Parfois, tout se déroule comme prévu et ce n’est pas pour le mieux. Quand le label Relapse a annoncé la sortie de ce split entre Primitive Man et Unearthly Trance, l’image mentale de ce que pourrait être cette union s’est faite rapidement dans ma tête : deux groupes si différents, malgré des styles proches sur le papier, me semblaient d’avance complexes à conjuguer ensemble, d’autant plus concernant l’un deux dont la dernière réalisation (
Caustic) profitait énormément du temps long pour transmettre ce que son minimalisme extrême charriait d’hypnotisant derrière son exercice de style.
Car, en à peine plus de vingt minutes, difficile de trouver en ce split ce qui m’avait plu chez Primitive Man précédemment. Pire, la bande d’Ethan McCarthy frôle le foutage de gueule avec une introduction inutile (« Merging ») et une piste ambient / noise rachitique faisant se gratter la barbichette comme devant un cintre présenté en œuvre d’art dans un musée, sans cartel, sans lien avec le reste. Au final, les viandards n’auront que « Naked » à se mettre sous la dent, titre dans la pure lignée de
Caustic avec mosh-parts proches de la marche arrière, dissonances glauques et voix toujours aussi terreuse, où la sensation de s’enfoncer dans le sol jusqu’à devenir pierre parmi les pierres se retrouve – et s’effleure trop peu, ce seul moment donnant envie de s’impliquer durant dix minutes sur un ensemble de vingt. Décevant, au point d’être tenté de devenir mesquin, tant l’impression laissée est celle d’un groupe qui, à force de vouloir faire plus avec moins, tombe dans la fainéantise.
Surtout par rapport à Unearthly Trance qui, lui, semble avoir mis les bouchées doubles sur un temps tout aussi restreint ! Inutile de dire l’amour que je porte au groupe de New-York, la résurrection
Stalking the Ghost ayant entrainé chez moi une boulimie portée sur ses créations, à chaque fois différentes les unes des autres. Et ce split ne déroge pas à la règle : sorte de retour des Ricains au style de leurs débuts, période
Season of Seance, Science of Silence, mais avec leur expérience actuelle, le gang de Ryan Lipynsky mélange voix acide proche du black metal, riffs entêtants à la frontière entre rock, doom, sludge et hardcore ainsi qu’ajouts noise accentuant l’atmosphère forestière et tempétueuse dans laquelle nous sommes plongés pendant vingt-trois minutes. Certes, « Mechanism Error » fait craindre le pire, ce titre étant le moins bon de cette partie, mais la suite est si riche derrière une simplicité de surface (bon sang, mais ce ne serait pas Blut Aus Nord venant nous empoisonner sur « Reverse the Day » ?) que l’on se retrouve de nouveau conquis, espérant que la formation se fera de moins en moins chiche en expérimentation de ce genre (les amateurs feraient d’ailleurs bien de se jeter sur la compilation
Ouroboros regroupant anciens splits et EPs d’Unearthly Trance si ce n’est pas déjà fait, tant les titres ci-présents auraient pu y avoir toute leur place). Décidément un grand groupe, aussi original que pertinent, rare que constant.
Compliqué de conseiller vivement ce split donc, tant il fait le grand écart, à la fois en terme de style (malgré des matières premières communes, faites de sludge, noise, doom et atmosphères opaques) et sur le plan qualitatif. La note, tiède, reflète cela. Mais les conquis par
Stalking the Ghost auront toutes les raisons de se jeter sur ces quelques morceaux d’Unearthly Trance, une nouvelle fois maître en sa demeure, même quand il s’essaye à la colocation. Primitive Man, lui, fait se demander s’il ne ferait pas mieux de résilier son bail, tant c’est quand il est seul qu’il trouve toutes les latitudes où s’installer confortablement.
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