Une vraie tornade. L’étendue des dégâts au sortir d’une première écoute de « Manifesto » est considérable, surtout si l’on s’attend à une montée graduelle d’intensité comme les Lillois l’ont joué sur le monumental
« Burial Ground ». D’autant plus difficile de prendre le train en marche lorsque l’étayage black/doom vole en éclat au profit d’un retour en force du death metal dans tout ce qu’il a de plus féroce ! En retard sur toutes leurs attaques placées (« Todestrieb » tacle à la gorge d’entrée de jeu), j’ai couru dans le vide 10 titres durant, ne reprenant mes esprits que lors du lancinant final « Infamy Be To You », pendant frenchie du « To The Mountains » de qui vous savez.
Boosté par l’arrivée de Frédéric Leclercq (KREATOR, ex DRAGONFORCE) à la basse et Jérôme Point-Canovas (ex-NO RETURN) à la six-cordes, LOUDBLAST redonne ici ses lettres de noblesse au genre qu’il a toujours défendu corps et âme : un death metal racé et torturé, capitalisant sur des ralentissements propices au développement d’ambiances fleurant bon le souffre et la perversion. Mais avant l’étalage des forces en présence, place au meilleur des années 90. Si vous avez oublié où se trouve la Pologne, révisez votre géographie avec « Relentless Horror », du VADER pur jus où les breaks meurtriers succèdent aux accélérations destructrices. MORBID ANGEL vous manque ? Penchez vous un peu sur les riffs les plus sauvages de « Erasing Reality », du « Gateways To Annihilation » dans le texte, en passant par l’amorce tellurique de « Preaching Spiritual Infirmity ». Goûtez enfin ce break à 3 :04 sur « Invoking To Justify », petit clin d’œil à PESTILENCE qu’on espère bien retrouver en forme début 2021.
Mais au final, toutes ces œillades aux vieux patrons du genre ne pèsent pas bien lourd face au savoir faire de Stéphane Buriez et Hervé Coquerel, reconverti dans le rôle de coach suite à une blessure survenue avant l’enregistrement. Sorti du banc de touche, le supersub Kevin Foley (je vous épargne son CV long comme le bras) démontre ici ses talents de caméléon en singeant à la perfection le jeu de son illustre collègue. Si je n’avais pas fureté sur le net à la recherche d’informations, je n’y aurais vu que du feu ! Menées à un rythme d'enfer, la décadente « Festering Pyre » et l'homérique « Into The Greatest Of Unknows » sont autant de témoignages de la surprenante vitalité d’un groupe jadis enterré au sortir d’un « Planet Pandemonium » enfoncé de toutes parts.
Une sacré revanche débutée six ans en arrière, car il n’est pas interdit de penser que LOUDBLAST vient tout simplement de livrer coup sur coup les deux meilleurs albums de sa longue carrière. Une perf d’autant plus impressionnante que bon nombre de formations courent en vain derrière leur glorieux passé sans faire preuve d’une once d’inspiration. Pas de ça ici avec des riffs terribles et un art consommé de la compo qui fait mouche, sans jamais sacrifier le supplément d’âme qui fait toute la différence durant chaque temps fort de « Manifesto ». Du démarrage envoûtant de « Invoking To Justify » aux ralentissements tétanisants de « The Promethean Fire », LOUDBLAST oublie rarement de jouer sur ses qualités premières : le mid tempo comme arme fatale, magnifié par les soufflantes imparables d’un Stéphane Buriez en forme olympique (quel growl mes aïeux !).
Ne relâchant l’étreinte que sur les deux derniers titres, « Manifesto » impressionne par la puissance qu’il dégage et l’apparente facilité avec laquelle ses géniteurs nous balancent dix classiques à la file dans un genre battu et rebattu depuis les calendes grecques. Preuve s’il en est que joué avec le cœur, le death metal peut encore accoucher de chefs d’œuvres 35 ans après la sortie de « Scream Bloody Gore » et « Seven Churches ».
3 COMMENTAIRE(S)
13/02/2021 09:55
05/12/2020 18:05
Ce "Infamy be to you" bordel... ou comment clôturer un album de façon magistrale.
05/12/2020 12:22