Bon sang ! Ça fait déjà quatre ans et demi qu’
« Æthra » a vu le jour ?! J’avoue avoir un peu tiqué en vérifiant les dates tant il me parait être sorti hier (bon disons avant-hier).
Comme le temps passe vite ma bonne dame ! Eh oui, le temps file et certaines choses ne changent (malheureusement) pas. Gorod sort donc un nouvel album une fois encore en indépendant… Non mais sérieusement ? Y’a pas un label prêt à sortir le bic quatre couleurs pour signer (même au vert ou au rouge on s’en branle !!) l’un des tout meilleurs et plus inventifs groupes de death technique de ces quinze dernières années ?? Le temps passe vite donc, et certains ont toujours de la merde dans les oreilles, mazette ! Mais bon, arrêtons ces jérémiades puisque, grâce à Dieu, il est là, il est tout beau, il est tout chaud le nouveau Gorod ! Lifting de logo très joli au passage, pochette noire et dorée sobre et classieuse (on ressent déjà l’ambiance vénération, veau d’or), « The Orb » vient d’atterrir dans nos esgourdes. Après un album consacré à la déesse lunaire, ce septième album de nos frenchies tourne quant à lui autour du soleil (si je puis dire), en bon copernicien, en tout cas en grande partie. Mais que se cache-t-il derrière cette belle pochette ? Ce nouveau corps céleste est-il à la hauteur de ses ainés ? Eh bien oui, n’en déplaise aux pisse-froids, ce n’est pas encore ici que le quintette signera son premier accident de parcours. Continuant sur son orbite magique en termes de qualité, « The Orb » viendra gentiment se placer comme la suite logique d’
« Æthra » tout en variant suffisamment le propos pour ne pas faire dans la redite stérile.
Même si l’album pourra se targuer d’afficher l’étiquette d’opus le plus ‘’varié’’ de la bande, le style des Bordelo-Toulousains n’a pour autant pas radicalement changé. Pour ceux qui dormaient dans le fond de la classe ces vingt dernières années, Gorod façonne donc toujours ce death chiadé, à la fois technique, mélodique et sachant intégrer au sein de séquences au groove monstre les éléments les plus brutaux comme les envolées les plus aériennes. Et cet aspect à multiples facettes n’a jamais été aussi prégnant ! En effet le groupe se montre ici plus versatile que jamais avec une entrée en matière qui nous ramènerait presque à l’époque de
« Process Of A New Decline » en termes de brutalité et d’intensité par les deux brûlots que sont « Chrematheism » et « We Are The Sun Gods ». Karol sort les biscotos et s’en blaste à cœur joie, Julien active le mode ours des cavernes (mal) réveillé en pleine hibernation et la section à cordes balance du riff éclaboussant tout sur son passage, tout en conservant cette patte groovy inhérente au groupe (miam ce passage à 21’’ sur le titre d’ouverture !). Y’a pas à dire, on croirait avoir fait un bon de dix ou quinze ans dans le passé.
Attention toutefois à ne pas vous faire cueillir par ce faux départ bien frontal et prendre trop vite « The Orb » pour un « Process Of A
Newer Decline » ! Gorod a décidé de varier les plaisirs ici et la preuve en sera faite dès le titre éponyme et son intro en synthé tout droit sorti d’un film SF des années 80 ou de Stranger Things, le tempo se ralenti et le chemin se fait plus progressif, tout comme sur « Savitri » (même si cette dernière nous réservera tout de même quelques blasts). Bref, et pour éviter le track by track rébarbatif, Gorod réalise encore ici un sans-faute. Tous les marqueurs inhérents du groupe sont là (brutalité, groove, mélodie et technique) évidemment soutenus par cette dynamique incorporant des rythmes chaloupés teintées d’influences jazzy / funky (« We Are The Sun Gods », « Scale Of Sorrows »). Le niveau de composition de Mathieu Pascal est une nouvelle fois complètement dingue, produire une musique aussi sophistiquée et classieuse (et on parle quand même de death metal !!), chapeau bas Monsieur. Cela n’enlève évidemment rien à la prestation top moumoute de Nicolas Alberny qui nous gratifiera de solos absolument divins et lorsque les deux compères s’y mettent pour tricoter en contrepoints ou autre (« Crematheism » à 2’49, le début de «We Are The Sun Gods », « Savitri » à 2’50, « Victory » à 1’27 ou encore ce passage absolument génial à 3’09 sur « Breeding Silence ») ou en leads aériennes au feeling presque gilmourien, on atteint alors des niveaux stratosphériques pour un plaisir proche de l’orgasme auditif (« The Orb » à 4’09). Bien sûr la quatre corde de Barby n’est jamais bien loin et même si on aimerait pourvoir la palper encore davantage, quel plaisir lorsqu’elle se faufile un chemin direct à vos cages à miel !
