Si jamais vous étiez fan, ou tout du moins amateur, de la musique des Français de
CEPHEIDE, il va vous falloir passer par une période de deuil car il semblerait que «
Consequences » soit la toute dernière activité de la formation. L’héritage laissée est somme toute honorable : la démo «
De silence et de suie », l’EP
« Respire », deux albums («
Saudade »,
« Les échappées ») ainsi qu’un excellent
« split » partagé avec
TIME LURKER, sans doute l’une des meilleures sorties du label
Les Acteurs De l’Ombre. Pourtant, en dépit de cette carrière qui était encore riche de promesses, les Parisiens semblent nous quitter par la petite porte : un « deux titres » édité en indépendant et où
Gaëtan (alias
Joseph Apsarah) retrouve le bassiste de «
Saudade »,
Hugo Beauzée-Luyssen.
Deux compositions (sobrement intitulées « I » et « II »), c’est vrai que l’auditeur pourrait trouver cela un peu maigre, d’autant qu’elles sont totalement instrumentales. Néanmoins, leurs huit et seize minutes respectives laissent à penser que le duo n’a pas bâclé les choses et qu’il entend bien partir sur une acmé. Et alors que « I » explose dans nos oreilles, la première chose qui vient en tête est « Putain ! C’est très vénère ! ». Oubliez la production finalement trop aseptisée de «
Les échappées », la formation renoue ici avec une approche crue et dépouillée d’un
black metal belliqueux aux ramifications multiples : tantôt hyper speed, tantôt martial, parfois atmosphérique, parfois même
post, le tout joué avec beaucoup de reverb sans pour autant tomber dans l’écueil de la production lo-fi, qui m’a toujours dépité. Bien sûr, je regrette un peu l’absence de chant, d’autant que
CEPHEIDE avait un univers langagier qui lui était propre mais les morceaux sont cependant suffisamment riches, voire chargées, pour rendre quasi superflue la présence d’un vocaliste.
Du fait de sa longueur, « II » ne pouvait pas atteindre le même niveau d’intensité que le titre d’ouverture, aussi les moments planants sont-ils davantage présents, avec un renforcement du rôle de la basse, plus ronde, et qui confère donc une solide assise rythmique à ces seize minutes. La mélancolie propre au groupe s’y fait également davantage sentir, le fait que le disque se termine ainsi donnant le sentiment que c’est la mort dans l’âme que les musiciens rendent leur tablier (toujours ces métaphores approximatives). Ce qui ne change en revanche pas, c’est cette batterie tout droit sortie de l’ancien temps, qui martèle et claque comme au plus profond des 90’s, le final à douze minutes, quasi
black doom, étant particulièrement prenant.
Une telle sortie, que d’aucun appellerait « chant du cygne » (noir), ne fait que plus amèrement regretter la disparation de
CEPHEIDE, même si l’on se doute qu’un tel talent ne restera pas bien longtemps muet et que l’on retrouvera vite ces messieurs sous de nouvelles ambitieuses bannières. Il reste qu’avec cette sortie, le groupe boucle admirablement sa carrière, se replongeant dans les débuts extrêmes de sa première démo tout en incorporant les fruits de l’expérience ainsi qu’une dimension cosmique que l’on avait qu’entre aperçue jusqu’alors. Ainsi, même ceux qui furent peu réceptifs aux efforts précédents pourraient être séduits par ces deux compositions qui laissent ces artistes aux portes de la première division. On se prend alors à rêver d’un album complet de la même trempe, avec cette fois un chanteur enragé, ce serait alors tout simplement magnifique. Repose en paix.
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