Diamond Head - The Coffin Train
Chronique
Diamond Head The Coffin Train
Un album de Diamond Head n'avait pas croisé mes oreilles depuis ... Borrowed Time (1982) ! Pas à l'époque bien sûr, vu que j'étais encore dans les couilles de papa, mais ça ne date tout de même pas d'hier. En tombant sur de très nombreux échos positifs de ce nouvel album l'année dernière, je me décide enfin à écouter ce que ça donne aujourd'hui, Diamond Head. Ce vieux groupe légendaire surtout rendu culte par les reprises de Metallica, tout de même auteur d'un premier album fondateur, Lightning to the Nations (1980). Et puis ça permettra de voir enfin apparaître les Anglais en ces pages.
Alors merci à ceux m'ayant involontairement poussé à l'écoute car The Coffin Train s'avère en effet une excellente surprise. M'attendant au mieux à un album sympa sans plus, voilà que les vétérans me mettent une bonne claque derrière la nuque comme s'il s'agissait d'un nouveau groupe prometteur. Il est vrai que si la jolie pochette de Travis Smith mettait déjà l'eau à la bouche, le contenu a dépassé toutes mes espérances.
Un petit tour du côté du line-up pour s'apercevoir que le guitariste Brian Tatler reste le seul membre d'origine de la formation depuis 1976 (!). Hormis le batteur Karl Wilcox déjà présent entre 1992 et 1994, tous les autres musiciens sont arrivés dans les années 2000. Plus de Sean Harris, remplacé depuis 2014 par un jeune danois (un coup de Lars ?). Diamond Head a aussi deux guitaristes désormais. Bref, et c'était logique, le combo ne ressemble en rien à celui dont je n'avais jamais écouté d'enregistrement plus récent qu'un disque de près de quarante ans. La musique a également changé même si la patte de Tatler sur les solos ou certains riffs reste reconnaissable, tout comme cette batterie martiale à 3'37 sur "The Coffin Train" qui rappelle l'intro du fameux "Am I Evil?" pour mon plus grand plaisir. Sinon, on n'est plus tout à fait dans de la NWOBHM, plutôt un heavy/hard à la production moderne qui a su toutefois conserver ses racines et son atmosphère sombre. Comparer les deux époques n'a dès lors plus grand sens. Savourons plutôt le fait que Diamond Head soit encore en vie. Encore mieux, qu'il ait encore des choses à dire que l'on veuille entendre.
Quelle belle preuve de la longévité des Britanniques que ce The Coffin Train, en effet. Le son s'y fait clair et puissant tout en restant organique. De quoi bien mettre en valeur des morceaux souvent pêchus et efficaces, très majoritairement mid-tempo avec toutefois quelques pulsions rageuses telles ce très costaud "Belly of the Beast" en ouverture qui donne envie de continuer, ou l'accélération jouissive sur la fin de "Death by Design". Le riffing se montre convaincant et Tatler n'a rien perdu de sa verve sur des nombreux solos à l'ancienne de grande classe, clairement un des points forts de l'opus, tout comme le feeling mélodique omniprésent. Impossible non plus de ne pas applaudir le bassiste Dean Ashton dont l'instrument prend une part prépondérante dans beaucoup de morceaux, jusqu'à s'imposer en tête d'affiche sur certains passages dédiés où elle forme avec la batterie un couple rythmique au groove des plus savoureux (couplets de "Coffin Train", Shades of Black", "Serrated Love", etc.). Chacune des dix compositions, même si elles ne se valent pas toutes, a quelque chose à proposer, nous offrant de la diversité dans un ensemble demeurant très cohérent. Que ce soit des moments headbangants à base de riffs heavy simples et efficaces (outre l'opener "Belly of the Beast", la très hard rock "The Messenger", "Death by Design", "Serrated Love" à la saveur Black Sabbath, "The Phoenix" ...) ou des séquences plus calmes et chargées en émotions (beaucoup de tristesse et de noirceur ici, voir "The Coffin Train", "Shades of Black" et "Until We Burn") parfois sur des arpèges ou de la guitare acoustique. Diamond Head propose même un morceau carrément épique et orchestral (je n'ose pas dire symphonique !), très BO de film avec "The Sleeper", introduit par un prélude prenant aux cuivres menaçants. On retrouvera aussi quelques orchestrations sur le final "Until We Burn". Pour quelqu'un qui vomit sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à du symphonique, ça passe plutôt bien, d'autant que c'est plutôt bien incorporé au morceau, assez digeste et que les claviers et autres violons ne sont là que pour accentuer le côté dramatique.
C'est que l'on n'a pas encore parlé du chant ! À raison car Rasmus Bom Andersen mérite son propre paragraphe. Arrivé dans l'équipe sur l'opus éponyme précédent de 2016, le frontman de trente-cinq ans livre en effet ici une performance remarquable, apportant une fraîcheur indéniable à Diamond Head dans un style rock au sens large qu'on entend souvent comparé à Chris Cornell (à vous de juger ...). Son timbre puissant entre médium et aigu est un plaisir à entendre, ses rythmiques vocales font mouche, ses paroles sont prenantes et ses mélodies touchent en plein cœur. Le bonhomme sait clairement véhiculer des émotions. Quel meilleur exemple que le fabuleux title-track "The Coffin Train", morceau au groove incroyable et au chant ultra poignant qui vous fera verser quelques larmes, en particulier sur ses deux premiers couplets. À noter le riff carrément doom sur le refrain qui plombe une ambiance déjà pas très festive. La dernière partie se montrera plus enlevée avec même des "oh oh oh" fédérateurs. Ce "The Coffin Train" n'est ni plus ni moins que mon morceau préféré de 2019.
Pas forcément le cas de toutes les pistes ici. Si le niveau général s'avère remarquable, "Death by Design" et "The Phoenix" se font plus banals. Le dernier morceau "Until We Burn" n'est pas non plus le plus inoubliable. Sans doute aussi parce que l'œuvre, qui affiche cinquante minutes au compteur, s'avère un peu trop longue malgré ses qualités. Il n'y a cependant que ça pour faire baisser sa note qui reste élevée. Grâce à son efficacité, son feeling mélodique (miam ces solos !), son sens du riff et du groove (quelle basse !), son atmosphère sombre (doom !) mais aussi et surtout son chanteur ultra talentueux (qui a même produit et mixé le disque), The Coffin Train se pose en réussite indéniable pour les Britanniques. Une sacrée bonne surprise pour un album de heavy très plaisant qui doit plaire à l'ancienne génération ayant connu l'âge d'or du groupe tout comme à la nouvelle. Diamond Head sort là un disque frais et moderne sans renier ses racines mais sans non plus vouloir nous faire retourner à l'époque de Lightning to the Nations. Pour un groupe formé il y a quarante-quatre ans, ça force le respect !
| Keyser 26 Février 2020 - 873 lectures |
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