Après avoir atteint l'apogée de sa première partie de carrière avec le fantastique
Rust In Peace, Megadeth entame en 1992 un nouveau tournant qui va diviser les fans. Résolument moins thrash, plus simple et disons le carrément, plus mainstream,
Countdown To Extinction fait le lien entre la période thrash du groupe et celle plus heavy/rock. Voyant leur groupe fétiche s'éloigner petit à petit des terres acides du thrash, les fans de la première heure commencent à faire grise mine. Goutte de bière qui fait déborder la chope, Vic Rattlehead, mascotte du groupe depuis le début, n'apparaît pas sur la pochette pour la toute première fois. Pourtant,
Countdown To Extinction est à bien des égards un album remarquable, le meilleur de la discographie de la bande à Mustaine avec ce fameux
Rust In Peace.
Il est déjà remarquable d'un point de vue personnel.
Countdown To Extinction est un de mes premiers albums de metal et c'est avec la même cassette achetée il y a déjà un paquet d'années que je rédige ses lignes. J'en ai passé des heures à user mes tapes sur ce bon vieux baladeur Sony qui m'a accompagné tout au long de mon initiation métallique, avant qu'une mort inéxorable m'arrache à lui, m'obligeant à contre-coeur à le remplacer par un gros discman. Que d'émotions à l'évocation de ses souvenirs de jeune boutonneux chevelu qui se sentait bien seul, entouré qu'il était d'amateurs moqueurs de Fun Radio et Skyrock. Mais bon, ma vie, on s'en fout!
Conservant le même line-up que sur
Rust In Peace, le meilleur qu'ait jamais connu Megadeth et avec lequel la formation californienne va sortir ses plus belles oeuvres,
Countdown To Extinction n'est en fait pas une suite si illogique que ça de son prédécesseur qui laissait déjà entrevoir des velléités moins offensives. Ici toutefois, le rythme est bien plus ralenti, les riffs/rythmiques thrash se comptant sur les doigts de la main. Et "High Speed Dirt", le morceau le plus thrash est paradoxalement le plus mauvais de l'album. On ralentit la cadence donc mais on simplifie aussi les structures. Les titres sont légèrement moins longs et comportent moins de riffs qu'auparavant. Beaucoup moins de soli également (sauf sur "Psychotron" et ses couplets entrecoupés des brefs soli de Friedman décidément très en forme sur cet opus) mais ils sont plus développés et extrêmement bien ficelés, de pures merveilles.
Cette simplification est peut-être un peu dommage mais elle se traduit par des modèles d'efficacité. Là encore, pas mal de tubes qui squattent toujours les setlists du combo avec "Symphony Of Destruction" et son riff ultra simple mais inoubliable, "Architecture Of Aggression" avec son refrain légendaire (
Great nations built from the bones of the dead, With mud and straw, blood and sweat, You know your worth when your enemies, Praise your architecture of aggression) et où Mustaine nous fait le coup des samples de guerre en introduction, ainsi que "Countdown To Extinction" et ses lignes de basse géniales du début, son magnifique refrain mélodique, ses paroles écolos et son passage en son clair avec la voix de femme samplée qui me donne toujours des frissons. Peut-être pas autant de hits que sur l'opus précédent mais on trouve également quelques pépites méconnues comme "This Was My Life" avec chant mélodique magnifique, refrain gigantesque, basse jouissive et riff lourd/lead menaçante en final, "Foreclosure Of A Dream" et son intro en son clair, ses belles lignes de chant et ses quelques accélérations sympathiques ou encore "Ashes In Your Mouth", pièce un peu plus énervée avec quelques riffs bien méchants, un refrain lumineux et pas mal d'excellents soli.
