devenu torture. En effet, un morceau comme « Don’t Hope For Any Better Things Now » aurait pu sonner groovy sans cette tension se nichant jusqu’aux moments ne possédant de l’accalmie que le volume atténué des amplis (le morceau-titre et ses leads à la lenteur sadique par exemple). Malgré la durée conséquente, on parle bien d’efficacité d’ensemble où chaque titre participe à donner à la classe historiquement doom des mélodies une hostilité assumée dès les paroles du teaser « Blood, Phlegm And Vomit » (It’s time to regret the day you all were born !).
Un rondin de bois ne suffirait pas à brasser la merde dans laquelle Deceived Idealism nous plonge mais, plutôt qu’une vision d’enterrement (contrairement à ce que son patronyme et l’utilisation de deux basses suggèrent d’effondrement de sol, Funeralium n’a rien de funeral), les Français transmettent une souffrance rendant la fin désirable en s’arrêtant juste avant le plat de l’électrocardiogramme (l’explosion rageuse de « The Higher We Climb, The Harder We Fall » et sa coupure nette). Réussir à être aussi captivant en se balançant uniquement entre l’opaque et le malade est impressionnant bien que la volonté d’avancer toutes lumières éteintes ne fasse briller aucun moment en particulier, l’implacabilité du tout manquant d’un coup de botte définitif. C’est le prix à payer pour créer un essai dont l’adjectif « extrême » définit chaque aspect jusqu’à une production transformant le médium en grave et l’aigu en mare où dépasser provisoirement le nez (à l’image de « 21st Century Ineptia » et ses courtes embardées dark metal).
Offrir plus d’une heure vingt de doom tendu entre death, black et dark metal peut sembler excessif mais la démesure vaut seulement pour la claque que met ici Funeralium en positionnant côte à côte les mots « raideur » et « rigueur ». De plus, Ostra Records prépare une édition vinyle contenant la démo Ultra Sick Doom et justement nommée « Die-Hard », histoire de coller à l’atermoiement à mourir de Deceived Idealism (les non-pratiquants du microsillon pourront se procurer sa version double-CD auprès de Weird Truth). Faites ce que vous voulez mais de mon côté, ils ont déjà dégoté un client !
| lkea 15 Novembre 2012 - 6966 lectures |
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