L’intérêt que je porte à ARMORED SAINT doit beaucoup à John Bush, excellent chanteur pour qui j’ai toujours conservé une affection particulière. C’était lui qui officiait sur « Sound Of White Noise », premier album d’ANTHRAX qu’il m’ait été donné de découvrir et qui reste à ce jour leur offrande la plus aboutie. C’est ensuite le seul musicien (avec Charlie Benante le même soir) avec qui j’ai échangé quelques mots à la suite d’un show des new-yorkais à Londres en 2004, alors que je repassais par hasard devant leur tourbus. Cinq minutes de pur bonheur durant lesquelles j’ai baragouiné ce que je pouvais avec les moyens du bord pour lui dire à quel point lui et ses comparses avaient bercé mon adolescence. Et si j’ai oublié la teneur exacte de notre conversation, j’ai gardé en mémoire son extrême gentillesse et l’attention qu’il m’a porté pendant ces quelques minutes. Au point que lorsque j’ai recroisé le fer avec le line-up d’origine lors du Sonisphere (Big Four oblige), j’étais dégoûté que Joey Belladonna soit derrière le micro !
On ne refera pas l’histoire, mais j’ai toujours considéré son éviction d’ANTHRAX comme une véritable injustice, quand bien même le groupe a redoré son blason avec ses deux excellents derniers albums en date. Revenu dans le giron ARMORED SAINT, John Bush joue ici à domicile au sein d’un groupe qu’il n’a jamais cessé de porter depuis 1982, à l’exception notable du gros des années 90. Une institution du heavy metal que je connais je très mal, soyons clairs car à l’exception du morceau « Hanging Judge » présent sur le sympathique « Hellraiser III : Hell On Earth » et de
« La Raza » chroniqué ici même, je ne connais pas un traitre titre de leur longue discographie (12 sorties au compteur). Un tort, à n’en pas douter, au vu du plaisir pris à l’écoute de cet excellent « Punching The Sky ». Jamais trop speed mais toujours énergique, voilà un skeud qui baigne dans le heavy de tradition sans pour autant s’encombrer des clichés qui accompagnent le genre.
Délestés de toute pression, les frangins Sandoval et Joey Vera se font plaisir tout au long de ces 11 nouveaux titres, non sans aborder l’affaire avec sérieux. Premier motif de satisfaction, les leads. Présentes en grand nombre sans pour autant polluer le songwriting, elles raviveront la flamme eighties chez tous ceux pour qui IRON MAIDEN représente quelque chose. Souvent inspirées, toujours à propos et classiques dans le bon sens du terme, elles secondent des riffs souvent très inspirés, pour ne pas dire béton. Prenez « Do Wrong To None » par exemple. Si ça ne rivalise pas avec le SKID ROW de « Slave To The Grind », je n’ai jamais écouté de metal de ma vie ! Du groove à revendre et du mid tempo catchy en diable, ARMORED SAINT se montrant plus à l’aise dans ce registre que lorsqu’il bande les muscles (« Missile To Gun » et « End Of Attention Span », un poil moins convaincantes).
Vous êtes en manque de refrains killer ? Ecoutez un peu « Bubble » pour voir ou encore « Unfair », parfaite dans le rôle de la power ballad à l’ancienne qui vous donnera assez de courage pour inviter à danser la donzelle d’en face (Oups ! j’ai 12 ans). Si besoin était, John Bush prouve qu’il n’a rien perdu de sa superbe et enchaîne ici les refrains de grande classe (« My Jurisdiction », « Standing In The Shoulders Of Giants ») sans voler la vedette au duo Jeff Duncan/Phil Sandoval, on ne peut plus juste au démarrage de l’imparable « Lone Wolf ». Et si la paire « Bark, No Bite »/ « Fly In The Ointment » séduit un peu moins, l’ensemble est suffisamment lumineux pour qu’on pardonne cette légère baisse de régime.
La réussite d’un album tient à peu de choses finalement. Lorsqu’en trente secondes vous êtes capables de captiver l’auditoire avec un riff accrocheur et quelques leads bien senties (JUDAS PRIEST n’est jamais bien loin), comptez sur John Bush pour emballer le tout avec un de ces refrains magiques dont il a le secret. Boosté par la présence de Dizzy Reed et une production on ne peut plus limpide, « Punching The Sky » donne envie de reconsidérer le statut d’éternel second couteau qui a toujours collé aux basques des californiens. « Unfair » vous avez dit ?
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