Deux personnalités et deux musiciens plutôt précoces, Jacob Buczarski (Mare Cognitum) et Markov Soroka (Aureole, Tchornobog – feu Eternium – ex-Slow), deux entités basées aux États-Unis mais aussi deux styles musicaux et univers très proches ; autant de connexions qui ne pouvaient qu'aboutir à une rencontre. Une rencontre matérialisée en un split,
Resonance: Crimson Void, paru le 10 août en format digital et vinyle via le très bon label Fallen Empire Records. Si Mare Cognitum est déjà rompu à cet exercice (
Sol avec Spectral Lore, sorti en 2013), c'est une première pour M.S., semblant être à l'initiative de cette collaboration. Pourtant au gré des informations dévoilées sur les réseaux sociaux, les doutes se dissipaient peu à peu : artwork cosmique sublime réalisé par Nightjar Illustration – Adam Burke – (cf. Vektor ou encore les derniers albums de Aureole et Gatecreeper à venir), un concept spatial très fort (avec, notamment, des titres parlants), puis un premier extrait des plus convaincants. Au final, c'est donc le cœur léger mais empli d'attente que j'attendais ce split (de, tout de même, 40 minutes 26).
Se découpant en deux parties, presque égales,
Resonance: Crimson Void forme malgré tout un ensemble homogène avec des pistes liées entre elles et dont l'unique but est de vous perdre dans le néant cosmique. Le terme « résonance » est d'ailleurs porteur de sens ici avec ses sons mats de cloches, apportant un côté à la fois plus froid et funeste – qui fait également le lien avec l’œuvre de Aureole (vous retrouvez ses sonorités sur
Alunar et une cloche est visible sur tous les artworks du one-man band). Se sont d'ailleurs avec ces notes sombres que s'ouvre la section de Mare Cognitum avec le titre fleuve « Crimson Abyss: NGC 2237 ». La patte de Jacob Buczarski est reconnaissable entre mille avec des mélodies poignantes, une section rythmique parfaitement ajustée (avec un jeu de batterie varié), des soli heavy très lumineux ainsi que des envolées – mises en relief par les touches de synthé – à donner des frissons (cf. la seconde moitié du morceau). Notre homme souhaite prendre son temps afin de nous faire chavirer lentement dans l'abîme, débutant par des alternances entre mid tempos aussi riches en émotions qu'entêtants et interludes éthérés avant de monter crescendo. Aspiré dans le vide, des éclairs jaillissent de nulle part accompagnés par des déflagrations violentes dégageant une couleur pourpre, le rythme continuant de s'emballer sur la courte et percutante « Crimson Abyss: NGC 2238 » – renvoyant à
An Extraconscious Lucidity. Le ton se durcit nettement avec des riffs plus nerveux couplés au chant black toujours très arraché venant un peu plus vous enfoncer dans les ténèbres.
Après avoir été malmené puis recraché comme un vulgaire insecte, vous flottez groggy dans l'espace – toujours au sein de la nébuleuse de la Rosette. Le calme semble avoir reprit ses droits, vous laissant enfin reprendre votre souffle. Mais ce moment de répit sera de courte durée, les puissants vents stellaires vous frappant de plein fouet accompagnés par les notes de « Void Obsidian: NGC 2244 » – premier titre de la partie de Aureole. Introduction ambient épurée et déshumanisée, production plus raw, guitares grésillantes à souhait, M.S. peint son décor de couleurs grisâtres. La pression monte progressivement et le malaise est nettement palpable, vous enserrant peu à peu le cœur. Les riffs nerveux ainsi que la voix très éraillée, paraissant venir d'une autre constellation, s’entrechoquent avec un jeu de batterie très lent et monotone mais aussi des lignes de guitares plus aériennes. Les bidouillages sonores mettent en lumière ces contrastes et donnent un peu plus de corps mais aussi de personnalité aux compositions de Aureole (introduction et conclusion de « Void Obsidian: NGC 2244 » ou encore le passage renvoyant à Sunn o))) à partir de la 6ème minute sur « Void Obsidian: NGC 2246 »). De même, le one-man band fait preuve d'audace alternant davantage les tempos, n'hésitant pas à dépasser ses limites notamment sur un deuxième titre beaucoup plus percutant et abrasif (tout en gardant le côté entêtant propre à la formation), où les courants continuent de vous balayer avec force vous conduisant tout droit vers le néant.
Mare Cognitum et Aureole vous offrent un split cohérent et parfaitement orchestré, chacun apportant sa propre marque. Jacob Buczarski déroule son talent sans forcer, tandis que M.S. vous montre une nouvelle facette de son projet. Pas de temps mort donc durant ces presque 41 minutes et vous en sortez même, en dépit de la longueur des titres, avec un petit sentiment de frustration. Une belle mise en bouche en attendant la sortie prochaine de leurs albums respectifs.
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