Gorod - Kiss The Freak
Chronique
Gorod Kiss The Freak (EP)
Ils sont comme ça les petits gars de Gorod, ils aiment bien se lancer des défis.
Une tournée avec des groupes de thrash ? Même pas peur… Au contraire !
« Tiens les gars du coup si on s’amusait à faire un petit EP thrashy vite fait bien fait ?
_Raaaaah mais ouais carrément et pis on dirait qu’on ferait un truc bien fun avec des paroles un peu débiles !
_ Ha ha ! Ouais grave… On pourrait même le sortir le 1er avril !
_ Ouais ben faut qu’on se magne le fion alors !! » - trinquage de bières –
Sauf qu’ils ont aussi un petit côté agaçant quand même. Vous savez comme ce petit con de voisin y’a vingt-cinq ans qui enchainait les jumps et les slides avec ses rollers fraichement achetés la veille alors que, vous, vous essayiez juste de ne plus vous fracturer les poignets après 3 semaines de dur labeur ou comme ce petit con de cousin qui au bout de six mois de guitare commence à se taper le solo de « Master Of Puppets » alors vous vous galérez faire sonner correctement le riff d’ « Enter Sandman »... J’imagine que c’est un peu ça qu’on dû ressentir les collègues de Warbringer ou Havok en posant l’oreille sur les extraits de « Kiss The Freak », car en à peine vingt minutes nos frenchies font la leçon à toute une scène dont les versants les plus techniques semblent avoir tant la cote aujourd’hui.
Parvenant de façon remarquable à préserver toute leur identité et leur patte (notamment en terme de riffing et de solos) Gorod se balade sur un échiquier thrash qu’il traverse d’un coin à l’autre avec une aisance presqu’indécente. D’un brûlot d’ouverture façonné d’un thrash franchement viril très
in your face mené pied au plancher à une « Lost In Osaka » aux accents techniques éclatants, en passant par les accents moshy limite crossover de « Tony P. Shot » ou le groove irrésistible de cet hymne à l’anis et sa saveur bien old school la bande à Mathieu Pascal réalise un sans-faute sur ce qui aurait pourtant pu être un exercice périlleux ! Car finalement on pourrait avoir tendance à minimiser la chose en face d’un groupe qui tend à réussir tout ce qu’il entreprend mais il faut tout de même en avoir pour oser le pari et risquer une plantade qui aurait facilement pu passer pour un
« Gorod ne se sent plus pisser ». Mais non, sûr de son affaire, le quintette ne fait que confirmer ici tout son talent même en lorgnant vers un style qui n’est pas le sien habituellement. Et si les riffs tranchants et les leads de la paire Pascal/Alberny sont évidemment à mettre en avant tant ils font mouche immédiatement (raaaah ces duels à 1’53 sur « Being A Jerk » et ces leads en contrepoint sur « Tony P. Shot » !!), Gorod n’a laissé aucun aspect de côté avec notamment ces back-vocals entrainants aux accents bien old school et une dynamique d’ensemble increvable à base de tchouka-tchouka effréné et de rasades de double (et quelques blasts tout de même faut pas pousser). Et quand bien même il ne s’aventure pas à proprement sur un terrain aussi technico-progressif qu’un Vektor (on est plus proche du côté abrasif d’un Black Fast ici et de façon globale sur un EP où la patte technique du combo ressort inévitablement) le groupe envoie un petit message à la
« si je voudrais je pourrais d’abord !! » sur une « Lost In Osaka » qui – bien que titre le plus court de l’EP – montre que Gorod en a encore sous le pied et que ça pourrait faire très très mal si les gus s’amusaient à prendre le jeu un peu plus au sérieux. Un titre qui n’aurait certainement pas fait tache sur
« Leading Vision ».
Et en parlant de
« Leading Vision » comment ne pas évoquer enfin cette version revisitée de « Chronicles From The Stone Age » ? Si j’ai régulièrement tendance à considérer les reprises comme du remplissage (qu’elles soient d’un autre groupe ou juste une nouvelle version d’un ancien titre), ici c’est au contraire une 2ème jeunesse qu’ils ont réussi à donner à ce qui reste encore aujourd’hui l’un des tout meilleurs titres de Gorod. Comment ? Déjà en y incorporant de nouveau éléments comme ces petits gimmicks de guitare en fond sur l’intro ou ce petit passage avant le break mélodique (lui-même introduit par de jolis arpèges inexistants sur la version initiale) et surtout en parvenant magistralement à lui insuffler un feeling thrash qu’il n’avait pas (ou peu) initialement afin de coller au mieux à l’ambiance de l’EP (changement de certains patterns de batterie comme à partir 48’’ par exemple où le blast est remplacé par une superbe cavalcade du plus bel effet). Gorod parvient ici à nous faire redécouvrir un de leurs tubes et c’est du grand art, chapeau !
« Kiss the Freak » est donc une réussite de plus à accrocher au tableau de chasse d’un groupe dont le talent n’est plus à prouver et qui se montre ici sous une nouvelle facette qui finalement leur colle à merveille. Je ne serais pas du tout fâché que ce genre d’accident de parcours devienne une habitude.
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Bon, c'est pas dégueu à écouter du tout hein, ça passe même plutôt bien, mais j'sais pas, ça m’emballe pas autant que quand ils font du death...
La reprise de Chronicles From The Stone Age est vraiment excellente par contre ! |
citer | Ah les salaud que c'est bon! |
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2 COMMENTAIRE(S)
02/06/2017 15:55
La reprise de Chronicles From The Stone Age est vraiment excellente par contre !
02/06/2017 00:17