Aureole - Alunar
Chronique
Aureole Alunar
« Génie ! », crieront les uns, « Foutage de gueule », marmonneront les autres. Il est des styles qui ne cesseront de diviser par leur côté insaisissable et abstrait, jouant plus sur nos émotions ainsi que notre imaginaire. Une musique introspective, qui loin de vouloir accrocher ou chercher à fédérer, reste difficile à appréhender ˗ voire exigeante ˗ malgré son minimalisme apparent. Et le black metal ambient délivré par le one-man band US Aureole, formé en 2013 par M.S. (Slow, ex-Eternium), fait irrémédiablement partie de ceux-là. Pourtant Alunar intrigue et n'arrive pas à me faire définitivement basculer dans l'un des deux camps, du fait d'un avis changeant selon l'humeur mais aussi la manière d'aborder l'album.
D'ailleurs le premier contact avec la formation a vite tourné court, coupant le son durant le titre d'ouverture. Trop lent, trop ennuyant, non ! Le moment était mal choisi pour se lancer dans l'aventure et s'immerger totalement dans cet univers, souhaitant avant tout me divertir sans prise de tête avec un genre musical plus immédiat et prenant. Mais après avoir passé plusieurs fois son tour, le nom d'Aureole refait surface avec son artwork tant troublant qu'aguicheur ˗ malgré l'air de déjà-vu, les châteaux et autres étant légions dans le black metal. Car cette citadelle croulante qui semble figée dans le temps et l'espace dégage une forte impression par son aspect interstellaire ainsi que sa morosité ambiante. Accolez à cela la bannière Fallen Empire Records et votre curiosité prend forcément l'ascendant, donnant lieu à une seconde tentative.
Et une fois n'est pas coutume, la persévérance paie. L'atmosphère à la fois feutrée et bourdonnante de « Citadel Alunar », souvent couplée aux touches de synthé salvatrices mais d'une luminosité vacillante, vous hypnotise au fil des minutes. La voix de M.S. se détache dans le lointain, ne faisant office que d'apparat secondaire, surlignant le côté spatial et hors du temps de la musique. Les carillons se font entendre de temps à autres ˗ notamment sur « The Voice of Nebular Flame » ˗ aussi doux que cristallins et donnent une dimension toujours plus féerique à l'ensemble. La formation tisse sa toile argentée, construisant ses longs titres fleuves par des ambiances tour à tour angoissantes, mélancoliques ou encore rituelles. Un black metal très low tempo et épuré qui vous berce avec des riffs entêtants ainsi que des nappes sonores cotonneuses, d'une simplicité déconcertante mais tenant en haleine par des petits ajouts bien sentis couplés à une intensité accrue.
Certes la mixture proposée par Aureole ne sort pas vraiment de l'ordinaire, rejoignant la longue liste de one-man band de black metal spatial aux côtés de Spectral Lore ou bien Mare Cognitum ˗ avec lequel un split est en cours de réalisation. Cependant Markov Soroka n'est pas un nouveau venu dans la scène et distille ici ses connaissances en matière de musique lente et funèbre. Il arrive à sortir son épingle du jeu grâce à des morceaux quasi instrumentaux portés par des nappes sonores très langoureuses ainsi que des passages dark ambient ciselés. Alunar aurait pu sortir via Cyclic law tant certaines parties font penser à des groupes tels Northaunt, Kammarheit, etc. Un apport, encore une fois, tout en sobriété qui vient conforter votre sentiment de malaise et de désolation. Une impression tenace et dérangeante fait lentement son chemin, vous déstabilisant tout au long de l'album, dans laquelle vous vous voyez flotter seul(e), en apesanteur, abandonné(e) de tous dans ce vide intersidéral. Vous êtes insignifiant, comme le temps qui semble s'être arrêté, le regard hagard contemplant les astres décrépits et mourants.
Néanmoins cet aspect peut rapidement prendre une toute autre tournure, selon votre état d'esprit, vous faisant plonger dans une profonde lassitude. Un style musical qui est, donc, à double tranchant et difficile à évaluer. Pourtant la formation ne démérite pas, arrivant à jouer avec vos émotions par des nappes sonores, d'une singulière sensibilité, à la fois éthérées et spectrales. De même l'ensemble reste cohérent et intelligible malgré des petites longueurs ici et là ˗ particulièrement l'interlude « The Senility of the Hourglass » ˗ et des inégalités flagrantes ˗ la ritualiste « Alunar, Decrepit... » surclassant haut la main les autres morceaux. Enfin, le synthé omniprésent et savamment dosé va paradoxalement être le point noir d'Alunar, sonnant beaucoup trop kitsch et plastique sur certains passages, « Crusade of NGC 5128 » en tête.
Une œuvre troublante qui ne fera certainement pas l'unanimité et qui pourrait finalement être définie en un seul mot : lunaire.
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