C'est chose entendue : Fistula aime Grief.
Mais, c'est chose moins entendue : Fistula s'aime aujourd'hui surtout lui-même, au point de nous ressortir la même recette depuis
Northern Agression et son sludge / punk basique, mais qui avait fait ses preuves en 2013. Un
Vermin Prolificus moins enthousiasmant plus tard, les Ricains continuent la redite. Un parti-pris qui ne serait pas dérangeant en soi si la qualité était au rendez-vous. Vous avez sans doute déjà regardé la note de cette chronique : ce n'est pas vraiment le cas.
Il y a pourtant de quoi partir confiant sur
Longing for Infection. Après un premier titre aussi classique qu'efficace, « Morgue Attendant » fonce bras écartés vers une bêtise synonyme de bien-être qui, sans en atteindre le niveau, laisse espérer un
Idiopathic version 2016. On en est loin en vérité, Fistula s'enfonçant dans le cliché au fur et à mesure, notamment lors d'accélérations sonnant rapidement répétitives, convenues, malgré un habillage porté sur la puissance de feu (production chaude et crade de Dave Johnson, ayant déjà travaillé avec Midnight ou encore Incantation). Plus globalement, aucune surprise, aucun événement particulier, à se mettre sous l'oreille, les Ricains déroulant leur sludge connu depuis quelque temps sans varier excessivement leur propos. Un comble, pour un groupe qui savait auparavant évoluer à chaque sortie tout en gardant son âme sludge intacte (de la lourdeur extrême de
Burdened by Your Existence aux influences death metal de
We, The Beast en passant par le monolithique
Goat, il y avait de quoi s'étonner !). Ici plus qu'ailleurs, il rabâche jusqu'à une tracklist constituée de versions remaniées d'anciens morceaux (« Smoke Acid Shoot Pills » dont l'originale date de 2008 ou encore « Destitute », « Morgue Attendant » et « The Big Turnout » déjà rencontrés dans une demo sortie l'année dernière). Autant dire que ça fait mauvais genre, et pas celui que j'apprécie en temps normal.
Il faut se concentrer pour retrouver le talent de Fistula sur
Longing for Infection. Bien que présent, il ne se révèle qu'à de brefs instants (un breakdown sur « Smoke Acid, Shoot Pills » par ici, un sample bien envoyé sur « Detox » par là...), vite éclipsés par un retour à des pantoufles trop confortables. Ainsi, les moments lourds, souvent réussis, se retrouvent toujours plombés par des montées de tempos plates au possible et donnant finalement aux compositions le charisme d'un pneu crevé (à l'exception de « Destitute » qui, avec ses paroles de marginaux revanchards, possède un brin de personnalité). Certes, l'amateur de sludge canonique pourra prétexter que ce type de fainéantise crasse est ce qu'on attend de la formation, se situant plutôt du côté du bêta assumé que de quelconques notions de recherche ou d’esthétique, et que c'est pour cette raison qu'on l'adore. Mais cette posture a des limites que les mecs de l'Ohio ont clairement franchi ici, jouant leur sludge d'éclopé dans leur coin, sans réussir à transmettre pleinement leur haine.
Longing for Infection porte bien son nom : je désire durant ces trente-sept minutes une infection qui ne vient que trop rarement, coincé entre passages évoquant ce dont est capable Fistula et d'autres tournant à vide, où la patience s'émousse progressivement, pour une impression finale de disque essentiellement protocolaire. J'espère que la chaîne de montage se brisera avec
The Shape of Doom to Cumm ))), nouvel album prévu cet automne. En attendant, je ne retiendrai ici qu'une belle pochette signée Jason Barnett (réputé pour avoir illustré les contes de
Grime) et quelques riffs où les Ricains montrent qu'ils n'ont pas oublié comment faire voyager en pousse-pousse. Pour un groupe de cette ampleur, c'est décidément bien peu.
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