Un homme seul, originaire de Clermont-Ferrand, qui sort ses deux albums chez
Avantgarde Music, cela interpelle. D’autant que la carrière d’
INHERITS THE VOID est encore jeune : un EP («
Mémoires » ; 2020) paru en indépendant, puis un premier LP («
Monolith of Light ») en 2021 avant le dernier en date, «
The Impending Fall of the Stars » qui remonte à ce début d’année. Des titres de plus en plus longs donc, au diapason du contenu musical qui croît lui aussi, chaque publication étant d’une durée supérieure à la précédente. Mais l’on ne va pas non plus faire des mathématiques ou des statistiques, il est temps de s’intéresser au
black metal proposé par
Antoine Scholtès, l’homme-orchestre seul maître à bord de la formation.
Déjà, un bon point pour la pochette. Celle d’avant était déjà fort réussie avec ses teintes d’un gris lumineux mais celle-ci, dans un registre totalement différent, est une bonne représentation de ce que l’on entend au cours de ces neuf compositions : un
black metal sombre, rapide et d’obédience davantage symphonique qu’atmosphérique il me semble, cependant porteur d’une lueur d’espoir. A l’image de la peinture : certains tombent, d’autres s’en sortent, cette possibilité de trouver son salut étant l’un des fondements de l’espérance. Comment ? Du
black porteur d’espoir ? Quelle est donc cette diablerie hérétique ? Quoi qu’il en soit, le coup de crayon n’est pas sans me faire penser à celui qui décorait le
« Par-delà le bien et le mal » de
SUICIDAL MADNESS.
Musicalement, et notamment au niveau des guitares, on devine que le musicien se fait plaisir. Il accumule les éléments techniques avec une grande aisance, sachant parfaitement alterner entre les riffs et rythmiques traditionnels du metal noir avec des plans plus
heavy, voire progressifs (peut-être un mauvais synonyme pour exprimer « complexes »), ce qui apporte une excellente dynamique aux compositions tout en les rendant systématiquement intéressantes plutôt que démonstratives. C’est d’ailleurs clairement pour moi le point fort majeur de «
The Impending Fall of the Stars », ce travail d’écriture riche étant sublimé par une production limpide qui dose parfaitement les claviers, toujours un peu en retrait, et, surtout la voix : agressive sans être criarde, placée avec justesse pour laisser suffisamment respirer l’instrumentation.
Au niveau des influences, l’homme semble clairement s’inscrire dans la veine
black death mélodique des années 90, citant
SACRAMENTUM,
DAWN,
VINTERLAND ou
GATES OF ISHTAR. Et, effectivement, ces références sont à même d’aiguiller le potentiel auditeur vers une écoute attentive car l’on retrouve au fil des chansons un peu de ce souffle épique qui habitait les albums de cette période. L’auteur n’est cependant pas qu’un simple nostalgique du temps jadis, son approche de la musique étant tout de même plus moderne, rien qu’au niveau du son ou de la complexité des structures, qui vont au-delà de ce requiert la plus stricte orthodoxie sans non plus parler de morceaux à tiroir.
Il est clair que le voyage cosmique auquel nous sommes conviés se passe en douceur, la linéarité de ces quarante et quelques minutes n’étant pas ici un écueil du fait de l’ambiance prenante qui se dégage tout du long, jusqu’aux dernières notes apaisantes de « Oracle of a Forgottent Grief ». L’on passe d’accès de rage à des refuges intimes de mélancolie, parfois au sein d’un même titre, cette façon de jouer avec les émotions en disant beaucoup sur le potentiel créatif d’
INHERITS THE VOID et expliquant par la même occasion la signature sur un label aussi réputé. De plus, même si comme je l’ai dit précédemment l’accent est surtout mis sur les guitares et le chant, les parties de basse et de batterie sont loin d’avoir été bâclées et si elles se révèlent moins flamboyantes, ce n’est pour se mettre que mieux au service de l’ensemble. Des partitions efficaces, audibles, qui contribuent à la qualité générale.
Aussi, même si ce type de
black metal n’est généralement pas mon favori, je ne peux que reconnaître la très bonne tenue de «
The Impending Fall of the Stars » qui, sans conserver un niveau d’inspiration égal du début à la fin, fait vraisemblablement partie des albums à avoir écouté au moins une fois cette année : c’est pour les mélomanes, les sentimentaux et les raffinés mais même une brute pourrait y trouver son compte tant les notes ne se départissent jamais d’une certaine noirceur, d’une profondeur quasi spirituelle. Voilà donc un groupe auquel j’aurais dû m’intéresser bien plus tôt !
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