On nous l’a souvent fait le coup du
« oui c’est notre album le plus brutal mais aussi le plus diversifié /accessible » bla bla bla… sauf que pour le coup ici c’est vrai ! Tout du moins l’album se montre plus varié et coloré (l’effet d’un processus de composition étalé sur une plus longue période que le précédent peut-être ?) et recoupe ce que le groupe peut faire de plus brutal mais également de plus ‘’accessible’’ tout en restant au ressenti global presque plus extrême qu’
« Aethra », allez comprendre ! Peut-être l’absence quasi-totale de chant clair joue-t-elle aussi car Julien ne désactive ici le mode ours vénère qu’une seule fois sur le titre éponyme et même lorsque le tempo se fait plus lent et rampant ça continue de bien vous chiquer les mollets (« Waltz Of Shades »). La profondeur des compositions est telle qu’il vous faudra bien plus de quelques simples écoutes pour totalement appréhender et vous familiariser avec la bête, ses mille facettes et toutes les petites merveilles cachées dont elle regorge, un vrai
grower comme le disent certains.
Un petit mot avant de conclure sur la surprenante reprise du « Strange Days » des Doors : j’avoue ne pas être un absolu connoîsseur de la bande à Jim Morrison et avoir dû me repasser le titre original afin de me le remettre en tête. Que dire encore ? Si ce n’est que l’on a affaire ici à un modèle du genre, revisitant l’original sans aucunement le dénaturer, une fois de plus magistral.
Avec ce nouvel album, Gorod rajoute une pierre, et pas des moindres, à une discographie d’ores et déjà impressionnante. « The Orb » porte le groupe au firmament du style, toujours avec SA patte, tel le Dieu Soleil du death technique et il n’est visiblement pas prêt de s’éclipser.
8 COMMENTAIRE(S)
20/01/2024 23:12
Maîtrise totale pour un groupe qui se paye en plus le luxe d'être des putains de tueurs en live, c'est rare et précieux! Merci messieurs on en redemande, et merci pour cette belle chronique au passage!
03/06/2023 00:18
Merci de la chronique !
Content que ça te plaise.
En plus tu as de quoi faire avec le reste de la disco !
30/05/2023 15:02
Merci de la chronique !
09/05/2023 10:54
Le riff qui démarre la chanson me tape sur le système, ce passage qui s’étire de 1'10 à 1'40 me donne envie de dormir, etc
Le solo au 2/3 est sympathique mais ça bourre à vide le reste du temps et la mélodie me parle pas du tout
Allez, je viens de me le remettre et peux-être que j’ai exagéré, je crois que j’aime encore moins “Savitri”
07/05/2023 20:38
C’est loin d’être désagréable évidemment même si certains passages m’ennuient passablement :
L’album souffre particulièrement d’un démarrage très poussif avec le titre le plus faible en ouverture, heureusement rattrapé par un “We are the Sun Gods” de folie (ça c’est le Gorod que j’aime !).
Certes ce n'est pas du niveau de POAND mais "Chrematheism", titre le plus faible ? La je te suis pas...
03/05/2023 11:13
C’est loin d’être désagréable évidemment même si certains passages m’ennuient passablement
L’album souffre particulièrement d’un démarrage très poussif avec le titre le plus faible en ouverture, heureusement rattrapé par un “We are the Sun Gods” de folie (ça c’est le Gorod que j’aime !).
Le reste de la galette est un peu dans cette veine et enchaine le moins bon (Savitri, chiant au possible, Scale of Sorrows) et le meilleur (The Orb et Victory, dans des styles pourtant diamétralement opposés).
Un peu décevant pour du Gorod donc même si venant d’un groupe à la carrière aussi fourni, c’est loin d’être une catastrophe. Hâte malgré tout de voir tout ça en live !
23/04/2023 13:32
Aucune fausse note. J'en redemande encore et encore. Vivement le prochain, du coup !
22/04/2023 14:06