Encore un album harsh, indus, sale, maso mais surtout sado, « mon sex shop s'appelle Brico Dépôt » ? Oui, encore. Encore une histoire d’extrémisme, de volonté de faire mal, peur, une histoire de plaisir dérangé (pas dérangeant : on commence à avoir l'habitude), de frisson.
Encore... Sauf que cette fois, l'exercice fonctionne particulièrement bien, et particulièrement tout court, au point de vouloir en causer. Normal, quand on regarde qui est à l'origine du projet Beneath the Sod : Ray Keenaghan, batteur de
Wreck of the Hesperus et Gourd, pas le dernier quand il s'agit de jouer une musique glauque au possible donc. Mais plus qu'un essai où s'user les tympans sur des compositions violemment noise, son carnet de références en main (
Indian,
The Whorehouse Massacre,
Drug Honkey...),
Circling the Drain donne à entrer dans une atmosphère morbide, irréelle, où l'impalpable se laisse toucher du bout des doigts.
Un mauvais rêve vécu dans une paix de cadavre, l'humeur funéraire, doom, entouré d'un décors touché par le chaos : ses images parcourent l'écoute de
Circling the Drain avec une acuité étonnante pour une œuvre autant marquée du sceau de l'underground, semblant destinée à Ray Keenaghan, ses potes et sa famille. Une édition cassette ultra-limitée (120 exemplaires) – mais une version numérique disponible à tous – qui lui va bien, tant on a l'impression d'être ici face à une collection d'expérimentations étranges, faites dans sa chambre, un monde dans sa tête.
Car, comme Wreck of the Hesperus, Beneath the Sod dépeint des paysages avant tout mentaux, prenant la part industrielle des Irlandais pour la mettre au premier plan. Batterie sur-mixée, collages de sons et samples, une voix glaireuse et une guitare au son oscillant entre le strident et le granuleux (on notera la participation d'A.C. Rottt – Wreck of the Hesperus mais également Malthusian – sur « Twitching into Oblivion »), voilà pour les présentations factuelles type « âge, sexe, ville ». Seulement, ces quelques éléments concrets se délitent rapidement, fondent au service d'une ambiance claustrophobique, si irrespirable qu'elle semble se dérouler à l'intérieur de notre corps, corps non pas maltraité (ou si peu, cf. les boucheries que sont « Finality » et « Deathbed ») mais infecté, catatonique malgré les ennemis toquant à la porte de son esprit, comme enlevé de toute volonté. Encore un album harsh, indus, sale, maso mais surtout sado, prenant l'objectif de nous faire voir « le trou dans les choses », de nous emprisonner dans ses délires, ou les nôtres, on ne sait plus qui pense et fait penser ici, dans cette musique que l'on lance un livre près de soi, avant de constater que cela fait vingt minutes que l'on regarde dans le vide, la lecture arrêtée au milieu d'une ligne.
Oui, encore. Mais même si ce patchwork s'arrête un peu vite, même si
Circling the Drain effleure mais ne prend à pleines mains que rarement, faisant des sauts successifs dans le grand bain des idées noires là où Wreck of the Hesperus y travaille son apnée, aucun doute qu'on s'y colle, revenant régulièrement vers lui, fasciné, jamais repoussé. Enfin ! Je me demande quand même pourquoi j'en parle, puisque vous n'écouterez jamais cet album. Euclidiens que vous êtes...
Jaquette intérieure de l'édition cassette
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