Golden Ashes - In the Lugubrious Silence of Eternal Night
Chronique
Golden Ashes In the Lugubrious Silence of Eternal Night
Si tu es un observateur attentif de la scène BM, le combo néerlandais ne t’aura pas échappé. Golden Ashes a beau être discret, il n’en est pas moins présent et même, pourrait-on dire, omniprésent. De fait, les bataves n’ont qu’un album à leur actif (Gold Are the Ashes of the Restorer) mais un album de très haute volée, qui a surpris pas mal de monde dans le microcosme, pas toujours très honnête intellectuellement, du BM.
In the Lugubrious Silence of Eternal Night se présente à nous un an plus tard et le moins que l’on puisse dire, c’est que Golden Ashes enfonce le clou avec panache. L’hyper actif Maurice de Jong, tête pensante du combo et également, parmi les plus connus, homme à tout faire chez Gnaw their Tongues, vient y libérer ses énergies lumineuses, comme l’illustre avec autant de grâce la très belle pochette de l’album.
Car c’est bien là l’une des forces du BM de Golden Ashes ; quand Gnaw their Tongues te happe dans la noirceur des abysses, Golden Ashes se démarque en porteur de Lumière. Si l’intensité des deux combos majeurs du sieur de Jong est finalement assez similaire, si les atours expérimentaux / bruitistes s’y taillent une part sensiblement égale, Golden Ashes se repaît davantage dans le jardin d’Eden, baignant tout entier dans des atmosphères lumineuses, incandescentes et ouatées.
Dès l’ouverture (As Sacred Bodies Wither into Nothingness ; Let Death Stalk My Enemies, Let the Grave Swallow Them Alive), le ton est donné. La batterie (une BAR) épileptique tapisse l’espace musical quand le reste de l’instrumentation développe ses atours ultras symphoniques, comme portée par la Grâce. La voix déchirée / hantée se pose comme par inadvertance, noyée dans le mix, ensevelie dans une structure surchargée en informations et qui pose, d’emblée, une atmosphère emphatique absolument immersive. L’orchestration est grandiose ; elle ne laisse aucune place dans l’espace sonore, aucunes ténèbres pénétrer. Tel un serpent, cette masse sonore se développe, repte et pénètre les sens de l’auditeur.
Le caractère ramassé des titres (aux alentours des 5’) appuie l’absence de temps morts et l’impression d’être happé dans un flot ininterrompu de mélodies symphoniques, d’être porté par la structure des morceaux comme une branche sur une vague. La densité des titres renforce cette impression, les espaces de respiration étant quasi inexistants ; l’homogénéité de l’album et son caractère « écrasant / immersif » vient précisément de cette intensité qui jamais ne décroit. Même lorsqu’un titre vient briser la dynamique en ralentissant le tempo (Amongst the Mossy Tombs ; In the Lugubrious Silence of Eternal Night), l’architecture des morceaux est à ce point chargée en informations variées qu’elle ne laisse guère de répit à l’auditeur, l’asphyxiant par l’exigence d’écoute qu’elle lui impose.
L’omniprésence des nappes de claviers peut rebuter l’amateur de dissonances. Pourtant, comme chez Forest par exemple, dans un tout autre style, le synthé contribue à poser une ambiance divine, d’apothéose musicale. When Every Word Uttered Is as Whip Cuts into Flesh, From Grace into Utter Ruin et Black Tongue Mouths Murmur Black Prayers, qui constituent le cœur de l’album, sont ainsi totalement portés par ces nappes grandioses, comme autant de traits lumineux traversant les nuages. L’emphase y est la norme ; l’impression d’embrasser les cieux, sa traduction. La voix de de Jong sonne encore plus désespérée, comme un aveu de son impossibilité d’atteindre le divin. La BAR martèle comme jamais, offrant un contraste remarquable avec l’hyper fragilité des claviers.
Golden Ashes réussit le tour de force de proposer un album étouffant et lumineux, asphyxiant et divin, comme tutoyant les cieux tant les orchestrations sont riches, denses et sereines à la fois.
| Raziel 21 Novembre 2020 - 1665 lectures |
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