Il se montre déjà bien actif, ce tout récent label français qu’est
Bitume. Après nous avoir conquis via sa trouvaille
GRANDIOSA MUERTE (
death metal) puis plongé dans la noirceur de l’hiver grâce au
doom death de
KAAMOSMASENNUS, il revient aujourd’hui avec la réédition du premier et unique album à ce jour de
REFLECTING THE LIGHT, un
one man band hexagonal de
black metal instrumental, atmosphérique et légèrement
post, évidemment. Ce disque, il fallait aller quand même penser à aller le chercher car en termes de confidentialité, il se posait là.
Initialement paru à titre d’indépendant en mars 2019, cet album éponyme se compose de cinq longues pièces pour un total d’une petite quarantaine de minutes. Etant globalement assez peu friand de ce genre d’exercice, ma découverte récente de
TENEBRISME m’a cependant aidé à mettre un peu d’eau dans mon vin. Je suis donc mieux disposé à découvrir le voyage auquel nous convie
Adz, compositeur multi-instrumentiste. C’est vrai que l’on imagine sans peine un chant hurlé venir se poser sur les titres, mais de la même façon que des voix
heavenly feraient tout aussi bien l’affaire. Cela pour dire que les pièces sont majoritairement ambients et atmosphériques, on retrouve les instruments traditionnels du
metal bien sûr mais tout baigne dans un pâle crépuscule de lune, ou dans les rayons d’un soleil mourant, au choix. Une musique triste donc, mélancolique, onirique peut-être également, sans ruptures.
Il s’agira d’ailleurs de souligner la qualité des structures musicales, très progressives, construites comme autant de récits où chaque instrument prend tour à tour la parole pour exprimer sa vision, le tout aboutissant à une espèce de fusion des principes masculins (la dureté des guitares, les blasts) et féminins (les nappes de claviers, les longues plages éthérées, l’harmonie). A titre personnel, c’est vrai que je regrette toujours l’absence d’une voix, même lointaine et sous-mixée, notamment pour habiller les instants un peu trop répétitifs, mais je reconnais que
Bitume n’a pas été raclé un fond de tiroir avec cette sortie somme toute très surprenante. Je retiens d’ailleurs particulièrement le final épique de « IV » dont la montée vers les cieux donne envie de ne jamais redescendre,
Adz a un style personnel qui le démarque du reste de la scène.
Après, c’est vrai que c’est aussi le genre d’albums qui procure un plaisir fugace, peut-être trop vite oubliée. C’est une personne croisée dans la rue avec qui il y a ce fameux
eye contact et qui procure un petit pincement à l’âme mais que l’on oublie après seulement quelques pas. D’ailleurs ça me fait penser que je n’ai plus jamais revu cette jeune femme que j’ai bousculée en sortant trop distraitement du restaurant japonais où je venais de récupérer ma commande, un samedi soir. Qui est-elle ? Qu’est-elle devenue ? N’est-ce pas elle, finalement,
REFLECTING THE LIGHT ? Cette inconnue au charme subtil qui pose une main sur ton épaule afin de ne pas trébucher ?
Recrute un chanteur et fais-nous encore rêver,
Adz !
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