Cepheide - Les Echappées
Chronique
Cepheide Les Echappées
Malgré des qualités évidentes étalées sous différents formats physiques on ne peut pas dire que le nom de CEPHEIDE soit celui qui vient en premier quand on parle de la scène Black hexagonale - comme au sein des signatures nombreuses des Acteurs de l’Ombre (où il a sa place au sein du catalogue), tant il a jusqu’à présent manqué à ce projet un soupçon de maturité pour passer à l’échelon supérieur. Car bien qu’il ait une vraie personnalité et une originalité certaine tout ceci sonnait parfois un peu juste et l’on finissait par se demander si son passage à vers l’âge adulte verrait finalement le jour, et le moins que l’on puisse dire c’est que les espoirs placés dans l’entité sont enfin comblés et que deuxième album est clairement sa réalisation la plus aboutie. Si on avait déjà senti lors du Split avec TIME LURKER qu’il ne lui manquait pas grand-chose pour enfin atteindre sa plénitude musicale ceci est enfin arrivé aujourd’hui, sans doute dû au fait que sa tête-pensante a repris seul les commandes de son bébé, comme cela était le cas originellement. En effet son acolyte François Saint-Voirin ne fait plus partie de l’aventure, ce qui n’a heureusement pas eu d’effet notable sur la ligne directrice de ce (à nouveau) projet solo aux accents cosmiques, brutaux et solaires.
Car rien n’a changé dans l’orientation et c’est tant mieux vu que celle-ci fait indéniablement le charme et l’identité du groupe, et d’entrée avec « Le Sang » on est rassuré sur ce point-là vu que le chanteur et multi-instrumentiste nous balance son mélange si caractéristique de noirceur et de lumière assemblés de façon cohérente. Tabassant frontalement de façon majoritaire l’ensemble nous envoie dans le néant cosmique vers un voyage qui ne sera jamais de tout repos, tant la brutalité et le débit mitraillette y sont majoritairement constants. Néanmoins à l’instar des plages qui vont suivre tout ceci va être suffisamment varié pour ne pas être redondant, car si c’est une tempête de supernova qui explose au grand-jour dès le démarrage de cette odyssée, celle-ci va voir au milieu des riffs atmosphériques des passages plus lents où la reverb’ joue sur le côté glacial au soleil lointain pour densifier tout cela. Lumineux et remuant (et emmené par une batterie hypnotique) ce titre d’ouverture sert de parfait tremplin au suivant intitulé « L’oubli » intensif et instinctif où les ambiances violentes et débridées se mêlent à d’autres d’influences tribales, surtout quand la rythmique se décide à ralentir afin d’emmener l’auditeur plus loin vers les constellations en compagnie des sondes Pioneer et Voyager. Si le désespoir est largement présent de par les notes de guitares coupantes comme des lames de rasoir ainsi que via le chant criard et possédé aux accents d’exorcisme foisonnant, cela va être moins flagrant mais pas moins sombre sur les aériens et mélancoliques « L’ivresse » et « Les Larmes ». Car bien que les blasts soient présents ceux-ci vont s’effacer plus fréquemment pour laisser place à plus de passages lents où l’on croise les galaxies aux couleurs les plus chatoyantes remplies d’explorations sensorielles diverses, ces dernières étant propices à la rêverie et au recueillement de par une certaine tristesse, et ce même quand tout explose à nouveau… tant la brutalité frontale se mêle à merveille au sublime et au divin sur fond de zéro absolu et de vide sidéral.
Si l’équilibre des forces est ici relatif il permet de mettre en exergue la qualité du travail fourni particulièrement fouillé et qui va demander du temps, de la patience et du calme pour pouvoir être totalement appréhendé vu que chacune des écoutes va offrir un ressenti différent à chaque fois… signe du niveau proposé et de l’accroche qui reste continue. Après avoir offert deux visions opposées de sa musique le one-man band va mettre tout cela d’un seul bloc au sein de mêmes compos qui vont ainsi être encore plus denses et mouvantes, à l’instar du tentaculaire et météorique « Les Cris » au nom prédestiné tant il y’a de quoi avoir peur vu qu’on va avoir la sensation d’être perdu au milieu de nulle part, tel le petit vaisseau seul dans l’infini de l’univers sans espoir de retour ou de croiser quelqu’un. En effet la fureur y est omniprésente au départ vu que la batterie aux cassures nombreuses y est martyrisée avec virulence, sur fond de riffs hallucinés où les trous noirs les plus profonds côtoient les luminosités les plus brillantes, avant une chute rythmique où tout va s’apaiser comme un signe du danger désormais passé. C’est d’ailleurs dans le prolongement de cette construction que va se bâtir la conclusion intitulée « La Nausée », qui durant neuf minutes va nous faire passer par tous les états psychiques possibles. Débutant par des notes douces et un thème apaisant qui pour les plus vieux semble inspiré du générique de « Amicalement Votre », qui sent bon la nostalgie et le souvenir de belles choses via un lead désespéré et un entrain tranquille histoire de brouiller les pistes avant l’arrivée de l’inéluctable tempête qui finit par arriver en explosant de toutes parts, en vitesse comme en radicalité… mais toujours avec ce côté apaisant et religieux. En effet preuve en est ici les dernières secondes proposées, tout en harmonies spirituelles et apaisantes qui finissent d’achever l’auditoire, celui-ci pouvant désormais revenir à la vie et prolonger son expédition vers des lieux inconnus.
Comportant un maximum de renouveau et d’espérance dans son contenu celui-ci est une franche réussite totalement en raccord avec la ligne éditoriale de son label, malgré un hermétisme de façade et des plans (à juste titre) parfois un peu trop ressemblants d’une plage à l’autre. Sans étirer inutilement l’ensemble ce second chapitre reste cohérent sur toute sa longueur de par une durée générale assez courte qui lui confère ainsi une immédiateté plus présente, indispensable dans un genre si exigeant… et qui mérite clairement qu’on s’y attarde tant il y’en a à découvrir au fur et à mesure, ballotté par les diverses émotions et sentiments. Un vrai travail sur soi fort dépaysant propice à la rêverie, au repos et au relâchement intellectuel fort bienvenu et qui fait du bien tant ça permet de souffler et de se retrouver intérieurement, un bonus apprécié et appréciable à l’heure où l’hystérie collective sanitaire semble être repartie de plus belle.
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