Thou / The Body - You, Whom I Have Always Hated
Chronique
Thou / The Body You, Whom I Have Always Hated (Coll.)
2015 a à peine débuté que j'ai déjà l'impression de pouvoir faire un bilan de fin d'année où chacune des catégories que nous aimons utiliser – albums, découvertes ou encore surprises de l'année – trouverait au moins un disque pour l'habiller. Je vous laisse décider où mettre cette deuxième collaboration entre Thou et The Body – succédant à la déjà convaincante
Released From Love – mais une chose est sûre : elle y tiendrait une place privilégiée.
Car les deux entités ne font pas ici qu'enfoncer le clou : elles montrent que leur mariage est un peu plus que la somme de leurs musiques respectives et présentent, avec
You, Whom I Have Always Hated, des traits certes déjà rencontrés chez l'une ou chez l'autre... mais surtout les travaux d'une seule formation, dont j'ai encore plus de mal à définir l'ADN que précédemment. Impossible de savoir ici de quelle tête pensante vient telle idée sadique, de quels bras vient telle rythmique acharnée : ces six nouvelles compositions sont d'une telle violence que j'arrête bien vite le jeu des sept différences, pour me concentrer sur l'assimilation d'une expérience si riche et prenante que je ne souhaite pas en perdre une miette.
C'est que ça fait longtemps que je n'avais pas rencontré un disque de sludge aussi empoisonné. Abandonnant la part de mystère que contenait
Released From Love,
You, Whom I Have Always Hated avance limpide dans ses intentions d'abrutir ses victimes dans une orgie BDSM prenant des ampleurs de cathédrale en sa toute fin (« Lurking Fear » et ses chœurs). Pervers jusqu'à leur reprise de Nine Inch Nails, les Ricains n'en finissent pas de martyriser d'explosions si intenses qu'elles mettent rapidement de côté tous sentiments d'exutoire pour laisser le cerveau cramé – quant aux quelques valeureux qui décideront d’enchaîner les deux collaborations en une seule écoute... réservez un lit d'hôpital, on ne sait jamais.
Vous pourrez chercher des équivalents de toutes sortes à
You, Whom I Have Always Hated : vous n'en trouverez pas, que ce soit dans les discographies de Thou, The Body ou d'autres. Aussi sludge qu'industrielles dans leurs assauts lancés solidement harnachées au parquet, ces vingt-huit minutes – terriblement courtes, il va falloir penser à sortir un longue-durée – tiennent autant d'un style que de l'autre dans leur folie, dont on ne sait pas trop si elle rappelle Videodrome ou Gummo, Street Trash ou Tetsuo : The Iron Man. Une débilité si carnassière, venimeuse et chromée qu'elle renvoie à une forme d'intelligence maligne. Reste, pour totalement charmer, à développer davantage. Mais étant donné la « générosité » dont font preuve depuis quelques temps Thou et The Body, quelque chose me dit qu'on a pas fini d'entendre le résultat de leurs journées en laboratoire.
| lkea 16 Février 2015 - 1464 lectures |
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