Tous ceux qui ont envie de faire un jeu de mot trop facile avec le nom du groupe sont priés de retrouver leur sérieux, car en fait ils ne feraient que montrer leur ignorance. Non,
ENTARTUNG n’a rien à voir avec Noël Godin ! Le groupe n’est même pas belge ! Allemand. Et en fait, « Entartung » signifie « dégénéré », comme dans « Albrecht II., der Entartete », soit Albert II le Dégénéré, margrave du 13ème siècle que tout le monde connaît bien entendu ! Ah ça calme hein, on a moins envie de faire le malin tout à coup !
Enfin, je comprends bien le petit sourire qui peut apparaître à l’évocation du nom du groupe puisque je l’ai eu aussi lorsque le premier album est sorti en 2012.
Krypteia était très prometteur et ceux qui en ont lu ma chronique se souviennent que j’en vantais l’équilibre entre la rugosité et la douceur. Eh bien les 8 nouveaux morceaux en proposent une suite logique.
Cette fois-ci encore, cela s’entend rapidement qu’
ENTARTUNG est allemand. Le duo, inchangé depuis la formation, officie dans un black atmosphérique d’excellence reprenant les éléments, connus, ayant fait la renommée de leurs compatriotes et maîtres du genre,
LUNAR AURORA,
IMPERIUM DEKADENZ ou encore
EÏS. Tout d’abord, ce nouvel album partage le même goût pour les passages survoltés et déchaînés, parfois si destructeurs qu’ils font penser aux autres Allemands de
MOONBLOOD, comme s’ils avaient troqué leur vieux son pour une production plus claire et plus propre. Ensuite, les similitudes se retrouvent dans la forte place pour les éléments plus doux qui temporisent et controlent la bête : des introductions ou intermèdes au piano, des breaks à la guitare sèche, l’incursion de quelques vocaux clairs et de chœurs, des samples de sons naturels tels que la mer. C’est amusant d’ailleurs de constater que les Allemands cités plus haut ont presque tous utilisé le bruit des vagues sur un de leurs albums.
Mais
ENTARTUNG ne fait pas que copier, plaisamment, son propre pays, et il sait ajouter de temps à autres des riffs mélodiques entêtants et des nappes de claviers aux saveurs plus finlandaises. Ailleurs, ce sont les vocaux qui se font plus torturés et vont jusqu’à rappeler les cris terrifiés de l’Autrichien de
HELLSAW (« To Conquer Immortality »). Le résultat est bien entendu à la hauteur des espérances avec une tension maintenue durant 45 minutes mais la deuxième moitié de l’opus est moins marquante que la première. Les premiers morceaux, principalement « Blasphemaverit in Spiritum Sanctum » et « Out of Darkness into Light », arrivent à nous faire sortir des « Oh là là » admiratifs qui se font bien trop rares par la suite.
Au final
ENTARTUNG poursuit sa route et reste très agréable à écouter, sans toutefois se positionner dans les groupes indispensables de l’année.
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