chargement...
Remontez pour accéder au menu
136 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Esoteric - A Pyrrhic Existence

Chronique

Esoteric A Pyrrhic Existence
Il est toujours délicat de s’attaquer à la chronique d’un album d’un groupe culte comme peut l’être Esoteric. Les Britons sont en effet, avec Thergothon et Skepticism, les pères fondateurs du funeral doom, à ceci près toutefois qu’Esoteric a sensiblement évolué et que, dès le départ, sa patte, la singularité du son développé comme celle des ambiances psychédéliques proposées l’ont assez largement départi de ses confrères.

La carrière du combo de Birmingham est en tout point remarquable. Si les débuts sont obscurs, emprunts d’une inaccessibilité aristocratique et d’une épaisseur certaine qui ne sont pas pour me déplaire (en gros, Epistemological Despondency, The Pernicious Enigma et Metamorphogenesis), la suite est plus directe (Subconscious Dissolution into the Continuum), moins torturée et alambiquée (The Maniacal Vale), voire nettement plus lumineuse (Paragon of Dissonance). A Pyrrhic Existence marque le retour à des ambiances sombres et fortement marquées par des atours psychédéliques occupant assez largement l’espace sonore.

L’auditeur va devoir d’emblée retenir sa respiration car la plongée dans ce double album de 1h37 pour 6 titres s’annonce abyssale. Elle est exquise.

Descent ouvre ainsi les hostilités avec une intro nocturne, mi-éthérée, mi-souterraine, très caractéristique du combo anglais. Le son est, comme à l’habitude, fortement réverbéré, clair et lourd à la fois. La voix unique de Greg Chandler pose ses effets sur des mélodies sublimes, faisant jouer à plein le contraste entre ses atours abyssaux et les aspects totalement éthérés de la musique. Le relief ainsi dessiné est magnifique, les riffs tournoyant autour de cette voix sépulcrale sans que le titre ne perdre une once de dynamique. La réverb’ est totale, comme si le morceau était joué au fond des eaux profondes, donnant le sentiment que les riffs se répandent comme une ondulation.

Le schéma d’Esoteric est connu. Il se répète depuis ses débuts : de l’intro opaque aux structures prog’, semi-ambiant jusqu’au final éthéré. Il est ici démultiplié à l’envie pour notre plus grand bonheur. Les montées en puissance (Rotting in Dereliction et son accélération subite dès 7’) le disputent aux ponts atmosphériques (le pont vers les 8’ sur Consuming Lies, mélange d’ambiances spatiales et bluesy, remarquable ; le départ majestueux de Culmination), les structures prog’ pénètrent les ambiances psychés, la voix tellurique redessine les riffs aériens (le pont sur Descent dès 13’ ; Rotting in Dereliction). Les titres s’enchaînent ; l’immersion est totale.

L’onirisme est fortement souligné sur cet album. Descent et Rotting in Dereliction l’illustrent parfaitement, avec leurs développements quasi Lovecraftiens, mais Antim Yatra en est l’apothéose, qui s’étale littéralement dans une atmosphère de contemplation merveilleuse. Cet instrumental sublime s’impose par sa majesté et permet un basculement vers la seconde partie de l’album.

Consuming Lies et Culmination modifient la perspective. Plus lumineux que le début de l’album, ils relancent la dynamique sur des ambiances plus lumineuses, plus proche de The Maniacal Vale. Les riffs lentement égrenés, sobrement détachés participent là encore de cette atmosphère méditative qui constitue le fil rouge de cet album. Les riffs sont profonds, amples, le son est enveloppant, presque cotonneux. La structure se répand comme un miel épais, doucement, inexorablement et finit par tapisser tout l’espace sonore, remplissant chaque interstice. L’impression auditive est surprenante. Sauf quelques riffs plus tranchants, plus saccadés, accompagnés d’une voix plus agressive (vers 5’ sur Consuming Lies ou au bout de 14’ sur Culmination), la progression n’est jamais heurtée.

