Il y’a un peu de deux ans le combo londonien avait fait une entrée remarquée dans le milieu du Black Symphonique avec le réussi
« Black Mass Ritual », qui montrait que le genre n’était pas encore totalement enterré et qu’il ne se limitait pas seulement à CRADLE OF FILTH au sein de son royaume. S’il s’est fait relativement discret depuis la sortie de ce premier opus il n’a pas pourtant ménagé ses efforts enchaînant les concerts et composant son successeur attendu, histoire de voir si la bonne surprise entrevue précédemment n’était qu’un coup d’épée dans l’eau ou s’il continuait sur la bonne voie. Ayant débauché comme batteur de session le très demandé Kevin Paradis (BENIGHTED, SVART CROWN), FORMICARIUS n’a pour le reste rien changé à sa ligne directrice que ce soit sur le fond comme la forme, du coup il n’y a aucune surprise à attendre de ce point de vue-là.
En effet d’entrée avec le très bon « Beyond The Veil Of Flesh » les anglais vont en peu de temps montrer qu’ils maîtrisent toujours aussi facilement leurs instruments, tant ce morceau d’ouverture résume parfaitement tout ce qu’ils savent faire de la meilleure des façons. Mêlant intelligemment les passages énervés et blastés à ceux plus posés, le tout avec un synthé présent mais discret qui évite ainsi de tomber dans le kitch, ils nous jouent la carte du classicisme assumé où ils se révèlent être des élèves sérieux et appliqués… mais justement parfois un peu trop. Car si ici l’ensemble est expédié en moins de quatre minutes la suite va avoir tendance d’abord à être rallongée inutilement sur certains passages, donnant de fait la sensation de ronronner légèrement. De plus dès que la durée va atteindre un certain seuil on va aussi remarquer un intérêt moindre et une attention qui a tendance à décroître, tout cela à cause également d’une violence qui diminue en intensité vu que ses créateurs privilégient souvent les ambiances et les parties plus lentes.
On s’aperçoit de cela dès la plage suivante intitulée « Dieu Et Mon Droit » (qui est aussi la devise officielle de la monarchie d’outre-Manche depuis le XVème siècle) où outre une introduction acoustique douce et nuageuse le clavier se voit mis très en avant, donnant ainsi une sensation de mélancolie agréable qui se mêle aux parties plus explosives qui ne sont pas oubliées, mais se font à contrario plus discrètes. Avec en prime une voix claire qui prend de l’importance (ainsi que quelques chœurs féminins assez sages), cette compo montre un certain équilibre entre puissance et mélodie, même si la brutalité est reléguée sur le côté mais de manière cependant moins marquée que sur « Early Will I Seek Thee » (où Sakis Tollis de ROTTING CHRIST est présent en invité). Car ici l’univers proposé va être plus froid et propice au recueillement, outre des notes de guitares glaciales et coupantes le clavier également s’en mêle en y ajoutant une touche très angoissante et teintée de tristesse, le tout couplé à un rythmique bridée au maximum d’où n’émerge que quelques courtes explosions pour ne pas tomber dans la somnolence, et heureusement d’ailleurs. D’une durée de six minutes il faut cependant reconnaître que ça a tendance à traîner en longueur de manière un peu inutile (certains plans y sont répétés en boucle), et ça y aurait gagné en profondeur en allant plus à l’essentiel. D’ailleurs « O, Dread Impaler » qui conclut les débats souffre des mêmes maux même s’il se voit agrémenté de parties martiales sèches et cassantes qui donnent de l’entrain et font s’exciter le frappeur qui se lâche totalement durant ces très bons patterns, mais hélas trop courts. Car outre l’ajout d’un break doux certes sympathique (mais qui casse la dynamique entrevue jusque-là), la conclusion de ce titre est trop longue à venir tant ça ralentit trop lentement jusqu’à donner la sensation de ne jamais finir, et ainsi faire décrocher l’auditeur définitivement qui aura rendu les armes avant l’ultime seconde de musique.
C’est dommage car sans être parfaite le reste de cette galette comporte malgré cela des vraies réussites (en plus de celle qui ouvrait les débats), en premier lieu le très bon « Within The Dephts » à la construction très directe et simple (voire même prévisible) où la double ne s’arrête quasiment pas et renforce cette sensation de puissance que l’on n’a pas assez entrevue jusque-là. La confirmation se trouve plus loin avec tout d’abord le réussi et équilibré « Stalker Among The Stars » où le mid-tempo trouve ici son terrain d’expression le plus important, tout en voyant le retour d’une brutalité qui s’était estompée au fur et à mesure de l’écoute. Remettant le tabassage et la vitesse sur le devant de la scène ils cèdent ensuite leur place à des parties plus lentes pour en terminer, montrant de fait que quand ses créateurs jouent la carte de la variation et de la diversification sous toutes ses ils se font de suite beaucoup plus intéressants. Sentiment conforté par l’accrocheur et énergique « Crimson Purge » qui met là-aussi en avant toute la palette technique du quintet qui va à l’essentiel sans trop en faire, et y ajoute du solo d’excellente facture. D’ailleurs comme sur la précédente sortie les leads sont ici assez nombreux et parfaitement en raccord avec la musique et le style pratiqué, vu qu’ils amènent un supplément d’âme même quand le reste est en-deçà en termes d’accroche et de qualité.
Alors oui tout n’est pas parfait et les britanniques ont souvent tendance à reprendre les mêmes recettes éculées et déjà entendues des tonnes de fois auparavant, il n’en reste pas moins qu’ils ne se dispersent pas même si on aurait aimé un supplément de brutalité de leur part, tout comme qu’ils sortent un peu plus des sentiers battus. On voit bien que quand ils se décident à se lâcher les chevaux ils sont nettement plus accrocheurs et convaincants, encore faudrait-il appliquer cette doctrine de façon plus régulière. Mais même si ça reste par moments assez pantouflard avec quelques baisses de régime évitables, ce second volet bien que légèrement en deçà du précédent reste intéressant à écouter, malgré l’absence de quelques compositions qui se détachent du lot car une fois arrivé au bout on se rend compte que l’on n’a finalement pas retenu grand-chose. Du coup difficile de savoir si cette entité a mieux à proposer ou si elle a déjà atteint ses limites, certes pour l’instant elle reste un outsider crédible mais elle ne peut pas prétendre à mieux sur la durée (tout en comme en concert où il y’a fort à parier qu’elle restera cantonnée dans le rôle d’une sempiternelle première partie certes agréable, mais qui se montre au final trop juste pour espérer grimper d’un cran dans la hiérarchie).
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