La catégorie, peu fréquentée, des œuvres qui travaillent le blanc plutôt que le noir, celle où se sont essayés
Sink,
Bosque,
Liturgy ou encore
Blut Aus Nord. Voilà où se place cette collaboration entre The Body et Vampillia.
On connaît la capacité du duo Chip King / Lee Buford pour magnifier le style de ceux avec qui il collabore. Que ce soit avec le sludge de Thou, le punk industriel d’Uniform, le post rock de Braveyoung, le projet s’est souvent montré à l’aise pour parasiter, envahir l’espace de son compagnon du moment pour le muter, le rendre « autre », pervertir un ADN de ses lubies propres (on ne déplorera que les collaborations avec Krieg, Full of Hell et The Haxan Cloak comme semi-échecs). Ici, il manipule ce que la formation japonaise – prise seule, bien trop soignée et inoffensive à mon goût – peut avoir de méthodique et clinique pour en faire une expérience de mort imminente. S’ouvrant sur le rituel « Cold Bark Bite », des machines imitant les battements d’un cœur proche de l’arrêt, cette réunion débute par une lumière s’accentuant au fur et à mesure. Tout est marqué par une certaine beauté, une beauté coupante, altière et indifférente, des violons s’épanouissant loin de nous, des notes de piano cristallines nous envahissant d’une froideur aveuglante (« Chikatilo »). Une clarté qui n’a rien de réconfortante, si ce n’est qu’elle évoque le repos du mort.
C’est bien cette impression qui domine, devenant rapidement celle d’être un laissé pour compte dans une entreprise funeste. Une mort blanche, impitoyable, l’esprit à l’arrêt dans un temps allongé bien que fourmillant de mille choses. Le couperet tombe pleinement lors de « Hayha », ses trémolos élevés, magnifiques, où l’on suffoque pourtant, comme un trop-plein d’air qui tue nos poumons, avant que des rythmes anxiogènes nous poussent vers la lumière. Délicat, fiévreux, l’album déroule des sons taillés au scalpel et des mélodies à la grâce toxique. On doute pourtant de cette empoisonnement lorsqu’arrive « Far Away From the Light », ultime progression vers l’évaporation, un black metal gazeux se mêlant à l’atmosphère. Les dernières secondes du dernier titre, « The Day », apportent la réponse : il s’agit d’éteindre la vie, de l’enrober d’une lueur qui efface toute nuance, jusqu’à un silence que seul dérangera un son final, assourdissant, figurant la fin.
Et voilà qui, déjà, s'arrête.
xoroAHbin dure peu de temps, frôle parfois le remplissage (« The Day », long silence qui disparaîtra sur la réédition au format vinyle de Gilead Media) mais reste cohérent dans son discours où l’on n'a à déplorer que quelques ellipses, tant il est un développement clair et assassin où rêver à ce qui se déroule entre les cases. En cela, il est à mettre sur le même plan que
la collaboration entre The Body et Braveyoung, en ce qu’il figure une majesté où l’on voudrait voir se développer un peu plus ce qu’il se trame, là, « au-delà ». Le bel artwork de Metastazis peut sembler être alors une image tirée du film que cette bande-son habille. Un film enivrant, empoisonné, mortuaire, qu’il reste à imaginer.
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