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Sum 41 + Subway

Live report

Sum 41 + Subway Le 25 Janvier 2003 à Lyon, France (Transbordeur)
Nous sommes le Samedi 25 Janvier et il est 19h00. Voilà maintenant 1/4 d'heure que je me suis joint à une file d'autochtones, rassemblement dans le froid façon "soupe populaire" quand me viennent à l'esprit plusieurs questions existentielles du genre:
-pourquoi y a t il encore eût une panne sur la ligne B?
-en quoi le froid est il un élément utile de la nature?
-est ce bien sérieux d'aller à un concert où la moyenne d'âge est de 4 ans inférieure à la mienne (j'ai 20 ans)
Eh oui, l'hypothermie ça fait poser plein de questions débiles à son moi intérieur. Néanmoins peu de temps après la file d'attente de Disneyland je me retrouve réconforté par la chaleur qui se dégage du bâtiment dans lequel je me trouve. J'en ait conclu que ça venait sûrement du passé de cette battisse, qui il y a moult temps servait d'abattoirs à bétail. Conclusion trop hâtive: les bourreaux n'avait pas le style "abatteur de vache", mais plutôt "je-suis-un-djeun'-plutôt-rebel-mais-pas-trop-kan-même-j'ai-des-devoirs-à-faire-sinon-on-va-encore-me-priver-de-dessert". On avait à faire à des gros durs, certains ayant même amenés leurs parents de force pour leur montrer ce qu'ils appellent " le peugo" (traduisez: pogo), ou alors c'était juste pour que papa-maman les ramène afin que fiston se couche avant Ardisson.

Donc niveau ambiance c'était bien partit (j'ai appris de source sûre d'une fille trop rebelle -ceinture à clou oblige- que le bassiste était célibataire). Voilà maintenant 1 heure que tout ce beau monde est venu colorer cette arène, théâtre du sacrifice de la jeunesse française en proie aux doutes les plus certains (faut-il oui ou non écouter NRJ si ils ont passé "In Too Deep" de SUM 41?), quand arrive la première partie: SUBWAY, un groupe de rock français composé uniquement de filles. Alors là je dis OUI et NON. OUI parce que c'était pas mal, qu'elles avaient un peu la gnak et parce que lancer des artistes français qui s'appellent pas Lorie, je suis toujours pour. NON parce que j'ai appris que la première partie aurait pu s'appeler "Good Charlotte", illustre nouveau groupe ricain mais qui ne jouait qu'à certaines dates.

Bon avec tout ça il est 21h00, et les METROS viennent d'annoncer leur dernier titre. On jump pour se mettre en forme, "merci Lyon, vous avez été formidables!", et c'est partit pour le ballet Tchaïkovskien des roadies qui mettent en place les instruments et accessoires de scène du groupe tant attendu. Tout à coup une rumeur s'élève, je me retrouve dans le fort de Helm au moment de l'attaque des orques du seigneur des anneaux…je me fait mon petit film, c'est juste le gratteu qui a passé la tête à travers les rideaux. Je regarde la montre de mon voisin, ah non je la vois plus, nous avons été subitement plongé dans le noir (il était 21h40 il me semble) et les petits nerveux de Toronto arrivent très simplement sur scène. Dans un capharnaüm assourdissant, de multiples faisceaux viennent éclairer en un vomissement de couleurs grotesques les visages de ceux qu'on attend depuis maintenant trop longtemps. C'est dans un vrombissement de décibels, de guitares saturées et de chants torturés que les "Sums" commence à exprimer de manière radicale leur haine du monde qui les entoure, des fausses stars silico-cocaïnés (Anna Nicole Smith à qui ils dédicacèrent "you're an asshole", je vous laisse traduire), et autres fashion victims.

SUM 41 s'est écarté du mouvement punk actuel qui ne réserve que trop peu de surprises pour affirmer son propre style, et c'est tant mieux pour nous. En très bons chefs cuistos, ils nous ont mijotés un fricassé d'Iron Maiden aux légumes, avec son couli d'Anthrax, revenu et fricassé façon Green Day. Bref tout ceci est très bon quand on y rajoute les rythmes saccadés du batteur et les riffs destructeurs du gratteu qui balance à un moment quelque notes de « Today » des Smashing Pumpkins, que je suis le seul à reconnaître apparemment.

22h00: C'est la folie dans la fosse, la jeunesse a l'impression de trouver une identité de substitution pour une soirée, on se retrouve avec des gens qui ont les mêmes craintes, les mêmes attentes que soi (So am I, Still waiting, For this world to stop hating, Can't find a good reason, Can't find hope to believe in; "Still Waiting"). La fin du concert approche: apothéose de riffs en tiers, chants en canon, le peuple gronde, se débat, et par ce rituel violent tente de faire échapper toute cette pression inconnue que renferme l'adolescence. Certains ne résistent pas à la rué, on laisse les blessés à terre, on explore au plus profond ses propres cordes vocales en les poussant à l'extrême, on affirme son territoire, on se bat pour la survie et pour la reconnaissance de ces rois intouchables qui animent de leurs haine et leur chants la foule des mortels. Le silence s'abat d'un coup, puis le chaos, puis renaissant de ses cendres, le phœnix s'élance pour un dernier envol: le groupe est revenu pour un encore. Il surprend, se métamorphose sous nos yeux ébahis, le maître du rythme vient au chant, et celui du chant se place derrière l'instrument redoutable, métissage de cercles tri-dimensionnés et d'ovnis stagnants. C'est finit, les milliers de fidèle sont à la merci des 4 mages qui se jouent de manière sadique de cette domination. Ils achèvent la bête réputée si féroce d'un coup sourd derrière la nuque. Dans un dernier souffle de vie elle exprime sa gratitude à celui qui a abrégé ses souffrances, ne serait-ce que pour le temps d'un concert.

La soirée est finie, chacun rentre chez soi, on enlève les derniers lambeaux de peau qui restent attachés, seuls témoins de cette vie éphémère qui n’aura durée qu’une nuit. On retrouve sa peau de tout les jours, du quotidien, celle qui nous ronge.
Finalement ce soir-là, j'étais peut-être bien aux abattoirs...

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