Revoilà les inlassables Haunt moins d'un an après leur dernière galette
"If Icarus Could Fly" chroniqué en ces pages par votre serviteur dévoué. Bien sûr, le groupe revenant à la charge pour un troisième album, je ne pouvais pas passer à côté, et même si bien des choses annexes m'ont fait traîner la patte, je ne pouvais sous aucun prétexte manquer l'occasion de vous en parler ici. Et comment présenter un tel album, maintenant que presque toute sa discographie a été chroniquée ? C'est très simple : si vous connaissez le groupe, imaginez-vous un morceau-type de Haunt mais en y rajoutant des claviers. Si vous ne le connaissez pas, allez lire ma chronique ou celle du collègue Ikea sur les deux premiers disques. Voilà, bonne journée !
Bien sûr, je plaisante. Enfin, seulement à moitié : le quatuor nous propose ici pour la troisième fois sa formule de heavy 80's déterré de six pieds sous terre grâce à je-ne-sais quelle incantation obscure, et ce avec les mêmes malfaiteurs. Vous aurez donc de quoi lever les yeux au ciel : "encore du heavy revival ?" oui, et le groupe est conscient qu'il se répète. C'est pourquoi, après un
"If Icarus Could Fly" assez énervé, il décide de se reposer le temps d'un instant avec du heavy plus pépère et mid-tempo en jouant la carte de l'ambiance occulte, à l'image de cette jolie pochette. Le groupe décide donc de se concentrer davantage sur l'atmosphère que peut produire une telle production, qui pour une fois ne me satisfait guère : instruments trop compressés, basse inaudible - presque un crime pour un genre de musique pareil ! - chant sous-mixé. Les fans me diront "c'est normal, c'est le côté analogique qui veut ça !" mais moi, je leur sortirais des vieux albums de Maiden ou de Helloween où la production est bien meilleure, avec un son puissant et une basse bien audible. Enfin, il faut croire que ce son étouffé fait son charme, puisqu'il laisse une place monstre à une batterie au son bien lourd et bien audible cette fois-ci, ainsi qu'au nouvel atout des Californiens pour faire remonter l'intérêt : un synthé !
Pour ce troisième disque, le groupe semble avoir nettement travaillé ses ambiances, un point qui n'avait pourtant pas spécialement besoin d'être retravaillé tant la production des précédents disques apportait une atmosphère particulière. Le groupe semble pourtant décidé à jouer la carte de l'occulte, carte mise en avant au travers d'une pochette assez brouillonne aux couleurs froides et au thème plutôt mystique, qui résume bien le contenu musical de ce disque. Le nouvel apport majeur est donc un synthé ; et quel synthé ! On aurait juré que Haunt venait de découvrir Burzum et ses albums de dungeon synth et s'était dit "c'est génial, et si on calait cet instrument partout ?" Sitôt dit, sitôt fait.
On retrouvera donc cet instrument à peu près partout dans le disque : depuis l'intro de "Light the Beacon" jusqu'au début de "Have no Fear", s'effaçant presque totalement pour les deux derniers morceaux, qui adoptent une tournure bien plus heavy "classique". Ce synthé (et je dis bien "ce" car bien souvent, il est tout seul et plutôt discret) jouera tour à tour le rôle de lead, où il mène une partie instrumentale de par sa mélodie entraînante aux accents mélancoliques, ainsi que le rôle de pad sonore, où il s'efface derrière les guitares pour poser une atmosphère assez sombre. Parfois, il aura la part belle, comme dans "Divide and Conquer" ou "Mind Freeze" où un break entier lui est dédié.
Concernant les autres instruments, rien de neuf à l'horizon. L'album aura beau jouer la carte tempérée, il ne pourra pas s'empêcher de repartir sur les chapeaux de roues avec des titres comme "Fight or Flight", "Saviors of Man" ou "Hearts on Fire". Comme tout bon album de Haunt qui se respecte, Trevor William Church nous gratifiera également d'innombrables soli mélodiques, souvent en harmonie avec une deuxième guitare, pour ajouter aux morceaux ce petit côté sucré qui me ravit tant. Rien de neuf, en somme, mais rien de déplaisant non plus.
En bref, cet album s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses prédécesseurs, à cela près qu'il se barde désormais d'un synthé aux allures dungeon synth du plus bon goût, pour un album plus posé qui met un accent particulier sur les tons occultes. Toujours fidèle à ses racines heavy occultes façon Angel Witch et Mercyful Fate, Haunt livre une nouvelle réussite, certes aux compositions simplistes et accessibles, mais qui conforte sa place de meneurs de la scène heavy revival américaine, aux côtés de Eternal Champion ou de Visigoth.
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