Tower - Shock To The System
Chronique
Tower Shock To The System
Comme le disait un vieux sage dont je tairai le nom : "Il n’y a pas que le Death dans la vie, il y a le Heavy aussi". Adepte de ce genre de punchlines, ce même personnage lançait à la cantonade "Si c’est Heavy j’y vais aussi". Néanmoins, je me suis dit que pour plus de crédibilité et de sérieux il valait peut-être mieux opter pour la première de ses deux citations...
Du coup oui, on va aujourd’hui causer Heavy Metal avec les New-Yorkais de Tower qui depuis leur formation en 2015 ont connu une carrière relativement mouvementée. En effet, deux ans après des débuts marqués notamment par la sortie d’un premier album éponyme sous la bannière de The End Records (Agalloch, Terrorizer, Cradle Of Filth, Novembers Doom…), les Américains choisissent de mettre brusquement fin à leurs activités. Une décision cependant balayée quelques mois plus tard par un retour inattendu avec à la clef l’intronisation officielle de quelques nouvelles têtes. Des changements de line-up que le groupe va d’ailleurs perpétuer avec l’arrivée de James Jones en 2020 et de Jack Florio en 2021 venus remplacer ces mêmes anciens petits nouveaux qui n’auront donc pas fait long feu. Ce retour aux affaires, Tower le scellera en 2019 avec la sortie d’un EP intitulé Tomorrow & Yesterday auquel est venu se succéder il y a quelques jours un nouvel album baptisé Shock To The System.
Fort d’une illustration particulièrement sympathique signée de l’artiste new-yorkais Morgan Jesse Lappin, ce deuxième album va d’un simple coup d’œil transporter l’auditeur dans un univers étrange et fantastique rappelant notamment ces bandes-dessinées de science-fiction des années 70. Un indice de taille sur ce à quoi vous attendre à l’écoute de ces dix brûlots Heavy Metal puisqu’en effet il s’en dégage un délicieux parfum seventies.
Servi par une production hyper naturelle, soigneusement équilibrée et néanmoins particulièrement incisive, Shock To The System va renouer d’une bien belle manière avec cette énergie et ce feeling hérités des années 70. D’ailleurs s’il y a du monde sur qui compter chez Tower pour assurer la descendance d’une certaine tradition Heavy Metal, difficile de ne pas évoquer en premier lieu la prestation particulièrement impressionnante de dame Sarabeth Linden. Alors oui, la demoiselle sait mettre en avant certains de ses attributs (les dernières photos promotionnelles sont là pour en attester) mais c’est bien sa voix puissante et bourrée d’émotions qui va véritablement marquer les esprits ici. Et comme certains s’imaginent évidemment à tort que la plupart de ces groupes mettent des femmes au poste de chanteur afin d’attirer plus facilement le chaland en chaleur, la New-Yorkaise s’est décidée à mettre tout le monde d’accord dès les premières secondes de l’excellent "Blood Moon" grâce à ce cri féroce qui d’emblée ne va laisser aucun doute planer quant aux aptitudes de la demoiselle à tenir son rôle. Du coffre et du caractère, Sarabeth n’en manque donc absolument pas à tel point que les comparaisons avec quelques chanteuses d’envergure (Janis Joplin, Joan Jett, Lita Ford, Bonnie Tyler) semblent absolument inévitables. On va ainsi retrouver chez la jeune américaine une fougue viscérale, une énergie incandescente ainsi qu’une puissance animale et habitée. Bref, la demoiselle régale du début à la fin et, se faisant, apporte à la musique de Tower ce soupçon de personnalité ainsi qu’une très forte présence qui vont évidemment permettre aux Américains de convaincre mais surtout de véritablement faire toute la différence.
Terrain de jeu tout à fait propice à ce genre de voix, le Heavy Metal de Tower ne vaut pourtant pas uniquement pour la seule présence de Sarabeth Linden au micro, aussi talentueuse et charismatique soit-elle. En effet, derrière leurs guitares, James Danzo et Zak Penley sont également très loin de démériter, participant à leur manière et avec beaucoup de brio à la construction de ces atmosphères surannées dont les amateurs avisés se délecteront avec grand plaisir. De cet excellent "Blood Moon" qui d’emblée va poser des bases particulièrement solides avec, on l’a vu, une Sarabeth très en voix à ce très chouette "Prince Of Darkness" d’abord posé et qui petit à petit fini par monter dans les tours en passant par l’instrumental "Metatron" que l’on n’attendait pas vraiment là et qui pourtant ne manque pas d’allant, "Running Out Of Time" avec son refrain hyper catchy et sa rythmique pleine de groove souligné par cet excellent solo dispensé à partir de 2:24, "Lay Down The Law" en forme de Power Ballad 70’s de haute volée, l’incroyable "The Black Rose" dont le clin d’œil à Thin Lizzy et son album Black Rose : A Rock Legend semble évident, l’ambitieux "In Dreams" et ses quasi huit minutes ou encore le redoutable "Powder Keg" qui clôture l’album pied au plancher, Shock To The System est ce que l’on appelle un album rondement mené sur lequel, c’est bien simple, il n’y a absolument rien à jeter pas même ces deux morceaux dont je n’ai pas fait mention. Entre ce riffing nerveux, cette énergie et cette dynamique de tous les instants, cet apport mélodique constant avec, cerise sur le gâteau, d'excellents solos dont certains capables de vous donner la chair de poule ("Prince Of Darkness" à 3:02, "Metatron" à 1:19, "Running Out Of Time" à 2:24, "Lay Down The Law" à 3:16, "Hired Gun » à 2:10, "The Black Rose" à 0:10, 0:54, 2:15 et 2:48...) et cette touche 70’s évidentes que l’on va essentiellement retrouver sur quelques séquences plus Hard Rock que Heavy Metal ("Prince Of Darkness", le refrain et la rythmique de "Running Out Of Time", "Lay Down The Law", le riff principal de "Hired Gun"...) on peut effectivement dire sans se tromper que la paire James Danzo et Zak Penley se défend ici très bien, tenant leurs rôles avec classe et efficacité.
Passé jusqu’ici sous silence (la faute à pas de chance), Tower devrait avec Shock To The System être en mesure de braquer assez facilement les projecteurs sur sa modeste personne. En effet, entre une Sarabeth Linden qui n’impose rien d’autre que le respect avec sa voix puissante et sa présence animale, les guitaristes James Danzo et Zak Penley qui tricotent et cavalcadent avec une énergie palpable et un feeling aussi délicieux que réjouissant et une section rythmique certes moins mise en avant (en tout cas dans cette chronique) mais qui néanmoins ne démérite pas un seul instant et participe bien évidemment à cette dynamique particulièrement efficace et entrainante, il ne fait absolument aucun doute que Shock To The System est l’un des meilleurs albums (Heavy Metal) de l’année. Alors ne tardez pas et allez m'écouter ce petit bijou illico presto. C'est un ordre !
| AxGxB 1 Décembre 2021 - 1429 lectures |
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