White Magician - Dealers of Divinity
Chronique
White Magician Dealers of Divinity
Ces derniers temps, le label Cruz Del Sur Records est plein de belles promesses. Aussi, lorsque j'ai vu cette pochette à l'aquarelle intriguante, avec ce nom de groupe, ce nom d'album et cette tracklist, je n'ai pas hésité un instant et me suis procuré l'album en promotion. Mon emploi du temps de ministre (du metal bien sûr) m'a maintenu inactif ces derniers temps et si ce disque figure sur mon bilan de fin d'année, c'est qu'il aurait dû être chroniqué en ces pages il y a de cela un moment ; rattrapons donc ce retard.
White Magician, c'est un groupe de heavy metal traditionnel lorgnant franchement sur le hard rock des années 70 qui aime bien baigner dans une atmosphère semi-occulte, formé en 2010 à Detroit, dans le Michigan. Si Dealers of Divinity est le premier album de la formation, les musiciens n'en sont pas à leur premier essai pour autant : parmi la foultitude de projets auxquels ils prennent part, on compte Demon Bitch, dans lequel tous les membres sont investis, ainsi que feu Borrowed Time pour certains, du heavy metal semi épique à l'air le plus traditionnel possible. Autant de groupes à la discographie peu garnie - un album pour chacun des deux groupes cités - mais autant d'expériences qui permettent au combo américain d'accoucher d'un premier franc succès avec Dealers of Divinity. La tracklist donne déjà quelques indices sur le type de heavy metal auquel on a affaire : sept morceaux pour cinquante minutes, avec cinq morceaux dépassant les sept minutes - le plus long culmine à près de neuf. On retrouve donc un heavy aux compos particulièrement développées, presque prog, que l'on avait déjà chez d'autres formations comme Lunar Shadow dont j'ai déjà assez parlé ici. Ces compositions plutôt étoffées sont à double tranchant dans la mesure ou, si elles apportent un intérêt supplémentaire en proposant de nombreuses variations d'ambiance, elles font parfois durer le morceau un peu trop longtemps. A titre d'exemple, les deux derniers titres sont un peu plus oubliables que les premiers, non pas parce qu'ils sont moins bons, mais parce que cette même "formule allongée" tend à peser sur toute la durée du disque et l'on peut ressentir une certaine perte d'entrain à force d'être entrainé aussi loin.
Une chose que l'on ne pourra cependant pas leur reprocher, c'est bien de manquer d'imagination. En seulement sept titres, le combo américain nous délivre toute une palette d'émotions et d'atmosphères qui piochent allègrement dans le rock prog et parfois psychédélique des années 70. Les choeurs discrets apportent une touche plus mélancolique dans le tout premier refrain de l'opener "Dealers of Divinity", "Mad Magic II: In the Absence of Gods (Bad Magic)" et "In Memoriam: Love and Magic (Magic and Love)" renforcent le côté prog de l'album de par leur nom à rallonge et de par les breaks aux guitares cleans ainsi que les différents changement de rythme et d'ambiance.
Côté riffing, on aura souvent droit à des inspirations franchement rock n roll comme dans "Power of the Stone" ou, une fois de plus, l'excellent "Mad Magic II" que vous risquez de retrouver plus loin dans cette chronique tant ce morceau synthétise admirablement bien le meilleur de cet album. D'autres riffs sont plus orientés heavy traditionnel : "Spectre of a Dying Flame", "Magia Nostra" et son main riff assez entrainant et "Dealers of Divinity", au contraire, à la tonalité un peu plus sérieuse et posée. Dans le tas, on compte enfin "Fading Into the Obscurity of Age", un morceau de transition, entièrement composé à la guitare sèche abusant de reverb. Classique mais toujours efficace. Les soli sont également légions : le premier que l'on rencontre dans "Mad Magic II" possède cette petite tonalité épique qui me régale tout particulièrement, le shred furieux d'"In Memoriam" sort un peu de nulle part après un break aux guitares cleans mais régale tout autant et celui de "Magia Nostra" sort également du lot. D'autres, dans "Power of the Stone" par exemple, sont à mentionner même s'ils paraissent un peu plus quelconques - difficile d'égaliser le talent de tous ceux entendus précédemment.
Enfin, pour un album de heavy traditionnel, le chant n'est pas si mis en avant que ça. D'un autre côté, le niveau de composition et d'exécution des autres instruments tendent parfois à éclipser le chant à leur profit. Rendons-lui honneur, donc, en mentionnant simplement qu'il participe lui aussi à la diversité de l'album en se calquant la plupart du temps sur l'ambiance imposée par les instruments : on trouve un chant plutôt calme et posé dans "Dealers of Divinity" et dans "Spectre of a Dying Flame" et, au contraire, un refrain terriblement catchy dans "Mad Magic II" qui me l'a fait fredonner en choeur une bonne paire de fois. Enfin, plus mélodique est celui de "Im Memoriam", qui s'adapte davantage aux excellents leads mélodiques du début du morceau et aux choeurs du refrain.
Dense, varié, tantôt mélodique et tantôt rock'n'roll tantôt heavy traditionnel, Dealers of Divinity est donc une première réussite qui n'est cependant pas sans défauts mineurs - des compositions qui tendent un peu trop à s'allonger, par exemple. Il contribue à la richesse de la scène heavy traditionnelle du Michigan mais se distingue néanmoins en assumant parfaitement ses emprunts faits à Thin Lizzy, Blue Öyster Cult, Angel Witch et j'en passe. S'il n'est pas mon AOTY heavy metal de 2020, il a donc plus que largement mérité sa place dans mon bilan de fin d'année. C'est le moins qu'on puisse faire.
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