chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

The Body - Christs, Redeemers

Chronique

The Body Christs, Redeemers
Christs, Redeemers ou le disque-passerelle de The Body ? Celui où le duo Chip King / Lee Buford quitte les sauvageries crues de All the Waters of the Earth Turn to Blood et commence son périple vers sa vision particulière de la beauté (qui prendra sa pleine forme avec No One Deserves Happiness) ? Si les choses étaient aussi simples avec ce projet unique en son genre, aussi complexe qu’évident (n’est-ce pas là la marque des vrais innovateurs, défrichant des terres que l’on a pourtant l’impression d’avoir toujours connu ?), ça se saurait...

En effet, ce qui choque au départ lors d’un retour sur la discographie des Ricains est cette progression que l’on sent vers ce qui explosera sur No One Deserves Happiness et se précisera sur I Have Fought Against It, But I Can't Any Longer : cette mélancolie qui nait du toxique, une musique de plus en plus introspective où The Body plie les cœurs après avoir plié les corps. Pourtant, les créations en mutation constante de la formation laissent toujours une impression énigmatique à leur écoute et Christs, Redeemers ne déroge pas à la règle. Car au-delà de cette idée qu’il est devenu avec le temps un album charnière pour le duo, d’autres ambiances, d’autres éléments, montrent qu’il est clairement réducteur de le considérer comme un simple « entre-deux ».

Imaginez arriver près d’une île, d’abord pris dans des remous à la fois tranquilles et éplorés, qui sont aussi ceux d’un vague à l’âme (« I, the Mourner of Perished Days » et ses similitudes avec ce qu’a pu composer de plus recueilli Menace Ruine). Vous accostez alors sur une terre où tout semble ordonné et en paix. Pourtant, il y a quelque chose dans cette lumière qui paraît irréel. Quelque chose dans cette terre qui est d’une pâleur terminale, la végétation environnante ayant une teinte translucide où les formes se devinent plus qu’elles se voient avec précision. Chaque chose a une couleur de mort, les mouvements semblant statiques, dénués du chaos marquant la vitalité. L’horizon est lointain et écrasant, à la fois trop proche et inaccessible, une ligne qui a la blancheur froide de l’hiver et paraissant envahir l’espace, mettant notre existence sous cloche. Avec, au fur et à mesure de l’exploration de ces contrées insulaires, à l’intérieur, la prise de conscience que ce paysage est une résultante de ce qui nous anime, que cette mort n’est pas dans les feuilles, dans l’air, dans le ciel, mais dans le regard que l’on porte, dans nos yeux. Cette île, c’est nous.

Voilà, de façon imagée, ce que transmet Christs, Redeemers : un passage d’un environnement létal à la cartographie d’un paysage mental. Ce pont entre l’agressivité de ce qui le précède et l’intimité de ce qui le suivra se retrouve dans ce mélange entre guitares ayant encore la sauvagerie des débuts et envolées marquant une grâce submergeant de tristesse, à l’image de « An Altar or a Grave », morceau hanté où The Body marie rythmes doom et industriels morbides avec une majesté solennelle. La voix de Chip King devient alors le liant entre ces émotions paradoxales, ballotés que nous sommes par les assauts de « Failure to Desire to Communicate » ou « Shrouded », pris par les larmes implacables de « Night of Blood in a World Without End » (The pain of living holds no victory...). Ce cri si particulier, enfantin, naïf tant il est extrême et braillard, devient alors l’expression d’une terreur première face à tout cela, l’expression brute de l’effroi devant l’ignoble, où « Bearer of Bad Tidings » résonne comme la conclusion barbare d’une expérience faisant rêver à un rituel purificateur vécu en martyr.

Aussi saisissant que puisse être ce passage d’une terre inconnue à une autre, Christs, Redeemers contient quelques instants où l’on perçoit que The Body commençait à se sentir étriqué dans sa forme d’alors, notamment durant « Prayers Unanswered », d’allure plus classique à l’échelle du projet. The Body ira logiquement vers plus d’intimité par la suite, avec le succès que l’on connaît, mais cet album vaut bien qu’on s’y arrête tant il s’inscrit comme une partie d’un ensemble qui, définitivement, est sans comparaison.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
The Body
Industrial Drone / Sludge / Noise
2013 - Thrill Jockey Records
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (2)  8.75/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
The Body
The Body
Industrial Drone / Noise - 1999 - Etats-Unis
  

vidéos
To Attempt Openness
To Attempt Openness
The Body

Extrait de "Christs, Redeemers"
  
An Altar or a Grave
An Altar or a Grave
The Body

Extrait de "Christs, Redeemers"
  

tracklist
01.   I, the Mourner of Perished Days  (3:16)
02.   To Attempt Openness  (6:59)
03.   Melt Away  (3:45)
04.   An Altar or a Grave  (5:06)
05.   Failure to Desire to Communicate  (2:56)
06.   Night of Blood in a World Without End  (2:30)
07.   Prayers Unanswered  (4:53)
08.   Denial of the Species  (4:27)
09.   Shrouded  (3:11)
10.   Bearer of Bad Tidings  (6:58)

Durée : 44 minutes 1 seconde

line up
parution
14 Octobre 2013

voir aussi
Thou / The Body
Thou / The Body
You, Whom I Have Always Hated (Coll.)

2015 - Thrill Jockey Records
  
The Body / Full Of Hell
The Body / Full Of Hell
One Day You Will Ache Like I Ache (Coll.)

2016 - Neurot Recordings
  
The Body
The Body
I've Seen All I Need To See

2021 - Thrill Jockey Records
  
The Body
The Body
I Have Fought Against It, But I Can’t Any Longer

2018 - Thrill Jockey Records
  
Thou / The Body
Thou / The Body
Released from Love (Coll.)

2014 - Vinyl Rites
  

Overkill
Immortalis
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique
Conquer or Perish European Tour 2024
Exhumation + Initiation + V...
Lire le live report
Evildead
Toxic Grace
Lire la chronique
Anthares
After the War
Lire la chronique
Void
Horrors Of Reality
Lire la chronique
Motocultor Festival 15
Griffon + Deicide + Inhumat...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Surgical Strike
24/7 Hate
Lire la chronique
The Hellectric Devilz
The Devilz Playground
Lire la chronique
Crushing Brain
Cenizas
Lire la chronique
Labyrinth
Unforeseen Consequences (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Août 2024
Jouer à la Photo mystère