Esoteric - The Maniacal Vale
Chronique
Esoteric The Maniacal Vale
Oui, elle n'arrive que maintenant, la chronique du dernier Esoteric ; en plus, j'ai eu l'album avant tout le monde, mais non, j'avais pas envie. Ceci dit quitte à éternellement prêcher dans le désert, autant que cela soit pour une bonne raison. Car cela aurait été dommage de ne pas évoquer sur thrasho la dernière infliction d'Esoteric, groupe définitivement unique en son genre ; le doom extrême, celui qui ne fait aucune concession, celui qui émerveille et qui torture. Bienvenue dans The Maniacal Vale, pays où la folie et l'horreur côtoie l'ataraxie (l'état d'esprit, pas le groupe) et l'apaisement.
Toujours signé sur la grosse cylindrée Seasons Of Mist qui leur a permis en 2004, lors de la sortie de Subconscious Dissolution Into The Continuum, d'obtenir une diffusion plus large (et carrément méritée), Esoteric réussi un exercice pourtant difficile : arriver à enrichir encore plus sa musique tout en la rendant plus facile d'accès. Effectivement, ce n'est pas une mince affaire que de saisir toute la teneur d'un album d'Esoteric. Et difficile d'accès, Subconcious Dissolution… l'était. The Maniacal Vale reprend la richesse et le travail qui faisait cette complexité, mais je ne sais pas pourquoi, il m'a fallu moins de temps pour rentrer dedans que tous les albums précédents.
Esoteric évolue, sa musique se fait plus mélodique, moins dur avec l'auditeur. Cependant il revient à son format d'album fleuve sur 2 disques et des titres de 20 minutes présentant quelques accélérations (comme sur les 2 premiers albums mais j'y reviendrai). Retour également à un artwork psychédélique (signé Katy Astraeir, qui en plus fait de bons boulots) avec un petit plus : de la couleur ! (« - de la quoi ??!). La production très puissante et un son d'une qualité optimale, des compositions à tiroirs tapant dans tous les registres et tout connement le génie des musiciens font de ce Maniacal Vale une véritable bombe.
Il représente en quelque sorte toute les facettes d'un esprit tourmenté, dans ses phases les plus noires comme les plus lumineuses (ou moins pessimiste). C'est le genre de disque où chaque titre est un monde, une représentation mentale à part entière. Chaque morceau se perçoit comme un immense paysage, un espace où l'on assiste, impuissant, à un gigantesque cataclysme de sentiments, de souvenirs, d'états d'esprits et d'émotions paradoxales et variées. L'album s'encaisse pourtant facilement, mais il laisse à terre et bouleverse.
Circle débute, et déjà une première chose : l'atmosphère est chaleureuse, apaisante, assimilable à la vision troublée d'une mer de nuages ; le doom d'Esoteric coule de source, est toujours aussi lent et lourd, mais se ressent et se vit. Le son est énorme, la voix un peu mise en avant, mais la musique croule toujours sous de nombreux effets de réverbération et de Delay, d'où cette ambiance psyché terriblement planante, presque céleste (divine, majestueuses, on peut y aller, en qualificatifs…). Si la particularité d'Esoteric était d'avoir des ambiances si différentes selon les titres, désormais, chaque morceau enchaîne les moments les plus douloureux et les plus contemplatifs avec une cohérence à rendre complètement schizophrène.
Quickening s'ouvre sur la mélodie la plus atroce que j'ai pu entendre. Pas qu'elle soit inécoutable, mais le son du synthé et la tristesse de la mélodie sont très perturbant. La musique monte lentement et douloureusement en puissance, toujours énormément d'effets. La teneur du morceau se fait de plus en plus tragique et solennel, la douleur et l'horreur mentale sont au plus bas. Mais le morceau nous prend à contre-pied, car il se termine sur un riff hyper mélodique d'une beauté jamais atteinte, apportant la dose de lumière à l'un des morceaux les plus noirs. Le pire c'est qu'Esoteric remet cela sur Silence, morceau le plus lent de l'album (c'est dire…) dans lequel l'esprit voyage d'un paysage majestueux à un autre.
C'est le morceau Ignotum Per Ignotius qui clôture l'album ; lente montée en puissance éthérée enchaînant notes en son clair et riffs mystérieux, pour terminer par un final totalement apocalyptique. Je n'en dirai pas plus.
Mais The Maniacal Vale présente malheureusement un petit défaut. Le titre Caucus Of Mind, trop rude, qui tranche trop avec le reste de l'album, d'autant plus que l'accélération death est anecdotique. Mais pour 7 minutes sur 1h40, je veux bien arrêter le disque à Quickening.
On pourrait déblatérer pendant des heures, prendre chaque titre, le décortiquer, et encore, au bout de quelques années, je doute qu'on arrive à tout dire que ce qui se passe dans The Maniacal Vale. Esoteric a frappé très fort avec cet album cataclysmique, envoûtant, le genre d'album si immersif et puissant qu'il marquera je l'espère le petit monde du doom extrême. S'il marque l'esprit de quelques personne qui y verront ce qu'elles voudront, ce sera déjà pas si mal.
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