Vu que mes reproches envers ce nouvel album d’Esoteric seront voisins de ceux formulés à l’encontre de
Rest de Rwake, un préambule s’impose : non, quand un groupe décide d’aller vers quelque chose de plus « gentil » je ne crie pas forcément au scandale (les derniers Anathema, Kylesa ou Pantheist en sont des exemples). Il suffit que cette orientation se fasse à propos ou qu’elle me plaise, tout simplement. Malheureusement, celle que les Anglais empruntent s’apparente à une disparition de ce qui permettait de les placer au-dessus du reste.
Pour être totalement franc,
Paragon Of Dissonance m’a estomaqué lors des premières écoutes. Sa poursuite d’une direction vers l’accessible inaugurée par
Metamorphogenesis et sublimée par
The Maniacal Vale nous plonge à pieds-joints dans le bonheur d’« Abandonment », morceau où les guitares ne sont que soli et s’arrêtent le temps d’une rythmique death transformant la cervelle en parmesan à la manière du début de « Caucus Of Mind ». Lumineux de plénitude au point d’enjoliver tout le reste, il laisse penser lors des premiers envois que la formation perpétue ce qui fut sa ligne de conduite, à savoir varier suffisamment le propos pour éviter le look-alike entre monolithes tout en conservant cette capacité à modifier les zones du spectre par un kaléidoscope émotionnel.
…Puis arrive le moment où la phrase « c’est joli quand même » vient trop en tête, où les parties atmosphériques qui évoquaient autrefois un Dirge coincé dans un laboratoire d’alchimiste font se remémorer l’académique
In The Absence Of Truth d’Isis, où la performance chaource de Greg Chandler ne cache plus ce sentiment de côtoyer de trop près le larmoiement à la finlandaise (celui qui est triste mais avec les potes à côté, noir mais avec l’espoir au bout du chemin, bref, pas le doom Thergothon mais le doom Téléthon) jusqu’à ce que la guillotine s’enclenche d’un « cling » :
Paragon Of Dissonance est niais, parcouru de riffs remplaçant la lecture entre les lignes par des twin-guitars se félicitant elles-mêmes de leur héroïsme (regarde comme il est cool notre tapping sur « Disconsolate »). Et les alambics ? Remisés au lave-vaisselle, avec l’odeur de javel qui arrive aux narines sur un « Cipher » au psychédélisme trop doucereux pour celui qui attendait la morphine qu’a su offrir un titre comme « Circle ». Entre rappel de compositions issues de sa période post-
The Pernicious Enigma (une deuxième partie musicalement proche de
Subconscious Dissolution Into The Continuum sans en atteindre la qualité) et tentatives d’évolution oubliant ce qui rendait la musique des Anglais obsédante (un « Non Being » à l’arpège presque enjoué suivi de leads dignes d’un Slash se cachant derrière les fumigènes pour démontrer son – hum – « talent »), ce sixième opus s’inscrit comme étant LE faux-pas qu'Esoteric avait su éviter en presque vingt ans de carrière.
Car que ce soit dans sa période absconse à production inexistante ou celle montrant une réalité aussi intrigante que le mystère l’habillant, Esoteric avait toujours dépassé la technique pour aller voir ce qui se trame
derrière. Ce n’est pas le cas ici bien que
Paragon Of Dissonance ne soit pas un ratage complet. Il contient l’expérience des années et n’est en soi qu’un disque moyen, éblouissant par certains côtés (« Abandonment » bien sûr, mais aussi « Loss Of Will » et ses claviers antiques pas éloignés d’Evoken ainsi qu’un Greg Chandler très en voix et produisant une nouvelle fois un son liquide, les différentes couches coulant dans les oreilles) mais exagérément parsemé de passages faciles rendant la mégalomanie habituelle pénible.
N’importe qui d’autre arrivant avec ce double-album aurait acquis des encouragements mérités. Seulement, Esoteric n’est pas n’importe qui et la sensation de perdre un être à l’étrangeté irremplaçable pour un séducteur supplémentaire est trop gênante pour ne pas le sanctionner. Ciel ! J’espère qu’Evoken – qui devrait sortir sous peu le successeur d’
A Caress Of The Void – ne va pas aussi nous claquer entre les doigts !
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