Depuis maintenant deux ans, la formation californienne Haunt s’est donnée pour mission de nous gratifier d’EP, de singles ou d’albums de heavy metal ayant pour but de nous faire voyager de quelques décennies dans le passé. Et, force est de constater que chacune de leur oeuvre fait mouche: depuis le prometteur « Luminous Eye » jusqu’au tout récent EP « Mosaic Vision » en passant par l’excellent
« Burst Into Flames », leur discographie semble rapidement s’épaissir à raison d’une sortie ou deux chaque année. On constatera alors deux choses: d’abord, que l’influence de groupes pionniers comme Angel Witch est primordiale, ensuite… que le groupe aime se répéter. En effet, la production délibérément old-school faisant son petit effet de nostalgie à chaque fois, pourquoi s’embêter à changer une formule marchant si bien? Voyez, avec ce deuxième album, que la donne ne change absolument pas, une fois de plus.
Je pense qu’il serait pertinent de parler en premier lieu de cette fameuse production car, après tout, elle est le pilier central de Haunt. Les guitares ont un son presque étouffé, presque sale, rappelant les déboires des premiers groupes de heavy metal quand ils s’invitaient dans le monde des ingénieurs du son. Notez cependant qu’il n’y a aucune imperfection rythmique (les guitares jouent toute en même temps, sans décalage), défaut qui servait avant de justification pour ne pas avoir réussi à produire convenablement l’album (le rapport?) et qui, encore aujourd’hui, dessert parfois les sentiments les plus nostalgiques de par la touche « authentique » que ces erreurs apportent, à une ère où l’informatique est omniprésente et où tout est tellement retouché sur ordinateur que le son en perd parfois son âme (coucou Dragonforce). Haunt nous dit que non, on peut jouer de telle manière à raviver les flammes passionnées des plus nostalgiques de ce que certains appelleraient « l’âge d’or » du heavy metal sans pour autant en négliger l’enregistrement.
Le set instrumental apparaît plus épuré, ou, du moins, nettement simplifié: Haunt joue ici la carte du speed metal, avec une durée totale d’une demie-heure, ce qui est extrêmement court, même pour du heavy metal traditionnel (son prédécesseur en faisait sept de plus). Cette orientation se confirme lors de l’écoute: honneurs aux fameux tremolos pickings, atout maître des musiciens officiant dans le speed et dans le power. De plus, le motif instrumental se simplifie encore plus, peut-être même un peu trop: le premier gros défaut de cet album, c’est sa tendance à répéter trop souvent la même formule: une introduction avec une guitare rythmique et deux guitares lead jouant une petite mélodie et hop, le morceau démarre avec un couplet. Pratiquement chaque morceau se voit composé de la sorte, ce qui les fait un peu tous ressembler entre-eux. Les gammes changent, cependant, et de ce fait, les émotions aussi: « Cosmic Kiss », « Clarion » et « Run and Hide » seront dynamiques, joyeux voire épiques, quand « If Icarus Could Fly », « Defender », et « Ghost » seront plus lents et mélancoliques. Les soli se montrent plus audacieux, les guitaristes mettant désormais les deux pieds dans le monde du tapping (« It’s In My Hands », « Run and Hide ») et ils se multiplient: on en compte au moins deux par morceaux, cette abondance se ressentant tout particulièrement dans le titre éponyme. Le riffing global reste correct et assez diversifié (on en attendrait pas moins d’un groupe ayant fait ses preuves plusieurs fois comme celui-ci), avec quelques passages très intéressants comme le main riff du dernier morceau « Defender », tout en tierces, venant renforcer ce côté mélancolique, mais aussi le couplet de « Run and Hide », du passage instrumental de « Run and Hide » ou « Ghosts », où l’on retrouve les accords tierces.
D’un avis tout à fait personnel, cet album aurait pu être largement meilleur avec des compositions plus marquées, qui ne nous font pas dire « tiens, ça ressemble au morceau précédent » comme c’est trop souvent le cas ici. Plaire dans un milieu où tout a déjà été fait cent fois n’est pas chose aisée et la moindre négligence, surtout concernant l’originalité, peut être fatale. Heureusement, Haunt a plus d’un tour dans son sac et juger cet album uniquement sur son manque de diversité serait certainement rude: les compositions satisferont les plus nostalgiques des années 80 car elles sont méticuleusement conçues. Malgré une durée moyenne très courte (trois minutes), chaque morceau parvient à imposer une atmosphère rétro très prenante dont le talent des californiens pour y parvenir n’est plus à prouver. Le chant de Trevor William Church, si unique de par sa tessiture couplée à un effet des plus oldschool, saura également replonger le quidam nostalgique dans ses tendres années de jeunesse.
Un deuxième album, des plus réussis, qui s’ajoute à une discographie sans défaut pour un groupe presque unique.
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