J’aurais beau jeu de définir ce qui fait de
Observance un franc succès là où les huit dernières années de Primitive Man ont été marquées par une traversée du désert – me concernant, car il y a des gens qui trouvent des qualités à
Immersion – en accumulant les superlatifs comme eux empilent les amplis.
Mais
Observance ne joue pas tant à la bataille puérile de « qui a la plus grosse » puisque sa catégorie musicale – dont il est un des plus fiers représentants, en raison d’un dépeuplement au sein du pays du sludge / doom / drone extrême – le place d’emblée comme une formation particulièrement impressionnante. Une stature qu’il assume de nouveau avec appétit après des essais s’évertuant à être aussi courts qu’ennuyeux, la grosse heure de l’ensemble montrant l’envie de s’étaler pour mieux obséder comme durant
Caustic. C’est d’ailleurs au ci-présent que j’ai pensé lors de mes premières rencontres avec ce nouvel album, l’écoutant comme une œuvre répétitive où les quelques sorties de route donnent un sens à toute la traversée, le souvenir de titres tels que « My Will », « Commerce » ou « Tepid » comme piliers donnant un sens à ce monument de boue.
Sauf que cela est une erreur.
Observance n’est pas comme
Caustic et tant mieux, Primitive Man jouant habilement d’une évolution dans son style qui ne rend pas archaïques ses états précédents. Offrant quelques compromis à sa radicalité sans se compromettre, il compile ici ce qu’il a pu créer de plus mélodique et concret… pour les esprits pervers habitués à la lourdeur dont je fais partie. Ne cherchant pas à réitérer l’hypnotisme de
Caustic ou l’épreuve physique de
Scorn – bien que je pense toujours aux deux, non plus comme propositions mais parties de l’ADN du projet –, il prend une distance salutaire avec sa discographie et son discours, politique, pessimiste mais plus abstrait qu’autrefois, transmettant un sentiment plus qu’un manifeste. L’ambiance reste au macabre, au clapotant sous toutes ses formes (et même les plus gothiques, cf. la basse et son rendu particulièrement corbeau sur « Devotion » par exemple) mais aussi à la volonté qui hurle derrière l’abattement, lors d’instants hardcore plus emportés où, par effet d’échelle, on se sent aussi bien malmené que lors du versant grindcore de Ethan Lee McCarthy malgré la rareté d’accélérations franches (exception faite de « Natural Law »).
Cela donne l’impression d‘écouter un album d’
Encoffination urbain, qui aurait pris au death metal toute la sensualité romantique – un romantisme particulièrement glauque, j’en conviens – qu’il peut communiquer quand il vire au sensoriel. Certes,
Observance demande un peu d’effort pour le ressentir – l’artwork, la durée et le style laissent penser avec justesse à un périple à la Dark Souls, où les victoires se vivent à l’arrachée – et autant être honnête : cela ne se capte pas toujours. Les bonnes idées, nombreuses et réelles, de même qu’un formalisme qui coche toutes les bonnes cases – voire les dépasse, cf. ce mixage qui pourrait devenir nouvelle norme, loin devant tout le monde en termes d’épaisseur, opacité et lisibilité – ne masquent pas certaines baisses (« Transactional » et ses lignes étirées jusqu’à l’élongation).
Des moments de creux qui ne font pas pour autant d’
Observance une œuvre vide comme tant d’autres sorties de Primitive Man. Le trio tape ici avec force, maintenant la plupart du temps une tension dans le sinistre (le doublet final « Social Contract » / « Water » qui paraît n’être qu’un seul titre tant ils vont bien ensemble), usant de ses atouts le situant à la fois comme un rêve pour les amateurs de lourdeur devenu réalité et groupe à-part, entre spiritualité sombre et colère ancrée socialement. Sans conteste, le meilleur album des Ricains.
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