Csejthe - Réminiscence

Ça y est, vous avez bien digéré toutes les sorties 2013 du label québécois Sepulchral ? Pour rappel nous avons vu ici les 4 albums : À l'âme enflammée, l'âme constellée... de GRIS, La Mort du Soleil de SOMBRES FORÊTS, Neige Eternelle de NEIGE ETERNELLE et Lys Noir de MONARQUE. Et bien le label a déjà prévu d’autres surprises pour 2014 avec le prochain NEIGE ET NOIRCEUR mais aussi avec le nouveau groupe fondé par des musiciens live d’AKITSA : BEAST WITHIN. Et puis un split est également annoncé entre FORTERESSE, CHASSE-GALERIE, MONARQUE et CSEJTHE ! Oh, tiens, CSEJTHE ! Justement le groupe auquel nous nous intéressons ici, l’un de ceux qui correspondent le plus à la politique musicale de Sepulchral mais qui pour l’instant avait signé ailleurs. Est-ce que ce split annonce un changement d’écurie ? C’est à suivre ! Pour l’heure nous nous intéressons au deuxième album du groupe.

Et effectivement, même si ce sont les Allemands d’Eisenwald Tonschmiede qui ont signé CSEJTHE, ce dernier balance du black québécois par excellence, dans la lignée des premiers albums de FORTERESSE, MONARQUE et SOMBRES FORÊTS. Et un rapide coup d'oeil au lineup nous éclaire, le batteur vient du premier, le guitariste vient du deuxième. Alors ils ont beau parler d'un concept différent, ils n'arrivent pas à renier leur origine ni leur jeu. Du coup, le black de cette formation est pur mais hanté par la mélancolie et il en sort une noirceur flottante qui s’immisce dans les pensées. Comme ses compatriotes / autres projets, il ne sombre pas dans la violence excessive malgré ses côtés agressifs, ni dans le dépressif malgré l’omniprésence d’émotions torturées. Les vocaux par exemple ne sont pas pleureurs mais très sombres. C’est un équilibre parfait entre chaque sensation qui se retrouve le long des 8 morceaux. Enfin, on pourrait dire 5 puisqu’il y a une introduction d’une minute qui met les ambiances en place, un intermède de 37 secondes en cinquième piste et un dernier morceau, certes long et dans la même veine que les autres morceaux, mais sans vocaux, uniquement instrumental. Il fait plus office de « bonus » ou d’épilogue essayant de nous sortir en douceur de notre voyage de trois quarts d’heure.

Les armes de CSEJTHE sont employées avec beaucoup de talent et on appréciera la capacité de faire du touchant sans faire du mou ! Cela se manifeste sur « Réminiscence » par des choeurs légers, presque marmonnés, et d’un long final mélancolique. « Chasseresse » met quant à lui l’accent sur le côté plus dur et obscur du groupe mais avec des riffs mélodiques répétés inlassablement ; c’est un tourbillon de 6 minutes qui ne freine jamais et se rapproche encore plus que les autres titres de FORTERESSE. Ces éléments se retrouvent dans des proportions différentes sur « L’Antique Blason » et « Maléfice », mais le plus court « Dorko la Malveillante » (4 minutes) se montre plus venimeux avec des ambiances caverneuses plus prononcées.

La qualité de ces compositions est de bien rester dans un ton black metal. Sans tomber dans la déprime, il l’effleure constamment et la caresse, avant de retrouver la force de vivre et de se battre. La douleur est là, les cris désespérés sont là, mais pas l’abandon, pas la défaite totale. Comme chez les groupes déjà cités donc... Sepulchral aurait donc très bien pu sortir cet album, et il peut regretter de ne pas l’avoir fait car c’est sans hésitation possible le meilleur album de black mélancolique de 2013 venu du Québec, ou d’ailleurs.

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