Ataraxie - Slow Transcending Agony
Chronique
Ataraxie Slow Transcending Agony
La minute du savoir : « Ataraxie » vient du grec a – taraxie, signifiant une absence de douleur morale (dans les philosophies épicuriennes et stoïciennes). Je n’ai pas écris ceci pour vous montrer que je sais user d’un dictionnaire, mais pour pouvoir engager la chronique de fort belle manière. Démonstration : [sauter la phrase précédente pour obtenir un tout cohérent] Soit un nom à l’opposé de la musique du groupe.
Là, vous êtes obligés de ressentir un grand respect en vous à mon égard : vous ne vous attendiez pas à pareil retournement de situation, n’est ce pas ? Quoique, l’étiquette « Doom/Death » vous aura sûrement mis la puce à l’oreille… Ce après quoi, mon introduction tombe au fin fond d’une abîme, comme le moral à l’écoute de l’album (et là, je sauve les meubles – ou pas (steque)).
Encore plus qu’un disque de Doom ordinaire, Slow Transcending Agony est une œuvre brumeuse qui se ressent au plus profond de soi. L’humeur biliaire, la mélancolie, et la déchéance sont retranscris en musique comme rarement il a été fait, si bien que le disque ne saurait convenir à quiconque n’éprouvant pas ces sentiments. De la relative violence de ces sentiments du déchirement à l’agressivité exacerbée du désespoir, de l’impressionnante de noirceur Funeral Hymn, en passant par la quintessence de la folie sur L’Ataraxie, véritable hymne au Doom et pièce maîtresse de l’album, au pont assommant de détresse, la musique de notre combo rouennais pèse sur notre conscience, à un niveau tel que même quand t’as la chiasse, c’est pas comparable (voilà, il fallait bien que ça dérive). Non, sans rire, cet album procurerait même au plus heureux des clowns l’envie de faire autre chose avec ses balles que de jongler. La voix de Marquis sait se faire varié (autant que l’humeur d’une femme), permettant de véhiculer bien plus d’émotions que la majorité des chants monotones auxquels nous sommes habitués. Que ce soit growls, hurlements ou chuchotements, la « magie » opère toujours, appuyée par des mélodies d’une tristesse que je n’ai, peu ou prou, jamais retrouvée ailleurs.
Que dire de plus ? Que même si je n’ai pas parlé des deux morceaux qui suivent, l’éponyme et Another Day of Despondency, ils n’en sont pas moins aussi énormes ? Que je n’ai pas assez développé ? Que ce disque transpire le malaise, et se veut être la bande originale parfaite pour lire du Baudelaire ? Que j’accumule les clichés du genre ? Oui, je crois qu’on peut dire tout ça à la fois. Il y a des albums pour lesquels on n'arrive pas à dire tout ce que l'on en pense, peut être de peur de perdre ce "quelque chose" qui nous séduit tant dedans. Cependant, cet album n'en est pas moins une perle noire (oh, quelle belle image inattendue), et un coup de maître, et ce dès le premier effort longue durée du groupe. Saluons donc avec tout le respect et la reconnaissance possible un groupe qui se place d’entrée en tant que fer de lance de la scène Doom française.
| Krow 9 Décembre 2005 - 3177 lectures |
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