Sick and Tired clôture l’album de la même façon, le départ délié du morceau, léger, annonce une fin d’album en douceur. Comme s’il était temps de revenir vers la surface. Ce final, disons-le d’emblée, est magnifique. Bourrée d’effets, la structure est proprement surchargée d’informations, alternant sans cesse entre des mélodies ultra aériennes, enchanteresses et une voix d’outre-tombe qui créé un contraste hallucinant, le tout porté par un son clair et enveloppant qui met l’ensemble en valeur comme jamais. Les changements sont multiples, le seul fil rouge demeurant ces mélodies sublimes, totalement immersives.

A Pyrrhic Existence est un chef d’œuvre. Disons-le clairement. C’est, pour ma part, le meilleur album d’Esoteric depuis très longtemps. Il réussit la gageure de réunir, véritablement, sans aspects marketing, tout le meilleur du groupe, des ambiances crépusculaires aux atmosphères lumineuses, des structures prog’ aux mélodies envoutantes. Seule cette pochette, indigne, le met (très légèrement) à la faute. Pour le reste, l’hésitation n’est pas permise. Sans aucun doute l’album funeral doom de l’année.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Esoteric
Funeral Doom
2019 - Season Of Mist
notes
Chroniqueur : 9.5/10
Lecteurs : (3)  8.83/10
Webzines : (5)  8.4/10

plus d'infos sur
Esoteric
Esoteric
Funeral Doom - 1992 - Royaume-Uni
  

tracklist
01.   Descent  (27:39)
02.   Rotting In Dereliction  (15:51)
03.   Antim Yatra  (04:40)
04.   Consuming Lies  (15:16)
05.   Culmination  (19:03)
06.   Sick And Tired  (15:46)

Durée : 98:15

line up
parution
8 Novembre 2019

voir aussi
Esoteric
Esoteric
Paragon Of Dissonance

2011 - Season Of Mist
  
Esoteric
Esoteric
Subconscious Dissolution into the Continuum

2004 - Season Of Mist
  
Esoteric
Esoteric
The Maniacal Vale

2008 - Season Of Mist
  

Essayez aussi
Mournful Congregation
Mournful Congregation
The Incubus of Karma

2018 - Osmose Productions
  
Hallowed Butchery
Hallowed Butchery
Deathsongs From the Hymnal of the Church of the Final Pilgrimage

2020 - Autoproduction
  
Undersmile
Undersmile
Anhedonia

2015 - Black Bow / Bttfck Srprs Rcrds
  
Eye Of Solitude
Eye Of Solitude
Canto III

2013 - Kaotoxin Records
  
Mournful Congregation
Mournful Congregation
The Exuviae of Gods - Part I (EP)

2022 - 20 Buck Spin Records
  

Album de l'année
Witching Hour
Rise Of The Desecrated
Lire la chronique
Sacrifice
Volume Six
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
S.O.D.
Live at Budokan (Live)
Lire la chronique
Frightful
What Lies Ahead
Lire la chronique
Doomsday
Doomsday (EP)
Lire la chronique
Hirax
Faster Than Death
Lire la chronique
Sarcator
Swarming Angels & Flies
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
Entretien avec Brokenheads
Lire le podcast
Entretien avec Repurgator
Lire le podcast
Burning Dead
Into the Abyss
Lire la chronique
Radiation
Reactor Collapse
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Gozer
This Is Gore
Lire la chronique
Surgical Invasion
Death Before Dishonor
Lire la chronique
High On Fire
Cometh the Storm
Lire la chronique
Necrodeath
Arimortis
Lire la chronique
Under Assault
Deadly Experiments
Lire la chronique
High On Fire
Death Is This Communion
Lire la chronique
La photo mystère du 2 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Destabilizer
Monopoly on Violence
Lire la chronique
Herakleion
Necroverse (EP)
Lire la chronique
Synaptic
Enter the Void
Lire la chronique
Obscura Tour 2025
Gorod + Obscura + Skeletal ...
Lire le live report
Colisevm European Tour 2025
Iceland + Light of Dark + P...
Lire le live report
Pandemic
Phantoms
Lire la chronique
High On Fire
Blessed Black Wings
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Hazzerd
The 3rd Dimension
Lire la chronique
Bomber
Cages and Windows
Lire la chronique