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Ancient - The Cainian Chronicle

Chronique

Ancient The Cainian Chronicle
« - Internet, internet, z'ont plus qu'ce mot à la bouche cette bande de p'tits galopins: moi d'mon temps, pour s'informer, ‘y avait guère que Metallian pour, tel un phare dans la mer houleuse des sorties métalliques underground, nous guider à travers les écueils des oeuvres médiocres vers le rivage ensoleillé des albums qui déchirent leur mamie.
- Tu radotes papy: tu nous l'as déjà raconté cette histoire là! Et puis Mamie, vu comment elle tête le Guignolet, elle a pas besoin de Metallian pour se déchirer …
- Non mais un peu de respect bougre de petit malappris! T'as appris les bonnes manières lors d'un concert de Kickback ou bien? Notre étoile du berger à nous – disais-je –, c'était les 6 bombinettes (alors des ‘$' en lieu et place des gentils explosifs) qui sacraient les champions … Et plus encore la « sélection du moment », qui couronnait les dieux en devenir. Aaah « Ravendusk in my heart »! Mmmh « Infernal depths of Hatred »! Et tu le sens mon gros « The Art of Dreaming »? … Mais il y eut ce numéro de l'été 1996, avec sur le piédestal « The Cainian Chronicles » de Ancient. Je crois bien que cela fut pour moi le déclencheur d'un long processus de désenchantement, avec à la clef perte de confiance dans le mag' et désintéressement pour le black – intérêt que celui-ci avait pourtant fortement contribué à créer.
- Il était daubé cet album Papy ?
- Pour qui aime le frisson des sombres mélodies épico-lugubres éclairées à la bougie d'une citrouille de Halloween en plastique, il peut sembler assez bien foutu. Mais il est en fait – crois en ton Papy – bien creux. C'est de la poudre aux yeux. Un miroir aux alouettes.
- De la poudre dans les yeux sur le miroir d'Arlette? Comme quand Mamie s'est endormie sur la glace où elle avait préparé ses rails de coke du soir?
- Ma parole mais tu ne comprends plus que la langage SMS?! Je voulais dire: album pas deg' en apparence, mais à ièch' dès qu'on y regarde de plus près. C'est bon là, t'as tilté?
- *humgrmbl*
- Cet album était effectivement assez alléchant sur le papier, mais c'était du flan. Pour ton info sache petit canaillou qu'Ancient avait préalablement été extirpé de la fange de son marais saumâtre natal par Listenable Records, dont le radar à bons groupes était déjà finement aiguisé. Sur « Svartalvheim », le précédent opus, le groupe avait su distiller dans son black brumeux de sous-bois humides des mélodies insidieuses qui faisaient de cette excursion musicale nocturne à travers des forêts nimbées d'un brouillard maléfique une véritable promenade de santé.
- C'était un peu comme du Arckanum mélodique ?
- Contente-toi donc d'écouter ton aïeul plutôt que de parler de ce que tu ne connais pas bougre de salopiot! A l'époque, donc, vu que le black metal commençait à se désundegroundiser à grands coups de Immortal, Emperor et autre Cradle of Filth, Metal Blade décida de tenter le coup en donnant leur chance aux norvégiens dont il est question aujourd'hui. Le résultat fut une belle entreprise de théâtralisation et d'aseptisation, menée à coup d'interludes au synthé, de trip gothico-vampirique ridicule, de cover art tape-à-l'œil, de chant féminin vu et revu (avec pour l'occasion Kimberly Goss au poste de gothic queen), de tirades ampoulées et d'une prod' bien trop aérée. Ah ça on peut dire que les sombres sentiers sinueux du vieux bosquet Ancient étaient devenus les larges allées bordées de lampadaires d'une forêt pour promenade dominicale en famille! Seules les grattes (y compris sur les quelques soli) avaient su garder cette touche muddy qui fleure bon l'humus, la vieille souche et le champignon dévoré par les vers.
- Et donc la musique, au final, elle sucks ?
- Eh bien disons que les amateurs de mélodies mélancolico-épiques fleurant bon l'eau croupie de marécage et les bourrasques de vent balayant des landes dévastées pourront sans doute y trouver de quoi se taillader les avant-bras à la pleine lune. On trouve en effet de quoi mettre en émoi les gonades des jeunes incompris, de ci-delà, au détour d'un break bien senti (à 3:30 sur « At The Infernal Portal »), d'un début de cavalcade échevelée (à 1:23 sur « The Curse ») ou de soudaines décontractions du sphincter épico-rock (à 1:32 sur « Homage to Pan ») …
- … Mais ?
- Mais le groupe ne fait qu'appliquer la même recette encore et encore tout du long de l'heure que dure cette galette, et ce qui passe 2, voire 3 fois au début fatigue vraiment quand arrive la fin de l'album. Tiens, et parlons de la batterie aussi: elle se cale bien souvent sur des rythmiques heavy/black mollassonnes qui lassent elles aussi sur la durée - durée qui est d'ailleurs bien trop généreuse sur la plupart des morceaux, ceux-ci dépassant allégrement les 6 minutes (par 5 fois, en sachant que « Disciplines Of Caine » dure quant à lui 5:53 !), ce qui leur fait perdre fraîcheur et efficacité. Ajoutons encore à cela que nombre de breaks ou de plans relativement réussis sont suivis de relances bien maladroites, comme par exemple à 1:02 sur « Homage to Pan », lors de cette transition foireuse entre une intro au synthé et un plan purement black, amenée par un bim bim bim de cymbale tout miteux. Ou encore à 4:29 sur « Disciplines Of Caine », où un bel effet d'attente tout en tension finit comme un pétard mouillé et nous laisse la queue entre les jambes. Et ces spoken words ampoulés (à 1:50 sur « The Curse »), cette séance de copulation outrancière entre une goule lubrique et une succube démonstrative (« Exu ») et ces susurrements narcissiques (« I am Kaïaphas ! ») donnent vraiment trop dans le théâtral grand-guignolesque. Pure caricature de carton-pâte que tout cela! T'as qu'à voir le cliché: l'album dure 66 minutes et 6 secondes ...
- Et c'était vraiment l'une des « révélations Metallian »???
- Eh oui, aussi étrange que cela puisse paraître avec le recul … Mais j'ai l'impression que cela n'a pas trompé grand monde très longtemps: tu as beaucoup entendu parler du groupe par la suite petit ?
- Non effectivement.
- Mieux vaut potasser ses vieux Emperor plutôt que de trop s'attarder sur cette relique assez peu sexy.
- Tu parles toujours d'Ancient ou tu fais encore une digression sur Mamie là ?
- *soupir* »

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Ancient
Black metal symphonique
1996 - Metal Blade Records
notes
Chroniqueur : 4.5/10
Lecteurs : (3)  7.67/10
Webzines : (6)  7.36/10

plus d'infos sur
Ancient
Ancient
Black metal - 1992 - Norvège
  

écoutez
tracklist
01.   Ponderous Moonlighting
02.   The Curse
03.   Lilith's Embrace
04.   Disciplines Of Caine / Zillah And The Crone
05.   At The Infernal Portal (Canto III)
06.   Cry Of Mariamne
07.   Prophecy Of Gehenna
08.   Song Of Kaiaphas
09.   Exu
10.   The Pagan Cycle
11.   Homage To Pan

Durée : 66:06

line up
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