Comme on ne peut pas chroniquer que du chef d'oeuvre à tour de bras, le moment est venu de défendre l'indéfendable : « Risk » de MEGADETH ! C'est un fait, presque un ordre établi, chaque groupe de légende ou presque a droit à son album de la honte, sa grossière erreur de parcours, son faux pas rédhibitoire qui lui vaudra l'opprobe des fans (et un album
back to the roots dans la foulée, histoire de se faire pardonner) ainsi qu'un cuisant échec commercial. Là, tout de suite, compte tenu de la quasi gémellité du parcours discographique entre le Deth et METALLICA, je serais tenté de comparer « Risk » à la double arnaque « Load/Reload », deux autres skeuds également marqués du sceau de l'infamie. Pour autant, si les deux groupes partagent une orientation mainstream regrettable au regard du passé des deux groupes, la tôle reçue par ce 8ème full length n'a pas eu le même retentissement : si les viscérales réactions de rejet à l'égard de « Load » s'expliquent par une rupture brutale vis à vis du genre heavy thrash, chez MEGADETH, le glissement vers un contenu heavy rock s'est fait bien plus en douceur. La chute des éternels seconds s'est donc déroulée dans l'indifférence générale, le groupe ayant subi une première saignée de partisans dès le plus mélodique
« Youthanasia ».
Pour apprécier « Risk » à sa juste valeur, mieux vaut donc avoir goûté le virage popisant de l'excellent
« Cryptic Writings » et, surtout, se préparer à nettement moins bon dans le style, même si Dan Huff est toujours aux commandes. Car pour la première fois de sa carrière, Dave Mustaine a lâché la bride à ses partenaires de jeu et plus largement partagé le processus de composition entre lui même, Marty Friedman, Dave Ellefson et feu Bud Prager, manager américain né en 1929 (!!!) et superviseur de groupes comme FOREIGNER, BAD COMPANY ou encore les DAMN YANKEES au sein de E.S.P. MANAGEMENT. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça s'entend. Nouveau venu après l'éviction énigmatique de Nick Menza, l'ex-SUICIDAL TENDENCIES Jimmy DeGrasso se contentera lui d'insuffler un peu de dynamisme à des titres qui en manquent sévèrement, l'accusation d'album mou du genou qui colle à la peau de « Risk » étant totalement justifiée. Principalement en cause, la première moitié de l'album qui, excepté une déclinaison un peu maladroite de « Trust » (« Insomnia », qui aurait gagné à troquer les violons pour quelques leads à l'ancienne) et l'intrigante « Prince Of Darkness » (qui ne capitalise pas sur une montée en puissance toute en finesse) est d'une insigne faiblesse. Séparons d'entrée de jeu le bon grain de l'ivraie et renvoyons dans les limbes les vulgaires compromissions à la WWF (« Enter The Arena », « Crush' Em », pitoyables tentatives de heavy rock catchy) tout juste bonnes à figurer sur la B.O. d'un UNIVERSAL SOLDIER 2 (oui, celui avec Jean Claude et Bill Goldberg) ainsi que les ballades guimauves tellement sucrées qu'elles causeraient la perte d'un contingent de diabétiques. Au diable donc les « Breadline » et autres « I'll Be There », soit la grande majorité des titres co-écrits par le parasite Bud Prager, l'efficace « The Doctor Is Calling » échappant de justesse (merci au superbe refrain pour le coup) à la médiocrité ambiante.
Heureusement, les quelques irréductibles qui auront survécu tant bien que mal jusqu'à la piste 8 pourront se consoler avec 5 morceaux d'une bien meilleure tenue, quoique toujours en deça de ce que MEGADETH proposait sur “Cryptic Writings”. Passons sur “Ecstasy”, titre agréable mais sans grande envergure, pour taper du pied sur l'entraînante “Seven”, blindée de solis bien rock n' roll (comparé au reste) et qui paye un sympathique tribut à DIRE STRAITS à compter de 2:35 mn. Dans un registre vaguement plus énervé, la construction de “Wanderlust” est intéressante ; passé un démarrage teinté d'une douce nostalgie, DeGrasso lance la machine pour un rendu bien plus électrique (la batterie claque bien sur tout l'album, sauf sur “Crush' Em”), accélérant le tempo le temps d'un break plutôt percutant, malgré les wo-ho-ho un peu putassiers de Megadave. Mustaine, puisqu'on y est, toujours excellent parolier (celles de “Time : The Beginning” sont poignantes) et qui, malgré tous ses efforts pour chanter comme un crooner, a parfois du mal à endosser le rôle du gendre idéal, comme si la rouille thrash originelle perçait de temps à autre l'épaisse couche de vernis destinée à rendre le groupe présentable. Enfin, comme sur le fadasse “The World Needs A Hero”, l'album a droit à son petit chef d'oeuvre en fin de programme avec “Time : The Beginning”, aux sublimes accents mélancoliques à peine entachés par la présence d'un violon bien accessoire. Ce sera l'ultime offrande d'un Marty Friedman trop discret ici, qu'on devine assez peu concerné pour son dernier enregistrement avec le groupe. Une triste et belle ballade d'à peine trois minutes qui justifie presque l'acquisition de “Risk”, tant les arpèges somptueux et la complainte du rouquin repenti frappent direct au coeur. Si le petit frère, “Time : The End” est loin d'être aussi brillant car bien trop court, au moins permet-il à MEGADETH de lâcher un peu les chevaux et à Mustaine de pousser une de ces gueulantes dont il a le secret, mettant un point final à cet album bancal mais non dénué de charme, pour peu qu'on apprécie la portion la plus calme de leur répertoire.
4 COMMENTAIRE(S)
13/01/2011 11:35
à éviter absolument!!!!!
30/08/2009 13:12
15/04/2009 11:46
12/04/2009 18:28