Entartung - Krypteia
Chronique
Entartung Krypteia
ENTARTUNG étant un groupe tout nouvellement créé, j’ai voulu laisser la chro à mon « gentil-moi », bien enseveli dans mes entrailles et toujours prêt à être indulgent envers les bébés du black. Généralement cela se passe bien, et je pose juste un enregistreur que je récupère à la fin. Seulement, cette fois-ci quelque chose à cloché et à mon retour, mon gentil-moi était affalé par terre, d’énormes traces rouges sur le visage. Il s’était apparemment pris une sacrée claque. Il avait été Entartungué ! Je m’emparais alors de l’enregistreur et découvrait le massacre...
« KRRRrrrRRr. Clac. Bonjour mon petit, alors tu es né il n’y a pas longtemps hein ! En 2011. Tu es encore tout chaud dis-moi ! Et tu viens donc nous proposer ton tout premier album, c’est ça ? Krypteia. Très bien. Tu as ? 6 morceaux dans ta besace ? D'accord, d'accord… enfin, c’est pas beaucoup quand même hein. Pardon ? Ils totalisent 46 minutes. Oui... Tu es sûr d'avoir bien compté ? Ça veut dire presque 8 minutes par morceau hein ! C’est long non ! Pas facile pour un jeune débutant de tenir la distance. Ah non, pas de problème, je me doute que tu y as mis toutes tes petites tripes... Et tu as fait ça tout seul alors ? Oh j’avais pas vu ton copain derrière. Deux personnes donc… Lykormas et Vulfolaic ! Très bien comme noms, ça fait peur ! Je grelotte d’avance ah ah ! Eh bien, écoute, on va découvrir ce que ça donne. Je mets mon casque et j’appuie sur play d’accord ? Ouh. Ah ! Oh là ! Mooo, mooooo, MOOoooooaAAarrrhhh. Clac. »
Et le silence. Puis moi qui revient... J'ai tout de suite compris que cet ENTARTUNG avait pris mon gentil-moi par surprise, et je passais immédiatement à la méthode opposée : faire sortir mon « vilain-moi », celui qui rigole en écoutant PROFANATICA et se réveille avec du sirop de PORTAL dans les narines. Je le prévenais qu’il allait se frotter à un mystère et que sa cotte de maille ne serait pas de trop. Je le laissais en compagnie de mon ami l’enregistreur et retournait à d'autres moutons. Et cette fois-ci.. terreur ! Lorsque je revins, le bougre était tout aussi allongé que son malheureux compère. Mais en y regardant de plus près, il n’avait point été violenté, il dormait avec un sourire d’ange et si profondément qu’il n’entendait pas mes appels désespérés pour le réveiller. Vite, enregistreur, dis-moi donc ce qui s'est passé !
« KRRRrrrRRr. Clac. Alors les petits guignols, on se la raconte ? Premier album et ça a le bambou qui fait coucou à maman. Mais vous venez d’où avec vos tronches de premiers de la classe ? Allemagne ! Les plus belles ! OK, alors vous gueulez en chleu ? Pile poil ! Bien, bien... Et ça raconte quoi ? Comment vous avez dépucelé vos mères ? La gloire à Satan et à la fin du monde dans les flammes ! Non ? Quoi qui quoi ? Vous causez de philosophie et d'anciennes mythologies ? Mais c’est petite bite ça... Non, non fermez vos boîtes à pus, on va plutôt voir ce que vous avez dans le bide ! Ouh. Ah ! Oh là ! Mooo, mooooo, ZZZzZZZzzzzzz. Clac. »
Mes deux avatars ayant rendu l'âme, je ne pouvais plus y couper. je prenais donc le relais et le mystère fut rapidement éclairci.
ENTARTUNG sort peut-être son premier album, celui-ci est étonnament mature, maîtrisé et riche. Suffisamment pour surprendre et impressionner celui qui ne s’y attend pas. La production est très bonne et trahit la nationalité du groupe tant c'est carré et professionnel. C’est un des éléments qui les rapproche de LUNAR AURORA et (G)EÏS(T), comme le goût pour le black atmosphérique au dosage parfait d'agressivité et de rêve. Cette ressemblance est confirmée par l’emploi de claviers apportant un côté spatial. C'est flagrant sur « Der Sieg der Vergänglichkeit » et « Wenn die Jagd Beginnt ».
Par contre, on ne peut pas dire que ce sont des Allemands typiques parce que les guitares jouent beaucoup plus sur les mélodies que leurs compatriotes habituels. Elles sont très aérées, galopantes et parfois même joyeuses comme chez certains Français et Finlandais. Le résultat est excellent sur 3 titres, « Flucht in die Finsternis », « Der Sieg der Vergänglichkeit » et « Boreas, Gott der Nordwinde ». L’énergie déployée y est incroyable et fout un coup au cul tel qu’on en décolle du siège à chaque écoute. Ils sont bien mis en relief par le contraste avec des vocaux toujours sombres qui nous permettent de garder un bon pied dans l'obscurité. Ils jouent avec des effets "à bout de souffle" assez bons. Un peu plus de variété aurait cependant été la bienvenue.
Les 3 autres titres mettent moins la patate, et il y a même un long temps mort durant les 3ème et 4ème morceaux. « Über die Grenzen des Todes » et « Drei Milliarden Herzschläge » sont moins percutants et peuvent faire perdre le fil. L’esprit vagabonde alors ailleurs une dizaine de minutes. C'est un peu le même constat avec le morceau qui cloture l’album. Lui aussi est un ton en-dessous du fait qu’il tente de calmer le jeu sur sa première moitié. Le rythme y est plus doux et il faut attendre sa dernière partie pour retrouver de belles envolées.
Alors cet album surprend bien entendu et vaut vraiment le coup. Il est cependant à considérer comme le gros chien d'à côté, celui qui aboie et surprend à chaque passage, celui qu'un écriteau désigne comme un "chien méchant", mais qui est loin de mordre finalement. Il est même plutôt sympathique et on passe un bon moment en sa compagnie !
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