Northern Silence n’est peut-être pas le label le plus prolifique qui soit mais ses nouvelles signatures restent souvent synonymes de belles découvertes voire de révélations (Woods Of Desolation). Quelques mois après la très bonne surprise
Ghostbath, la maison teutonne spécialisée dans le black metal draguera dans ses rangs le groupe indonésien Vallendusk. Formée en 2011, la bande aura déjà sorti un EP éponyme ainsi qu’un premier album (
Black Clouds Gathering) il y a deux ans sur le prescripteur asiatique Pest Productions. Des œuvres (désormais rééditées par Northern Silence) qui auront reçues des critiques plutôt élogieuses,
Homeward Path suit lui aussi le pas.
Pour les nombreux lecteurs qui comme moi découvrent Vallendusk, le groupe joue la carte du black metal atmosphérique « nature et découvertes » hommage à Drudkh et dans la lignée des récents Wodensthrone et Winterfylleth. Un voyage onirique survolant les paysages au climat tempéré (montagnes, forêts, lacs, plaines…) à une dizaine de milliers de kilomètres d’ici… Difficile d’imaginer que Vallendusk soit natif de Jakarta, le résultat est saisissant ! Mais un autre pilier plus imposant se fera rapidement sentir, une approche (très) mélodique scandinave (
Mörker du même label vient aussi en tête) comme deuxième poumon. Tous les codes habituels du genre sont utilisés : arpèges enivrants, mesures en 3/4, breaks acoustiques et surtout un nombre ahurissant de tremoli épiques utilisés sur chaque morceau de
Homeward Path. Un travail impressionnant qui ne vire jamais dans la surenchère ni le mièvre. Impossible de ne pas succomber à « Windswept Plain » (vitrine parfaite du black metal de Vallendusk), « Erath Serpents » (7:28), « The Anchors » (6:38) ou « Rings Of Fire ». Sans compter les soli parsemés de « The Wayfarers » (3:58), « Rings Of Fire » (9:34) ou « Grains Of Horizon » (3:16). Les gourmands du riff titilleur et indécrottable pourront faire le marché sourire béat.
Obnubilé par ce riff entêtant, Vallendusk en oubliera malheureusement parfois ses structures et le « package » final. Les guitaristes peinant parfois dans les transitions de ses compositions mais aussi sur certains passages faisant presque office de « remplissage ». Ainsi quelques longueurs sur « Erath Serpents », « The Wayfarers », « Eyes Of The Watcher » qui casseront la fluidité de l’album, de suite rattrapées par une mélodie des plus dévastatrices (voir plus haut). Le groupe aurait pu aisément rogner quelques parties (une moyenne de 9 minutes par morceau), le charme n’en serait que plus grand à mon sens. De facto une impression de « bloc à tremoli » manquant de nuances et de moments plus « aérés » afin de laisser respirer des tympans mis à mal par ce black metal intense. La rythmique jouant aussi à sa défaveur, une batterie martiale virile couverte d’une double pédale quasi sans temps mort. L’ajout d’un mellotron (Opeth avait lui aussi emprunté cet instrument, hommage aux géniteurs du rock progressif) plutôt discret en fond ou les percées en chant clair ne suffiront pas à effacer les tares conformistes. Des tares qui ne feront finalement pas le poids face au talent mélodique des Indonésiens.
Au-delà de compositions manquant encore de maîtrise, il nécessiterait peut-être cette once d’émotion et de personnalité pour que Vallendusk puisse franchir le prochain cap vers l’excellence. Les adeptes de black metal (ultra) mélodique à l’atmosphère épique (et carte postale de randonnée) seront ravis d’avoir déniché ce
Homeward Path, peu original certes (si ce n’est son origine indonésienne) mais ô combien efficace. Une suite plus concise et osée, Vallendusk rentrerait immédiatement dans les perles de l’année. Ce sera dans la catégorie « découverte » pour ce bilan 2015.
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