Des morceaux qui eux aussi ont fait l'histoire et permettent de retrouver les quatre musiciens en grande forme. Nick Menza une nouvelle fois irréprochable derrière son kit, plein de feeling, David Ellefson et sa basse toujours aussi bien placée et groovy et bien sûr Marty Friedman dont les soli sont à se rouler par terre de bonheur (Mustaine n'est pas en reste non plus!). On notera encore des refrains énormes et mémorables, des passages en son clair rafraîchissants, quelques samples (notamment le plus long sur "Captive Honour" qui se déroule dans un tribunal puis en prison), quelques riffs lourds sachant installer une ambiance menaçante et des séquences plus surprenantes comme l'interlude limite country sur "High Speed Dirt". Mustaine, qui n'est toujours pas prêt de faire de nouveaux adeptes, s'essaye lui aussi à quelques expérimentations vocales, par exemple sur les couplets de "Sweating Bullets" où son chant se fait rapide et presque rock 'n roll. Ou encore l'imitation de serpent sur "This Was My Life" (
In our business there's sss..sss...sin) qui ressemble plus à un bégaiement qu'autre chose. Quoiqu'il en soit, son chant se fait plus varié et plus mélodique mais avec toujours ce timbre nasillard reconnaissable entre mille.
Malgré tout un tas de qualités hors-normes,
Countdown To Extinction reste néanmoins un petit cran au-dessous de
Rust In Peace. Le problème avec Megadeth c'est qu'il n'a jamais su sortir un album parfait de bout en bout et qu'il y a toujours un ou deux morceaux inférieurs ("High Speed Dirt", "Captive Honour" et "Skin O' My Teeth" ici) qui plombent un peu la note et rendent inatteignable le 10/10. Autre petit reproche, la production très métallique manque un peu de puissance et les guitares de profondeur. Un son qui a pas mal vieilli, plus en tout cas que le full-length précédent. A posteriori, je regrette aussi un peu l'évolution plus mainstream (qui ne fera que s'accentuer par la suite) même si elle accouche de joyaux comme "Symphony Of Destruction", "Architecture Of Aggression", "This Was My Life" et "Countdown To Extinction" (le quatuor gagnant) puis plus tard d'un
Cryptic Writings injustement sous-estimé. Beaucoup pensent que Megadeth a voulu concurrencer Metallica et son black album. Peut-être bien. De toute façon, beaucoup de vieux groupes thrash ont pris des virages plus commerciaux sur leurs opus durant les années 1990. Et puis ce n'est pas comme si
Countdown To Extinction était un mauvais album. Au contraire il garde une aura particulière pour moi et beaucoup d'autres j'en suis sûr. Un album que je ne me lasserai jamais d'écouter, rien que pour les souvenirs qu'il m'évoque. Un classique, quoi!
11 COMMENTAIRE(S)
28/03/2020 11:52
Très belle chronique
20/07/2011 10:10
25/01/2011 10:21
27/07/2010 13:22
05/02/2009 20:42
Perso', "Skin O My Teeth" est même l'un de mes tous préférés de l'album !!
Tu m'étonnes! Il est énorme!
05/02/2009 20:09
Perso', "Skin O My Teeth" est même l'un de mes tous préférés de l'album !!
30/01/2009 09:01
Ah les gouts et les couleurs....
29/01/2009 22:15
29/01/2009 20:26
Et les soli de Friedman putain mais sans dec!! Quand on écoute ceux de "Skin o' my teeth" ou "Highspeed dirt" putain A chaque fois j'hallucine!
Un must, un sans faute.
edit: "Highspeed dirt" le plus mauvais morceau de l'album euh là faut que tu m'expliques!
Bah je sais pas je l'ai toujours trouvé dispensable ce morceau (à part certains passges), surtout à côté de tueries comme Symphony ou Architecture. Je n'ai pas le même feeling avec ce morceau qu'avec les autres
29/01/2009 20:17
Et les soli de Friedman putain mais sans dec!! Quand on écoute ceux de "Skin o' my teeth" ou "Highspeed dirt" putain A chaque fois j'hallucine!
Un must, un sans faute.
edit: "Highspeed dirt" le plus mauvais morceau de l'album euh là faut que tu m'expliques!
29/01/2009 16:35