Cepheide - Respire
Chronique
Cepheide Respire (EP)
Depuis sa formation en 2013, Cepheide a bien évolué connaissant par la même un beau succès dans l'underground, avec dernièrement un deal passé avec Sick Man Getting Sick Recording et Fallen Empire Records pour la sortie vinyle de leur second court-format Respire. Un résultat non démérité vu le travail accompli par les Français ainsi que leur montée en puissance en l'espace de quelques années et deux mini-albums réalisés, De silence et de suie en 2014 et celui cité plus haut en 2015. C'est d'ailleurs avec le dernier né dont il est question ici que je me suis réellement penchée sur ce groupe, attirée par le visuel à la fois sobre et stylisé, des titres en français intrigants ainsi que des chroniques élogieuses. Une chute vertigineuse dans un univers sombre et instable.
En effet, malgré divers changements notables avec un rythme moins soutenu, un ensemble moins rugueux ainsi que des morceaux nettement plus longs et ambiancés, le duo a su garder cette fragilité et folie sous-jacentes. Il montre une seconde facette, gardant également le côté très soyeux des mélodies tout en grossissant le trait, délivrant un rendu plus réfléchi et contemplatif, le tout rehaussé par une production davantage claire – mais organique – et puissante. Cet EP vous aspire peu à peu avec des lignes de guitares souvent graciles et mélancoliques tournant en boucle et sur lesquelles viennent se greffer au gré des minutes d'autres éléments (batterie ou encore vocaux toujours sur le fil) comme sur l'introduction de « Le Souffle Brûlant de l'Immaculé ». Faisant la part belle aux low et mid tempos, les Français arrivent à vous tenir en haleine et vous donner la chair de poule, par des changements de cadences et quelques montées en puissance bien sentis. De plus, les petites notes cristallines et épurées tout comme l'atmosphère cosmique se dégageant au fil de l'écoute (le passage entre les deux titres) – me renvoyant notamment à Alrakis – renforcent cette impression de lâcher-prise.
Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu !
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu !
Mais sous ses dehors de voyage aux confins de l'univers, Respire reste foncièrement humain. L'Homme dans tout ce qu'il a de plus vil, sombre, incertain, son caractère éphémère hantant les compositions. Que ce soit par les nappes sonores des plus nostalgiques et délicates, la douleur crachée par Gaëtan, les répétions entêtantes ou bien la gravité de certaines parties (la première partie de « La Chute d'une Ombre » en est un bel exemple). Le spleen pose ses marques d’entrée de jeu avec un titre introductif déchirant vous poussant dans vos retranchements, particulièrement lors de parties plus agressives – rappelant Ash Borer. Car la barrière entre raison et démence est extrêmement ténue, vos propres ténèbres s'ouvrant et s'étalant sous vos pieds. Un courant froid et tumultueux vous frappe de plein fouet, ne desserrant son étreinte qu'à de rares occasions sur des interludes certes aériennes mais emplies de noirceur. En effet, l'intensité va s’accroître tout au long de ce mini-album et le ton va sensiblement se corser, en dépit des variations et éclairs lumineux, sur le second morceau. Les explosions de colère et de frustration tonnent de toute part, la voix se fait plus plaintive et les mélodies tourbillonnent vous emportant en leur sein.
Cepheide s'est lancé dans un exercice périlleux, délaissant le côté direct au profit de titres longs davantage méditatifs et émotionnels. Si je suis parfois lassée par le chant particulier ainsi que les riffs de guitares parfois usés jusqu'à la corde, pourtant inhérents au style délivré ici, les divers arrangements et variations ainsi que l'atmosphère créée par le groupe ont su – étonnamment – me toucher dès la première écoute. Un court-format (de 35 minutes 58 tout de même !) prometteur. DONNEZ VOTRE AVIS
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