Time Lurker / Cepheide - s/t
Chronique
Time Lurker / Cepheide s/t (Split-CD)
Après avoir reçu des critiques dithyrambiques de son album éponyme le projet solo de l’alsacien est de retour avec deux nouvelles compositions, dans la droite ligne de ce qu’il avait proposé il y’a un an et demi. Plutôt que de faire patienter inutilement son public en attendant un long-format loin d’être réalisé celui-ci s’est associé au duo parisien qui pour l’occasion dévoile un morceau inédit, pour un résultat global de plus d’une demi-heure qui va satisfaire les fans de l’une ou l’autre des entités. Si du côté du premier il n’y a pas d’évolution majeure à signaler en revanche pour les seconds celle-ci se fait discrète mais de plus en plus aboutie, notamment depuis l’arrivée du multi-instrumentiste François Saint-Voirin qui a amené une dimension cosmique et éthérée qui trouve ici son écho parfait. Sur le papier le mélange proposé est des plus prometteurs, surtout quand on connaît la qualité des Split proposé par le label angevin, qui n’hésite pas à mélanger les genres mais dont l’intégration est en totale adéquation avec le reste.
C’est à TIME LURKER que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités, et comme on avait pu le percevoir sur son album du même nom celui-ci possède un potentiel impressionnant qui va trouver ici un écho supplémentaire, tant ce qu’il propose aujourd’hui a encore gagné en profondeur. Dès les premières notes de « No One Is Real » on se retrouve embarqué dans un voyage à travers les ténèbres, la folie et l’espace infini, vu qu’après une longue introduction froide et nocturne la tempête s’abat via un déluge de blasts calés au milieu d’un nuage d’atmosphères brumeuses et impénétrables. Après un tabassage relativement long le rythme va se calmer et s’abaisser fortement afin de proposer un souffle de respiration au milieu de ces déferlantes, jusqu’à un break salutaire où seule la guitare émerge de cet océan de brouillard et de vent avant que des passages Doom ne viennent s’imposer précédant ainsi le retour de la violence. Intervenant d’abord sous forme de solis déchirants et désespérés, et portée par une voix criarde et suicidaire, celle-ci conclut les hostilités par une ultime rafale de moments ultra-rapides, permettant ainsi de terminer dignement ce titre d’ouverture absolument impeccable où toute la palette de son créateur est mise à l’honneur, et qui reprend tout ce qu’il avait montré dans un passé proche. Cependant s’il n’a pas pris ici de risques cela reste malgré tout de très haute volée (porté également par une production crue et homogène qui met en avant tout le sens du feeling de Mick), celui-ci va confirmer cela avec le monstrueux « Unstable Night » où il va pousser sa musique plus loin encore. Après avoir débuté par un long riff pénétrant place à une explosion de tous les instants où il se déchaîne littéralement sur sa batterie, lui donnant un groove et une puissance jamais entendue chez lui auparavant, avant de s’offrir une pause bien méritée. En effet une ambiance mystérieuse prend place dont le point d’orgue est l’arrivée de passages religieux opaques, et difficiles à situer dans cette spirale météorologique instable. S’il est moins psychotique que ce qui a été entendu juste avant ce morceau est en revanche plus ésotérique, et porté par un grand-écart rythmique imposant. Cela permet au strasbourgeois de jouer sur un éventail plus large, montrant ainsi qu’il est tout aussi maître de son sujet en mode plus posé comme lorsqu’il pousse sur le champignon. Si sa patte est aujourd’hui reconnaissable il confirme surtout son incroyable potentiel, vu qu’il a augmenté à la fois son niveau de jeu comme sa qualité d’écriture, et surtout sans y perdre en fluidité comme en accroche. Du coup ce qui est sûr c’est que sa prochaine sortie sera scrutée et analysée avec une grande impatience et attention, nul doute en tout cas qu’il fait partie désormais partie du haut du panier de la scène noire française actuelle, et on ne va pas s’en plaindre.
Du côté de CEPHEIDE c’est l’émotion et le voyage qui vont primer, si on savait que le binôme adorait jouer avec cela sur le très réussi EP
« Respire » (et aussi sur l’opus « Saudade ») il va ici pousser son cheminement à son paroxysme, en se payant de très longues plages répétitives et enivrantes. Si au départ l’ensemble est basé sur l’infini de l’espace (tant la reverb’ donne des allures cosmiques à la musique) la suite va osciller entre blasts légers et moments plus lents où la folie et le tourment semblent vouloir s’évaporer, le meilleur exemple étant cet interlude doux et apaisant avant que la machine ne se remette en route. Si le groupe nous embarque facilement dans son univers il a cependant tendance à un peu trop étirer certains plans (qui du coup finissent par se répéter inutilement et dont l’attrait s’estompe un peu), d’autant plus qu’ils ne varient pas des masses et renforcent de ce fait le sentiment de redondance. Heureusement l’apparition de passages plus doux et cotonneux, conjugués à du solo fluide et en finesse remontent l’intérêt, et ce grâce également à du mid-tempo entraînant qui fait définitivement taire les mauvaises langues. Certes on pourra reprocher un manque de brutalité et une durée excessive mais la construction est tellement bien faite et l’amalgame en place avec brio qu’il ne faut pas faire la fine bouche, et au contraire apprécier cet instant à la fois relaxant et apaisant qui se déguste tranquillement.
Autant dire qu’une fois encore la scène hexagonale frappe les esprits par sa densité et son originalité, et qu’on a franchement de la chance qu’elle se maintienne à ce niveau élevé. Si la ligne directrice des deux formations est relativement semblable elles ont chacune leur propre identité, même si la première a pris un léger ascendant sur la seconde pour qui rien n’est encore perdu à condition de corriger les petits défauts cités auparavant. En tout cas on a déjà hâte d’entendre ce que donnera la suite de leurs aventures, et nul doute qu’on risque d’être séduits tant ce qu’on perçoit chez elles est digne d’intérêt et complété par des personnalités très fortes. Bref tout cela met en exergue le meilleur du savoir-faire national qui n’a évidemment rien à envier aux grandes nations et aux grosses écuries (le rendu ici exposé ne fait que le confirmer). A suivre donc !
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