Chevalier - Destiny Calls
Chronique
Chevalier Destiny Calls
Après deux EPs et un split tous les trois dignes d’intérêt mais faisant néanmoins office de simples mises en jambes, il était temps pour les Finlandais de Chevalier de passer à l’étape suivante. C’est désormais chose faite et cela depuis avril dernier, date à laquelle le groupe a sorti toujours chez Gates Of Hell Records son premier album intitulé Destiny Calls.
Histoire de changer un peu la donne, le groupe a souhaité cette fois-ci faire appel aux services d’un autre producteur que Jori "Gentry Lord" Meriläinen (responsable néanmoins de tous les effets sonores disséminés tout au long de l’album). Ce dernier a ainsi laissé sa place à Tapio Lepistö remarqué notamment pour son travail avec des groupes comme Foreseen (Helsinki Savagery), Ranger (Where Evil Dwells), Speedtrap (Straight Shooter) ou Swallowed (Lunarterial). Destiny Calls se distingue également par ces quelques participations qui, bien qu’elles puissent sembler anecdotiques, possèdent néanmoins une symbolique plutôt évidente. En effet, les Finlandais ont réussi à réunir Annick Giroux (Cauchemar, Temple Of Mystery Records), Robert Garven (Cirith Ungol) et Kenny Powell (Omen) qui, d’un coup de synthétiseur ("Introduction"), de gong ("Road Of Light") ou de solo ("In The Grip Of The Night") ont tous apposé leurs signatures à ce premier album particulièrement attendu. Enfin, côté artwork, Chevalier a soumis son concept à Karmazid pour un résultat toujours aussi soigné et détaillé évoquant à travers trois illustrations juxtaposées la thématique générale de ce premier album.
Alors non, sur le fond comme sur la forme, rien n’a vraiment changé du côté de Chevalier dont le Heavy/Speed médiéval largement influencé par la scène française des années 80 (ADX, Blasphème, Sortilège...) reste bien entendu la marque de fabrique. On remarque par contre que le groupe a fait pas mal de progrès et cela à tous les niveaux sauf peut-être en terme de production où rien n’a vraiment changé... Enregistré live en analogique lors de deux sessions espacées dans le temps, Destiny Calls bénéficie d’un son toujours aussi naturel et primitif rappelant à juste titre ces albums auxquels Chevalier fait référence. Les guitares maigrelettes pour na pas dire faméliques, la place laissée à cette basse toute en rondeurs, ces roto-toms désuets au charme fou, cette batterie hyper naturelle, ces solos cristallins… Bref, tout est fait pour nous ramener trente ans en arrière grâce à cette production qui, une fois de plus, ne fera probablement pas l’unanimité…
Pour le reste, les progrès sont plutôt évidents à commencer par le chant d’Emma Grönqvist qui, de sortie en sortie, a clairement gagné en confiance et en assurance. Prendre des cours avec Gianni Nepi de Dark Quarterer semble lui avoir été plutôt bénéfique (même si dans le genre elle n’avait déjà pas spécialement à rougir de quoi que ce soit) à en juger par sa prestation tout au long de ces quarante-cinq minutes. Tantôt rageuse, tantôt mélodique, sa voix illumine chaque composition de ce timbre féminin débordant désormais de conviction mais aussi de maîtrise. Celle-ci se plaît même à prendre quelques libertés comme ces syllabes roulées que l’on peut entendre sur "The Immurement" à 1:50.
Musicalement, Tommi, principal compositeur de Chevalier, continue d’explorer cette voie qu’il a lui-même tracé depuis les débuts du groupe en 2016 avec ce Heavy/Speed qu’on ne qualifiera pas de progressif mais qui se plaît néanmoins à s’allonger le temps de compositions souvent riches d’idées (cette trame en toile de fond, ce clavier utilisé sporadiquement ou bien encore tous ces effets sonores utilisés afin de nourrir l’atmosphère générale, cette guitare acoustiques aux accords subtils et discrets, ces sonorités Post-Punk qui font ici leur retour ("Stormbringer"...). S’étirant bien souvent au-delà des six minutes, les morceaux du groupe finlandais revêtent un aspect narratif en grande partie grâce à ces nombreuses séquences variées et différentes qui se lient et s’enchaînent au sein d’un seul et même morceau ("Road Of Light" par exemple). La présence d’une voix masculine déclamée sur "The Curse Of The Dead Star", "Road Of Light" et "Stormbringer" ainsi que ces quelques interludes instrumentaux ("Introduction", "...As The Clouds Gather", "Prelude To The End" et "Outro") vient également renforcer cette impression, rendant de fait l’immersion dans l’univers de Chevalier encore plus aisée. Un moyen pour le groupe de sortir sa musique des sentiers battus et de se démarquer à sa manière du reste de la meute tout en prenant soin d’assurer ses fondements dans des bases solides et connues de tous les amateurs du genre.
Dans la continuité de leurs précédentes réalisations, ce premier album de Chevalier n’entend pas révolutionner la formule déployée par les Finlandais depuis maintenant trois ans mais bel et bien poursuivre ce qui a déjà été entamé précédemment en prenant soin de s’exprimer désormais avec davantage d’aisance et d’expérience. Néanmoins, si les influences demeurent toujours aussi évidentes, on ne peut pas nier que Chevalier possède et cultive une certaine identité grâce à des compositions aux structures et aux développements relativement complexes et surtout assez inattendus pour le genre pratiqué ici, soit un Heavy/Speed plutôt traditionnel et surtout d’excellente facture.
| AxGxB 9 Octobre 2019 - 1408 lectures |
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