Fistula - Idiopathic
Chronique
Fistula Idiopathic
C'est chose entendue : Fistula aime Grief, ses riffs qui ne veulent pas, ses accélérations qui ont la vigueur d'un gâteau démoulé dès sa sortie du four, sa voix qui crache le feu et se crame au passage.
Mais, c'est chose moins entendue : Fistula a, le temps d'un album, fait aussi jouissif, fondant, délicieux que Grief. Et pas n'importe lequel, Idiopathic se situant clairement dans la lignée de Torso et ...And Man Will Become the Hunted. Voyez le niveau.
On peut bien sûr faire le jeu des sept ressemblances, à commencer par une pochette réalisée par Eric C. Harrison (bassiste de qui-vous-savez) mais on y perdrait vite le compte : Fistula, ce groupe qui n'a jamais vu plus loin que le bout de son nez et les quelques choses qui font vibrer son cœur de rockeur, s'y révèle définitivement comme un peu plus que la brutasse qu'on aime imaginer quand on pense à lui. Dès « Firekiller », la voix de Corey Bing se montre si excessive, si pleine d'envie d'avoir envie de tout détruire dans ses combustions spontanées, qu'elle devient un plaisir d'un genre inédit, façon rodéo sur ogive. Cartoonesque, mais fou d'amour pour le sludge, cet album accumule les changements de rythme faisant bouger la tête et taper du pied. Hi ha !
Inutile d'épiloguer une nouvelle fois sur le groove et le sexe, le bas-du-front et le bas-du-ventre. Quiconque écoutera des titres comme « Shadow of the Serpent », « Cisero » ou « Baboon » se rendra compte que Fistula a ici attrapé ce qui faisait de Grief une formation précieuse, son caractère enfantin et gracieux à peine caché par l'épaisse couche de graisse, son air tout ce qu'il y a de simple mais se révélant vite essentiel. Le sludge, à ma connaissance, fait partie des quelques styles extrêmes (comme le hardcore et le death metal) capables d'avoir plusieurs disques dont on a envie de faire la définition de leur genre commun, malgré des différences de formes évidentes : Idiopathic est de ceux-là, son modeste format (trente-six minutes, ni trop courtes mais franchement ni très longues), sa production grosse comme un nounours mais granuleuse comme le réel ou encore ses riffs ultra-mous et pourtant se tortillant à qui-mieux-mieux (vous vous souvenez de la fois où vous avez coupé un ver de terre en deux ? Voilà.) le faisant voir le temps qu'il dure comme l'unique disque de sludge à posséder et chérir aux côtés de ceux créés par la bande à Jeff Hayward.
Je m'ecstasy et palabre plus que de raison, mais ne vous y trompez pas : Idiopathic et son sludge tout-sourire sont certes la preuve que Fistula est une entité trop peu écoutée aujourd'hui, mais qui poussera un peu plus loin le vice (comment ne pas le faire ? C'est par ce disque que j'ai découvert les Ricains et par lui que j'ai eu une période genoux au sol envers chacune de leurs sorties !) verra qu'il est le pic d'une discographie loin d'être honteuse mais faite d'essais dispensables autant que de tueries. Ce qui fait qu'avec le temps, j'ai tendance à également rapprocher ce présent-cadeau des débuts rigolards de Weedeater, autre troupe capable de haut et de bas, où les images de rednecks volant vers l'espace le cul comme fusée de lancement se chargent d'une poésie difficile à retranscrire.
Bien que constamment palpable dans ses riffs dont on pourrait citer platement les grands moments (solo qui fait marche seul à saut de cabri, montée soudaine mettant le cerveau en mode off ou ritournelle entêtante poussant à faire des grimaces devant sa glace en criant « Cocaiiiiiiineeeeee » !), l'essence de ce disque est ailleurs une nouvelle fois, dans ce sludge rustique et heureux comme Tom Sawyer au pays des drogues. Rappelez-moi, pourquoi je ne lui mets pas la note maximale déjà ?
| lkea 27 Janvier 2016 - 912 lectures |
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