Primitive Man - Steel Casket
Chronique
Primitive Man Steel Casket (Démo)
Primitive Man est un drôle de zozo. En 8 ans d’existence, les ricains ont pondu 2 albums longue durée, ce qui n’est pas une critique. Mais, dans l’intervalle, ils ont aussi produit 2 demos, 8 split, 4 single et un EP. Bref, une approche assez peu conventionnelle de la notion de commercialité. Et une plaie pour leur label.
Fort d’un sludge assez puissant, le groupe s’est forgé une petite réputation dans le milieu, la faute à un premier LP classieux (Scorn, en 2013), qui ne faisait pas dans la fioriture, ni dans sa pochette, si dans son contenu musical, les accents sludge et légèrement BM étant vraiment poussés dans un mix réussi. Sans compter les accès de furie plus ou moins contrôlés, à la frontière du grind et du powerviolence, qui rendirent l’album d’une écoute encore plus exigeante mais jamais décevante.
Steel Casket n’est donc pas le second effort longue durée du combo… comme tu pouvais t’y attendre. Caustic est sorti en 2017. C’était le second LP. Non. Steel Casket, sorti en 2018, est leur… troisième demo. Oui, je te l’ai dit, ils sont étranges ces gars-là.
Steel Casket est une vilaine demo de 2 titres, de respectivement 25 et 22 minutes. Tu comprends de suite que tu en auras au moins pour ton argent en termes de volume. Hélas, ce sera tout pour cette fois. Cette demo, disons-le, est totalement inutile. Pire, elle est vide.
Fear, le premier titre, monte doucement en puissance, avec une intro menaçante, tirée des abysses, comme si un quelconque animal diabolique ou surnaturel gravissait lentement le puit des Profondeurs. Quelques accords ambiant, quelques notes discrètes, presque funeral, s’égrènent ça et là sur plus de 2 minutes avant que les premières dissonances n’apparaissent, encore lointaines, encore mêlées aux ambiances. A compter de la 4ème minute, on devine des notes de piano, profondes encore, toujours menaçantes, en fond de paysage sonore, puis de plus en plus présentes, agrémentées de bruitages inquiétants et d’arpèges déstructurées. Après 6 minutes, des boucles drone surgissent ainsi que les premiers accords plus appuyés, toujours sur le mode de la dissonance toutefois, favorisant ainsi le sentiment que le morceau s’étire sur plusieurs minutes. Cette montée en puissance immerge mais renvoie aussi à une impression d’attente qui, elle aussi, s’étire. On se demande quand le morceau va véritablement décoller. Or, pour le coup, entre la 6ème minute et… très longtemps après, seule la dissonance structure l’espace sonore, sans variation comme on peut la trouver dans le drone par exemple. Juste de la dissonance monolithique qui s’étire. Le calme revient avant la 13ème minute sans pour autant que le morceau ne décolle davantage. On reste dans le champ du bruitage sonore, du bidouillage, du grésillement… et presque du dungeon synth par instant (après 16 minutes). Le final, soit quand même près de 8 minutes, s’effectue sur des ambiances identiques, mélange de dungeon synth, de cris d’agonie et de bourdonnements. N’est pas Sun O))) qui veut. Et Primitive Man n’en a pas les qualités pour happer l’auditeur sur 25 très, très, très longues minutes. Un premier titre absolument vide. Merci.
A Life of Turmoil, le second morceau, présente l’immense avantage de ne pas te faire perdre ton temps, qui annonce la couleur immédiatement. Il prend l’exacte suite de Fear. Comme si le morceau précédent s’était poursuivi. Sur 22 minutes supplémentaires.
Cette demo est tirée à 100 copies K7 de deux couleurs. Le label a dû comprendre. Don’t buy or die !
| Raziel 4 Avril 2020 - 690 lectures |
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