Cette chronique concerne la ré-édition et sa pochette dégueulasse en prime
Chroniquer des disques cultes, j'avoue que c'est un exercice auquel je me risque relativement rarement. Juger, noter et parler d'un disque adulé par une partie d'un public, c'est s'exposer au feu des gens trouvant que la chronique ne rend pas assez justice à l'album. Et puis, il y a aussi les blasés, ceux qui ne supportent pas le skeud en question et qui se feront un plaisir de cracher joyeusement sur le statut qualitatif et/ou culte de la production en question. Je pourrais aussi dire que c'est tout simplement le style de chroniques qui attirera plus de lecteurs que les articles que j’écris habituellement sur Thrashocore.
Mais bon, point de recherche de reconnaissance dans cet article, l'explication est tout autre. Depuis que je travaille, j'écoute la radio en voiture pour ne pas imposer du Diapsiquir à mes collègues. Au fond oui, je suis un bon gosse respectueux. Du coup, je deviens haineux et le soir, j'alterne entre Black traditionnel et Beatdown urbain pour canaliser joyeusement mon dégoût inhérent aux fréquences françaises. Cette envie de traditionnalisme subite me force à fouiller les albums les plus anciens de ma discothèque, et en naviguant dans ces bons souvenirs, je suis alors retombé sur le premier disque d'Ancient dont la réputation de pièce de grande qualité n'est plus à faire. Et là, quelle ne fut pas ma surprise. Pas de « Svartalvheim » sur Thrashocore... Dans un élan d'altruisme afin de vous faire découvrir ou de vous rappeler l'existence de cet opus, je me suis donc lancé dans sa chronique.
Alors, à vrai dire, lorsque que j'ai dis « dont la réputation de pièce de grande qualité n'est plus à faire », je me suis finalement demandé si j'étais dans le vrai. Ancient a ses fans mais aussi ses détracteurs qui n'hésitent pas à critiquer le Black des norvégiens, trop symphonico-mélodique à leur goût. Pourtant, si
« The Cainian Chronicle » vire carrément dans l'atmosphérique, renier la touche « 100% années 90 » de cette première sortie me semble complètement hypocrite... Ok, il y a de la guitare sèche et des claviers mais l'ensemble de l'opus est carrément abrasif, notamment au niveau des guitares. D'ailleurs, le premier titre de l'album attaque en taillant direct dans le gras, sans trop balancer de mélodies et en se contentant d'une simple décharge de Black pur et dur. C'est sur « Huldradans » que le sieur Aphazel révélera ses talents de maître des ambiances : un petit riff tout bête mais profondément empli de mélodies glacées, il n'en fallait pas plus pour faire décoller véritablement cette ambiance forestière et fantasmée qui ne s'éteindra plus avant le clap de fin.
« Bienvenue à bord du vol en direction de Bergen, la température extérieure est de moins vingt degrés et nous vous conseillons d'attacher vos ceintures de sécurité ». C'est ça que semble nous dire « Det Glemte Riket » et son atmosphère perdue entre délires d'idéalisme médiéval, profonde souffrance et admiration de la mère nature. « Svartalvheim » est tout simplement bercé de cet idéal norvégien propre à l'époque où il a été composé. Quelque part entre imagination, nostalgie et quasi-niaiserie de l'idéal Black Metal fraîchement créé, les deux potes norvégiens signent un pur produit de l'époque, ambiance et grésillements compris. Pile dans les conceptions forgées par la vieille garde norvégienne, Ancient greffe sa patte personnelle sur les canons du genre. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils le font excessivement bien.
La formation possède en elle ce facheux goût de reviens-y qui ferait presque regretter un temps passé à ceux qui ne l'ont même pas vécu.C'est à la force émotive de ce genre de disques que la reconnaissance du Black Metal s'est faite, notamment à des titres emprunts de bravoures. On pourrait par exemple citer à juste titre « Paa Evig Vanding » et ses presque dix minutes de musique aux accents particulièrement travaillés. Soutenu par une production à la juste limite du cristallin (les guitares acoustiques sonnent d'une manière très métallique mais en même très épurée) et de la lourdeur grésillante et étouffée des passages en distorsion. On notera aussi la bonne vieille reverb' de la batterie, saupoudrée par une basse aux fréquences lourdes et acérées. La sonorité globale offre finalement un rendu assez peu commun. Intrinsèquement Black par certains effets, Ancient (à la manière d'un « Nattens Madrigal ») rentre dans les codes en y incorporant une recherche sonore rendant le matériel unique. Un bien beau job de la part de l'ingénieur du son, à n'en point douter.
Qu'il s'agisse d'un premier émoi Black Metal ou d'un énième passage plombé de nostalgie, « Svartalvheim » imprime chacune de ses écoutes d'un fort sentiment. Le groupe révèle avec ce premier disque sa substance musicalo-séminale, aussi crasseuse que vivifiante. C'est sûrement dans cette optique musicale rejetant chaque pointe de lassitude qu'on trouve la matière qui forme les grands disques. Assurément un album plus méconnu que ses compatriotes de Darkthrone ou autres Mayhem mais qui tient largement la comparaison avec ces mêmes entités cultes.
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